Il est l'un des «Houari» des plus célèbres d'Oran. Il s'appelle Houari Benchenet. Tout comme Blaoui El Houari. Il a de qui tenir. Il est le Monsieur propre du wahrani et du raï. Il était en concert vendredi à Alger. Le célèbre chanteur de wahrani, le fils spirituel de Blaoui El Houari, Houari Benchenet, a donné un concert vendredi soir à la salle Ibn Zeydoun, à Alger, et ce, au grand bonheur des amateurs de la bonne musique. Et spécialement, ceux du style oranais, le wahrani. Certes, il n'y avait pas la foule des grands jours. Mais c'était une forme de concert «privé». Un pur bonheur pour les «happy few», qui se sont délectés avec les titres phares de sa discographie ayant écrit l'histoire du raï en lettres d'or avec les chebs de sa génération. Les chebs Khaled, Sahraoui, El Hindi ou encore Hamid. Backstage, avant le concert, Houari Benchenet, reçoit la visite de son ami et «collègue», le chanteur de charme Abderrahmane Djalti. Une visite de courtoisie l'encourageant. Et une occasion pour un flash-back, les souvenirs, les anecdotes…Après, il se concertera avec le grand compositeur, arrangeur et producteur, Amine Dehane et les musiciens à propos de la play list. Il a une heure et demie de show. Donc, il faut que les titres s'enchaînent avec fluidité. Dans un souci, d'arbitrage et autre de choix de chansons, il décidera d'en «biffer» une. Il voudrait être synchrone et ne pas déborder. Et il réussira à respecter le timing qui lui était imparti. «Téléphone», le public à l'écoute Et ce fut un concert élégant et agréable. Tout comme le complet bleu qu'il arborait pour la circonstance. Accompagné par une formation de neuf éléments. Un harpiste talentueux, Belkacem, un violoniste, l'artiste d'Oran, Bey Bekkaï, un flûtiste, un guitariste, un bassiste, un batteur, le frère d'Amin Dehane, Mouaâtassem et un percussionniste (derbouka). Sous la direction orchestrale, magistralement conduite, par le maestro, Amin Dehane, au clavier. Le groupe joue du wahrani solfié, partition en main. Le titre ouvrant le récital fut Arssam Wahran. Une chanson, un hymne, une ode à la ville d'Oran, dont les paroles sont de Mekki Nouna. Ce menestrel du ch'ir el melhoun, ce «loup blanc» d'Oran, une encyclopédie vivante, célèbre parolier ayant écrit une centaine de chansons, notamment pour Sabah Saghira, cheikh Benfissa, cheikh Fethi, cheikh Miliani, Mazouzi. Mekki Nouna était le «berrah» (l'animateur) de Abdelkader Khaldi (Bakhta), cheikh Hamada, Mohamed Ghilizani, cheikha Rimitti, Bekhedda El Amri, cheikha El Ouachma ou encore cheikha Bakhta. Le crooner Houari Benchenet emmènera son auditoire à travers une visite guidée d'Oran d'antan. Dans les quartiers d'Eckmuhl, Gambetta, Choupot, Boulanger, Petit Lac, Maraval, Sidi Hasni, à bord du nostalgique calèche. «C'est cela Wahran, des chioukhs et des poètes qui l'ont célébré…» disent les paroles. La voix intacte et résonnante, Houari Benchenet, égal à lui-même, arrimera et rimera avec des succès tels que Rani M'damer, Kbira Almia je m'en fous, Loukan Nabki dont les paroles ne sont autres que celles de Mekki Nouna, Li bini w binek mat, Andi problème, N'tiya omri ya l'Algérie ou encore un hommage au prince des poètes, Abdelkader El Khaldi, de par un des textes dédiés à Bakhta originaire de Tiaret. Il clôturera avec Téléphone. Un hit revisité admirablement par Amine Dehane à travers un habillage dance electronica. C'est sûr, Houari Benchenet, est un «poetic lover». Et les absents ont toujours tort.