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Au fil des films
Cannes . Le journal du festival de Azzedine Mabrouki
Publié dans El Watan le 21 - 05 - 2016

JEUDI 12 MAI. Dans Fais de beaux rêves, de Marco Bellocchio, un enfant, Massimo, 9 ans, perd sa mère, ce qui interrompt brutalement sa relation passionnée, exclusive sinon absolue avec elle. C'est une chose incompréhensible pour lui. Souffrante, elle s'est jetée du cinquième étage de leur appartement à Turin.
Mais cela, il ne l'apprendra que beaucoup plus tard. Marco Bellocchio revient ici à ses thèmes favoris : la grande place de la mère dans la vie, la Mama, personnage essentiel en Italie. Le drame de Massimo c'est aussi le mensonge de la famille qui lui cache la vérité. La sobre mise en scène, la douceur des voix et de la musique ont conquis la salle où ce film qui ouvrait la Quinzaine des Réalisateurs a été bien applaudi.
Clash (Echtibak), de Mohamed Diab met face-à-face les révolutionnaires, les Frères musulmans, l'armée, la police dans un flot d'images de répression, d'harangues des foules, de désir effréné des Egyptiens de clamer leur liberté. Cela se passe au moment où le maréchal El Sissi met en prison Morsi et bannit le parti des Frères musulmans.
VENDREDI 13 MAI. Pablo Neruda, gloire littéraire en Amérique latine, prix Nobel de littérature, était un homme complexe.
Il écumait les maisons closes, était un incorrigible égoïste.
Sous la dictature Videla, dans les années 1940, Neruda se cachait. La police était à ses trousses. C'est dans sa vie clandestine qu'il a écrit El Canto General, son plus célèbre recueil de poèmes, œuvre frénétique, vision de l'Amérique latine en crise, désespérée. Le film de Pablo Larrain, Neruda, évoque aussi Delia Del carril, l'épouse du grand poète issue de la noblesse argentine, amie de Picasso et Garcia Lorca. Délia a consacré sa fortune à aider Neruda à publier ses livres. Mais le poète l'a quittée et cette trahison était dure à avaler.
SAMEDI 14 MAI. Sur la Croisette, au Village International du Festival de Cannes, le pavillon Algérie tenu par l'AARC est revenu pour tenter d'informer les participants peu au fait des affaires du cinéma algérien. Inutile d'agiter le spectre de la crise actuelle et de rappeler sans cesse qu'au Festival de Cannes, l'Algérie a connu ses heures de gloire avec Chronique des années de braise, La Citadelle, Omar Gatlato, etc.
De jeunes talents vont remettre le cinéma national dans le coup.
Deux superbes actrices sud-coréennes, Kim Min-Hee et Kim Tae-Ri, sont réciproquement consumées de passion dans Mademoiselle, long métrage en compétition de Park Chan-Wook. La Corée était une colonie japonaise. Un grand mystère enveloppe ce récit à rebondissements et le travail de mise en scène ne manque pas de souffle.
DIMANCHE 15 MAI. Le nouveau cinéma allemand arrive au Festival de Cannes avec Toni Erdmann, titre du film de Maren Ade, très applaudi, plein d'humour, filmé en Roumanie. Une jeune Allemande mène une vie tranquille soudain gâchée par l'arrivée de son père, facétieux et encombrant.
Temps très méditerranéen à Cannes, un orage peut éclater en plein soleil. Sidéré et trempé, je cours vers la Quinzaine pour le film de Rachid Djaïdani, Tour de France. Un peintre du dimanche (Depardieu) entame un voyage à travers cinq ports sur les traces de Joseph Vernet qui, au XVIIIe siècle, a été envoyé par Louis XV sur les mêmes lieux. Un rappeur (Far-Hook) suit le peintre et, au fil des jours, une amitié naît entre deux types totalement dissemblables. Djaïdani dit des choses sur la politique du pouvoir actuel en France, sur les préjugés et l'attitude des médias. 
LUNDI 16 MAI. Sous Hissen Habré, le Tchad a perdu sa dignité, son honneur, sa liberté et des milliers de vies.
Sur cette tragédie, le film de Mahamet-Saleh Haroun interroge les survivants dont le long combat a abouti à l'arrestation de Habré à Dakar et à son procès pour crime contre l'humanité. Le verdict est attendu pour la fin de ce mois de mai.
Moyennement accueilli, Mal de pierres, de Nicole Garcia, n'a pourtant pas démérité. Le film parle de rêve, de passion, de liberté quand une jeune fille, mariée de force, cherche à fuir son milieu de la bourgeoisie agricole très traditionnelle et fermée.
MARDI 17 MAI. De bon matin, Julieta, de Pédro Almodovar. Le récit ne se perd pas dans des méandres inutiles. Cette œuvre montre essentiellement les relations difficiles entre mère et fille qui vont jusqu'à la rupture parfois. Mais Almodovar ne prétend pas que les familles en Espagne ont en l'exclusivité.
