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Cultiver la Toile
Focus : La culture algérienne en ligne
Publié dans El Watan le 21 - 11 - 2015

Le mois dernier, un état des lieux de l'information culturelle, organisé par le ministère de la Culture, se clôturait sur le constat d'une importante défaillance des médias traditionnels sur ce point.
Selon les intervenants, un manque existe bel et bien en matière de presse spécialisée, de critique, de découverte de nouveaux talents, de reportages ou même d'information autour de la chose culturelle. Et si la réponse à ce déficit se trouvait sur internet ? L'affirmer serait sans doute verser dans un cyber optimisme béat et injustifié.
Toujours est-il que le Web est certainement une partie de la solution. Les statistiques démontrent que les Algériens consultent de plus en plus les médias en passant par la Toile. Même les journaux traditionnels sont pour beaucoup plus lus sur le Web que dans leur version papier. Internet comme médium ou comme source d'information est donc partie intégrante du nouveau paysage médiatique.
Avec un usage d'internet relativement démocratisé depuis l'arrivée de la 3G (28% du taux de pénétration en 2014), la tendance ne pourra que se confirmer à l'avenir. Côté culture, l'offre n'est certes pas pléthorique, loin s'en faut, mais des expériences intéressantes font leur chemin. Se lancer dans l'aventure de l'information en ligne est autrement plus simple que de créer un journal ou un magazine, avec les frais et les démarches administratives que cela suppose.
Cela demande toutefois des compétences et une approche de l'information qui diffèrent quelque peu du journalisme connu. Nous avons interrogé quelques acteurs de la Toile culturelle algérienne qui exposent leur retour d'expérience et proposent leur vision sur la question. Les premiers sites culturels restant en activité avec un taux de fréquentation appréciable sont les agendas culturels tels que Kherdja, Vinyculture ou Sortiraalger. Trouver des idées de sortie ou le programme des événements culturels de la semaine en quelques clics est un service fort utile qui a manifestement trouvé son public.
Contrairement à la presse papier où l'espace est limité, ces sites peuvent se permettre de mettre en ligne toutes les informations disponibles ; les outils de recherche facilitant la navigation entre ces nombreuses données qui seraient indigestes alignées sur une page de journal. Rassembler et classer les informations n'est pas une moindre tâche. Que fait Google, le géant du Web, sinon référencer des données ? Là encore, il faut raison garder…
Dans une époque où bien des institutions culturelles fonctionnent à l'ère du fax et où les festivals communiquent dans l'urgence, un agenda culturel peut difficilement prétendre à l'exhaustivité. Malgré ces difficultés et bien d'autres, ces agendas restent actifs et répondent à un vrai besoin. «On touche à plusieurs plateformes (visuels, vidéos...), on a lancé un spot hebdomadaire en partenariat avec l'Etusa et l'application mobile devrait être prête pour le début de l'année prochaine», énumère fièrement Yasmine Bouchène, fondatrice de Vinyculture. L'arrivée de la 3G offre de nouvelles possibilités, comme celle de personnaliser le contenu selon les intérêts de l'utilisateur ou encore la géolocalisation qui permet de classer les événements selon leur proximité avec l'internaute.
L'agenda culturel est certes un service appréciable, mais il n'épuise pas toutes les possibilités qu'offrent les outils des nouvelles technologies en matière d'information culturelle. Tous les genres journalistiques peuvent potentiellement trouver leur place sur la Toile avec, bien sûr, une écriture adaptée aux usages du Net. «La mission est doublement difficile, constate Naim Khelifi, fondateur de Rahba.info, le lecteur-internaute est exposé à une avalanche d'articles, de médias, de postes, d'images..., alors pour attirer son attention et le fidéliser, c'est vraiment difficile. En moyenne, la durée de vie d'une page internet est de huit à dix secondes. Si le visiteur ne trouve pas ce qu'il veut, il ferme et part !» Le spectre du «taux de rebond» (internautes qui quittent le site après avoir visité une seule page) plane lugubrement sur les statistiques de fréquentation des sites.
Pour capter le lecteur, chacun y va de sa recette. Il faut certes des articles plus courts (même si cela n'est pas une règle immuable), mais aussi et surtout du contenu à même d'intéresser le lecteur d'une manière ou d'une autre. «Du contenu dans lequel on peut se reconnaître et qui nous parle, explique Yasmine Bouchène. On peut aller sur des dossiers plus ou moins longs qui intéressent et font que les gens interagissent avec le contenu en question». L'interaction via les commentaires ainsi que les réseaux sociaux multiplient en effet l'intérêt du lecteur-producteur qu'est potentiellement tout internaute. Par ailleurs, la rédaction web, comme la rédaction en général, est une question de ton.
Un ton dans lequel se retrouve une cible donnée. Après plusieurs tentatives de webzines (magazines en ligne) généralistes, on voit apparaître des sites et blogs culturels à la cible plus pointue. C'est le cas par exemple de Rahba.info. Ce tout jeune site, en ligne depuis septembre 2015, s'intéresse précisément à la culture «pop» et «underground», selon les mots de ses animateurs. On y trouve des jeunes, ou moins jeunes, talents peu médiatisés par ailleurs. L'art urbain et le graphisme ont ici toute leur place. En somme, les animateurs de Rahba.info, qui se présentent comme «un groupe de jeunes amateurs d'art et de culture issus d'une génération qui ne manque pas d'inspiration», parlent de ce qu'ils aiment et le partagent.
