L'attaque américaine de deux maisons à l'ouest de Sabratha a engendré la mort de 43 terroristes appartenant à Daech. La majorité serait de nationalité tunisienne. Les autorités locales ont demandé l'aide de l'ONU pour des tests ADN, afin d'identifier les morts. Le doute reste entier concernant les identités de la majorité des 43 terroristes, tués lors de l'attaque américaine de deux maisons, situées à l'ouest de Sabratha, dans une région répondant au nom de Ksar Alalga, à mi-chemin sur les 180 kilomètres séparant Tripoli de la frontière tunisienne. Les Américains parlent au conditionnel sur le sort du terroriste tunisien, Noureddine Chouchane, cible de l'attaque américaine. Le président du conseil municipal de Sabratha, Houcine Daoudi, évoque une majorité de Tunisiens. Il y aurait, également, deux Serbes parmi les personnes décédées. Ces derniers ont été enlevés dans la région en novembre dernier, selon le ministre serbe des Affaires étrangères. Il s'agit de la chargée de communication de l'ambassade serbe à Tripoli, Sladjana Stankovic, et de son chauffeur, Jovica Stepic, précise le ministre serbe dans une déclaration aux médias. Indices Le maire de Sabratha, Houcine Daoudi, connu pour être proche du Majliss choura al moujahidine, une variante terroriste alignée sur Al Qaîda, essaie d'éloigner les suspicions de sa ville en assurant que «les survivants ont dit qu'ils viennent de s'installer à Sabratha». Toutefois, la présence des Serbes avec ce groupe fait planer des doutes sur la déclaration du maire. «Les Serbes ont été enlevés dans la région il y a trois mois. Donc, ces terroristes sont là depuis belle lurette», lui répond le politologue libyen Ezzeddine Aguil. Par ailleurs, d'autres sources de la région assurent que «la présence des forces de Daech se limite à ce camp de Ksar Alalga et un autre petit camp. La région de Sabratha est plutôt sous le contrôle du Majliss choura al moujahdine, comme le maire. Et ce n'est pas un hasard si la frappe aérienne n'a pas touché le camp de Ghabet Tlil, au sud de la ville». Les mêmes sources ajoutent que l'approche américaine est similaire à celle de Syrie. «Al Qaîda est modérée par rapport à Daech, selon les Américains. Ils attaquent Daech à Ksar Alalga, pas El Qaîda au camp de Tlil», concluent-elles. Daech ou Al Qaîda, les cibles visées abritent donc un camp d'entrainement de terroristes en Libye, comme le montrent clairement les armes retirées des décombres. Les deux maisons ont été rasées lors de la frappe américaine, d'une extrême précision, comme l'assurent les riverains. Les corps des victimes ont été transférés à Tripoli après un court passage dans l'hôpital de Sabratha. Le procureur général Seddik Sour a ordonné l'autopsie et la recherche d'ADN des morts pour les identifier. Une telle procédure risque de prendre des semaines. Attaques ciblées Pour justifier ces frappes aériennes, avant-hier en Libye, le porte-parole du Pentagone, Peter Cook, a précisé dans un point de presse, quelques heures après cette action, que «les terroristes, actifs dans ce pays d'Afrique, représentaient une menace sérieuse pour les intérêts des Etats-Unis et de l'Occident». Pour lui, «ces terroristes représentaient une menace sérieuse pour les intérêts des Etats-Unis et d'autres pays occidentaux». Autre précision importante de Cook : «Nous allons assister à ces bombardements aériens, de temps en temps, quand les occasions se présenteront, mais je ne pense pas que cela présage un quelconque engagement à longs terme en Libye à l'avenir.» «De tels propos veulent dire que les Etats-Unis sont plutôt favorables à des missions pointées, comme ce fut le cas lors de l'élimination de l'Irakien, Abou Nabil, en novembre dernier à Derna, ou cette récente attaque à Sabratha», explique le politologue, ex-membre du Conseil national de transition, Mohamed Younes. Les informations en provenance de la Maison-Blanche privilégient cette thèse. Le président Obama aurait signifié une fin de non-recevoir à une proposition d'envahissement de la Libye, même après l'installation d'un gouvernement de coalition. Une source autorisée a déclaré au New York Times qu'Obama est favorable à des attaques ciblées pour soutenir le gouvernement légal dans sa lutte contre Daech.