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Au fond du dedans
Essai. «Algérie enfermement» de Denise Brahimi
Publié dans El Watan le 13 - 02 - 2016

Ce livre, paru fin 2015 aux éditions El Kalima, fait suite à Des refuges et des pièges, grottes symboliques dans l'Algérie coloniale (Ed. Casbah, 2014).
La question qui se pose à chaque fois est multiple et il n'y a certainement pas de réponse unique à proposer. Le projet est plutôt d'explorer une ambiguïté et d'aborder par là la psychologie collective des Algériens à partir d'œuvres littéraires ou artistiques susceptibles de l'éclairer.
Dans Algérie enfermement, la recherche menée par l'auteure a été élargie à plusieurs domaines de la création artistique (littérature, cinéma, peinture), qui permet de constater et de comprendre cet enfermement. L'idée de départ ne peut être formulée sans un certain humour, rarement absent lorsqu'il s'agit d'évaluer des traits qu'on peut juger proprement algériens. Celui qui est rappelé ici est un sentiment paradoxal et un peu mystérieux bien qu'on puisse le constater fréquemment.
«En Algérie, tout le monde se plaint d'étouffer et dit son désir d'aller voir ce qui se passe ailleurs, quoi qu'il en soit. Mais, en même temps, dès qu'ils sont loin de chez eux, ces mêmes Algériens ont envie d'y revenir et se sentent orphelins de leur pays», écrit Denise Brahimi dans la présentation de son livre.
Le point de départ de l'essai se trouve dans le récit de Samir Toumi, Alger, le cri, et exprime donc un sentiment contemporain puisque ce livre est de 2013. A partir de là, l'auteure remonte dans le temps selon un parcours à la fois thématique et logique sans tenir forcément compte de la chronologie.
D'ailleurs, il en est ainsi pour la connaissance que les Algériens ont d'eux-mêmes, puisque, par exemple, c'est un livre d'Assia Djebar, L'amour la fantasia (1985), qui incite à remonter jusqu'au début de la période coloniale : un écrivain, peintre et voyageur français, s'est alors montré apte à comprendre par empathie le comportement de beaucoup d'Algériens soumis au choc de la colonisation.
Il s'agit de Fromentin, auteur d'Une année dans le Sahel. Il évoque le repli sur soi que ceux-ci ont alors observé comme une sorte de défense passive, à un moment où ils n'en avaient aucune autre à leur disposition.
En matière de cinéma, il n'est pas difficile de voir comment La Citadelle, de Mohamed Chouikh ou Omar Gatlato, de Merzak Allouache parlent d'enfermement, volontaire ou non, que ce soit pour en rire ou pour s'en indigner. Le personnage d'Omar est particulièrement éclairant sur l'ambiguïté qui fait le sujet de ce film, car il est à la fois intimement et profondément désireux de sortir de son isolement routinier, et incapable de faire le moindre pas dans cette direction quand l'occasion lui en est donnée grâce à une charmante jeune fille bien moins névrosée que lui !
Ainsi se succède une série de chapitres où l'on voit que des circonstances apparemment opposées aboutissent à ce même résultat, l'enfermement, dont les circonstances sont souvent tragiques. L'écrivain Mouloud Mammeri montre dans La Colline oubliée ce qu'est l'enfermement dans un village kabyle traditionnel.
Mais lorsque ces vieilles structures éclatent, provoquant par exemple une douloureuse émigration, ce n'est pas pour autant que l'enfermement ne va pas se reproduire ailleurs, en France par exemple, et l'on peut voir dans un film de Yamina Benguigui, Inch'Allah dimanche, comment une jeune femme kabyle venue rejoindre son mari se trouve plus enfermée dans un pavillon de banlieue française qu'elle ne l'aurait été dans son village.
Le chapitre du livre intitulé
Figures cernées, paysages cloisonnés porte sur la peinture, principalement celle de deux peintres qui se succèdent autour de l'indépendance : Sauveur Galliero et Mohammed Khadda.
Grands peintres l'un et l'autre et complètement obsédés par la volonté d'exprimer ce qu'ils ressentent comme essentiel dans leur pays, ils prennent appui sur des structures formelles qui constituent une clôture ; limitation volontaire dans le cas du premier, parce qu'il aime les limites du monde qui est le sien, clôture nécessaire pour le second qui en tire toute sa force et son intensité, comparables à celles qui se dégagent de l'image d'un poing fermé.
Cependant, l'auteure ne se contente pas de constater les faits, mais cherche aussi sinon à les expliquer elle-même, du moins à voir comment d'autres ont tenté de les expliquer.
C'est dans cette perspective qu'elle réexamine le livre de Germaine Tillion, Le Harem et les cousins (1966). La célèbre anthropologue spécialiste de l'Algérie remonte jusqu'à la préhistoire et au grand tournant du néolithique pour comprendre ce qui a poussé certains riverains de la Méditerranée à choisir le vivre-entre-soi, par souci d'éviter la dispersion et l'éclatement que n'aurait pas manqué de provoquer le mariage avec des étrangers.
C'est ainsi que la géographie, l'histoire et l'ethnographie se trouvent convoquées pour des explications culturelles à la rescousse des œuvres analysées. Car tout a un sens, y compris les comportements les plus singuliers qui, parfois, indignent (lorsqu'il s'agit du statut traditionnel des femmes) ou parfois font rire (et c'est le rôle des humoristes, qui ne s'en privent pas).
Malgré tous les savoirs auxquels il fait appel, Algérie enfermement est d'une lecture agréable et facile. Denise Brahimi y continue son exploration passionnée d'une Algérie aux multiples facettes, dont l'art révèle le caractère profond.
Algérie enfermement, de Denise Brahimi. Essai. Ed. Kalimat, Alger, 2015.


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