Plutôt que de suivre l'actualité des événements culturels «institutionnels», les rédacteurs proposent de découvrir de nouveaux talents avec des interviews, des reportages et des réflexions non seulement sur l'art et la culture, mais aussi sur des sujets de société… «La culture ce n'est pas seulement de l'événementiel, sinon c'est du divertissement», tranche Naïm Khelifi. Si Rahba.info porte encore les défauts de sa jeunesse avec une rédaction parfois approximative, il montre aussi un enthousiasme rafraîchissant et une certaine compréhension des rouages de la rédaction web.
Le site fait par ailleurs un effort notable sur l'aspect esthétique avec de grandes photos et une mise en page aérée. L'image, le son et la vidéo sont bien présents et c'est là aussi un avantage de la rédaction web pour peu qu'on sache trouver le bon dosage entre le texte et le multimédia. Si le Web permet de découvrir les jeunes talents et expressions artistiques de demain, il peut aussi vous emmener dans un voyage vers le passé. C'est le créneau choisi par Babzman.com (littéralement : porte du passé), un site clairement porté sur le patrimoine.
Du haïk à l'art culinaire algérien en passant par la musique chaâbie ou le diwan, les joyaux du patrimoine sont ici évoqués et décortiqués par des rédacteurs spécialistes ou, du moins, passionnés par ces sujets. On y retrouve l'incontournable Belkacem Babaci qui a été révélé au grand public par ses trépidantes chroniques radiophoniques sur l'histoire algérienne. Outre ses activités associatives et sa production d'écrivain, M. Babaci collabore activement à la vie de Babzman, mission qu'il présente en ces termes : «Nous n'avons pas le droit d'assister passifs à la disparition graduelle de ceux qui ont des choses à révéler à notre peuple et surtout à nos enfants !
Lesquels doivent réagir face à l'oubli progressif des pages importantes de notre histoire, de notre civilisation et de notre culture». S'il touche principalement une cible jeune, le contenu web n'est donc pas condamné à verser dans le «jeunisme». Un des deniers-nés de la Toile culturelle algérienne et un des sites les plus prometteurs est sans doute Nafha (nafhamag.com). Lancé par le journaliste et écrivain Saïd Khatibi, ce webzine en langue arabe affirme une identité forte et une liberté de ton certaine dans le traitement des sujets culturels et socioculturels.
Les rédacteurs de Nafha s'intéressent en grande partie aux expressions de la culture urbaine, mais aussi à ce qui est communément considéré comme «sous-culture» indigne de figurer dans les rubriques culturelles des médias traditionnels. «On veut approcher tous types d'événements, y compris les phénomènes de société, mais d'un point de vue culturel, explique Salah Badis, rédacteur chez Nafha. La culture est partout. Pas seulement dans les salles de spectacles ou les livres. On peut parler de Warda Charlomanti (Ndlr, chanteuse de raï célèbre grâce à ses vidéos postées sur internet) comme phénomène socioculturel !
Et puis au lieu de parler seulement du contenu d'un film, on peut aussi parler de l'ambiance dans la salle, des réactions que l'œuvre suscite dans la société. Avec Nafha, on veut pratiquer un journalisme sans coulisses». Badis évoque le journalisme «Gonzo», comme on peut en trouver dans la presse américaine ou dans le magazine canadien Vice dont la version webzine connaît un grand succès retentissant.
La particularité de Nafha est aussi de proposer des analyses originales et des points de vue qui ne craignent ni de faire trop long ni de bousculer les idées reçues. «Internet ce n'est pas seulement une vidéo avec trois phrases de description, tranche Salah Badis. On peut aller sur de vrais articles de fond. Et peu importe la longueur.
Dire que l'internaute est pressé et veut lire rapidement n'est pas tout à fait vrai. Regardez les sites payants dans le monde. Il s'agit bel et bien de journalisme, avec une valeur ajoutée… Par ailleurs, la plupart de nos lecteurs sont jeunes et ne veulent pas s'embarrasser d'informations institutionnelles ou d'articles bourrés de chiffres. Si on peut attirer le lecteur, il lira même de longs articles. Il nous appartient de changer les habitudes».
Et pour attirer le lecteur, Nafha joue sur la liberté de ton avec des sujets qui font débat et une langue qui pétille. «La langue arabe ne se résume pas au journal de 20h et au prêche du vendredi», résume Salah Badis. Pour preuve, on trouve sur Nafha des articles écrits dans un arabe moderne et, par moments, proche de l'oral. Les rédacteurs empruntent ainsi les codes du bloging, ces pages personnelles sous forme de chronique. Bref, Nafha se positionne comme un média alternatif avec de sérieuses ambitions en dépit des difficultés rencontrées depuis son ouverture récente en janvier 2015.
On annonce par ailleurs la naissance, il y a une semaine, d'un nouveau site, «Boulevard des Arts», entièrement dédié aux arts plastiques en Algérie avec une version en arabe en préparation et qui va peut-être faire bouger son prédécesseur «Founoun», en perte d'enthousiasme.
Malgré leurs initiatives réjouissantes, nos hirondelles du Web sont loin de faire le printemps médiatique. Force est de constater que l'Algérie, comparée aux pays du Maghreb et du monde arabe, accuse un retard important en matière d'utilisation d'internet et de production de contenu en ligne. A cela s'ajoutent les difficultés administratives. «Il y a un vide juridique concernant les médias en ligne, déplore Badis. Automatiquement, on ne peut pas se projeter dans l'avenir.
De plus, le marché de la publicité sur internet n'est pas encore tout à fait transparent». Enfin, nos interlocuteurs ont pointé du doigt la difficulté de faire travailler ensemble des informaticiens et des journalistes, deux acteurs principaux de la presse en ligne sans la collaboration desquels rien n'est possible. Pour mettre la culture en Web, c'est donc toute une culture du Web qui reste à acquérir pour passer à une étape supérieure.


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