Brillantissime documentaire sur l'histoire du cinéma français de Bertrand Tavernier, un ami de la Cinémathèque algérienne. Il montre des image d'octobre 1961 à Paris et revient sur le très beau cinéma d'avant-guerre en France. Sur Renoir qui a réalisé Le Bled à la gloire de la colonisation de l'Algérie, à l'occasion du Centenaire. Tavernier rappelle cependant le talent énorme du cinéaste, fils du grand peintre d'un tel personnage, mais ajoute : quand on est le fils d'Auguste Renoir, on ne prend pas la nationalité américaine…
MERCREDI 18 MAI. A la conférence de presse, voici les deux superbes actrices espagnoles de Julieta, Emma Suarez et Adriana Ugarte, toutes deux admirables dans le mélodrame et sérieuses prétendantes au prix d'interprétation. Dans Julieta, elles évoluent dans une splendide palette de couleurs rouge et bleue, les couleurs de la Movida. Elle jouent le même personnage à des âges différents sur le thème du hasard qui fait et défait la vie et qui introduit le doute : la vie vaut-elle la peine d'être vécue ? Julieta rencontre par hasard dans le train l'homme qui sera le père de sa fille, Antia, disparue sans crier gare. Le hasard aussi fait que Julieta voyage dans le même compartiment qu'un mystérieux voyageur qui se jette ensuite sous le train par une nuit froide, recouverte de neige. Un autre jour à Madrid, Julieta tombe par hasard sur Béa la meilleure amie d'Antia qui lui dit l'avoir rencontrée. Commence alors la recherche éperdue. Pedro Almodovar est un grand cinéaste. On le sait déjà. Mais ça va mieux en le disant encore.
JEUDI 19 MAI. Séance de presse comble ce matin pour La Fille Inconnue des réalisateurs belges, les frères Dardenne. Un suspense à couper le souffle parcourt le récit sans faiblesse (mise en scène et brillante jeune actrice Adèle Haenel). Tension et émotion durant près de deux heures de projection. Jenny Davin est médecin généraliste.
Elle est obsédée à en perdre le sommeil et le goût des choses par l'idée qu'elle aurait pu sauver la vie d'une femme africaine qui a sonné un soir en vain à sa porte. Faute de soins, la femme est morte. Jenny regrette amèrement sa lâcheté. L'histoire se passe à Seraing dans la province de Liège, modeste environnement où coule la Meuse. Jenny entreprend une recherche obsessionnelle pour savoir ce qui est arrivé, découvrir le nom de la femme et les causes de son décès, meurtre ou accident. L'accueil sympathique de cette œuvre à Cannes prouve encore une fois que les deux Dardenne sont toujours bons à faire du bon cinéma.
VENDREDI 20 MAI. Après La Tempête, de Kore-Eda Hirokazu (Japon), section Un Certain regard, on était bien inspiré de ne pas rater ce beau film projeté encore aujourd'hui. Une œuvre totalement maîtrisée avec d'excellents acteurs, Abe Hiroshi, Maki Yoko et Kiri Kirin. Un écrivain accumule les désillusions. Ses romans ne se vendent pas bien. Il va se lancer dans les Mangas qui rapportent beaucoup plus que la littérature classique ou la poésie. Il souhaite gagner mieux sa vie, quitter peut-être le modeste HLM de Tokyo où il vit et payer la pension de son fils Shingo, 11 ans, car il est séparé de sa femme. Bref, tout va de travers.
A cela s'ajoute le fait qu'il aime le jeu et consacre tout ce qu'il possède à tenter de gagner aux courses et acheter des billets de loterie sans remporter le gros lot dont il rêve la nuit. Tout paraît mal parti jusqu'au jour où un très puissant typhon balaye le Japon et contraint la famille, son ex-femme, son fils, sa mère et lui-même à passer la nuit sous le même toit. Belle et finalement drôle d'histoire. On aurait quelques complaisances à rire des déboires de Ryota, le romancier. Sa souffrance va prendre fin grâce aux Mangas. La pension de son fils sera payée. La nuit du typhon l'a presque réconcilié avec sa femme. Tous les espoirs sont permis. Kore-Eda Hirokazu a beaucoup de talent. Son film est passionnant.
Il y a eu quelques remous, des protestations dans la séance de presse, des fauteuils qui claquent : Personal Shopper, d'Olivier Assayas (France), n'a convaincu que peu de monde. C'est une histoire de fantôme et de morts-vivants. Un frère mort et bien enterré envoie des textos à sa sœur qui commence à croire qu'il est revenu de l'autre monde. Une histoire à dormir debout. Les morts ne communiquent pas, sauf dans les thrillers fantastiques !
Et ce qu'il y a de vraiment fantastique, c'est la fascination toujours renouvelée du 7e art qui a trouvé à Cannes un temple planétaire pour le célébrer chaque année. Dimanche, le palmarès tombera. Mais est-ce bien le plus important ?


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