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Génération manga
Phénomène de mode ou genre à part ?
Publié dans El Watan le 12 - 01 - 2017

Le manga a fait son entrée au Musée d'art contemporain d'Alger (MaMa) pour une exposition qui s'étalera jusqu'au 30 mars 2017 à l'occasion du dixième anniversaire de la maison d'édition dédiée au genre, Z Link. L'occasion pour El Watan Magazine de décrypter cet intrigant phénomène éditorial.
A chaque période son phénomène de mode. A la fin des années 1960, apparaissait un mouvement se réclamant des Beatniks et affichant cheveux longs et pattes d'éléphant en signe de rébellion. Pendant les années 1970, l'ambiance devint plus électrique au rythme des guitares et des batteries. Quelques années plus tard, un rap rageur émerge des cités et des ghettos. A l'ère d'internet et des jeux vidéo, c'est un vent doucereux émanant de l'empire du Soleil levant, qui souffle sur la planète.
La mangaphilie a aussi ses adeptes en Algérie. On les a vus notamment, comme sortis de leur écran pour envahir l'esplanade du monument des Martyrs lors du Fibda pour un concours de Cosplay (Contraction entre les mots costume et play) organisé par l'Onda et Dz-Link. Pas moins de 104 inscrits y ont défilé cette année au milieu d'une foule dense et bigarrée. Il n'y a là pas de revendication ni d'idéologie.
Des aficionados tentent néanmoins d'y donner de l'épaisseur : on parle du droit à la différence, de la créativité, d'anticonformisme. Les visiteurs y voient surtout une manière enfantine de s'amuser. Des dizaines de Naruto, Sailor moon et autres «soubrettes» défilent sous l'œil incrédule et curieux des visiteurs lambda, qui admirent leur excentricité. Les personnages d'inspiration algérienne sont rares. On y trouvera peut-être quelques comiques américains, mais les stars du festival restent indéniablement les personnages nippons.
La touche locale, il faudra la chercher dans les livres mangas algériens, ces bandes dessinées ayant ringardisé Tintin et Titeuf et qui donnent à voir des personnages aux yeux proéminents et au courage exceptionnel. Pas une déferlante, certes, mais une vraie tendance qu'on doit à Salim Brahmi alias Sayan, qui a lancé, il y a dix ans, une maison d'édition dédiée au phénomène.
Le succès est au rendez-vous. Le tirage des bandes dessinées avoisine les 2000 exemplaires. Et le magazine Laabstore, entièrement dédié à la mangaphilie, connaît un franc succès. Mieux encore, de plus en plus de jeunes font le pari d'écrire et d'illustrer eux-mêmes des histoires bien de chez nous. «Le nombre de scripts que nous recevons est en constante augmentation», sourit Sayan.
Bien que les personnages arborent des traits exorbitants et que les albums affichent un découpage propre au genre, les histoires se situent en territoire connu et rompent avec les codes un peu mornes des mangas japonais. «Le manga algérien que nous avons baptisé ''DZ-Manga'' est un style de bande dessinée hybride, qui peut contenir certains codes du manga avec un fond scénaristique 100% algérien.
Certains auteurs repoussent les limites des genres et font une hybridation totale», explique Sayan. Parmi les scénarios publiés, on retrouve ainsi l'histoire de la fille du Dey, qui cherche à empêcher son père d'ouvrir la porte du démon Lézard, un récit douloureux de harraga, ou encore celle de Nahla qui, perdue dans l'immense Sahara, fait la rencontre des populations touareg... Il y en a pour tous les goûts : s'y trouve aussi bien du Shonen (manga pour adolescent) et des Shojo (destiné aux filles) ou parfois des albums bien plus proches de la BD classique et qui restent rangées -à tort ?- dans la catégorie manga. Certes, le niveau des publications est inégal.
Il y a le pire comme le meilleur. Des lecteurs leur reprochent un manque de maturité, voire l'absence d'épaisseur. Mais ce serait sans doute oublier qu'il s'agit là d'un art encore à l'état embryonnaire et que les jeunes mangakas ne disposent d'aucune formation. «De manière générale, les artistes algériens ont du mal à s'imposer sur la scène», souligne Hanane Benmediouni, auteur du Drapeau.
«Alors pour nous mangaka, c'est encore plus dur. Bien sûr qu'on ne peut pas nous comparer aux Japonais qui ont baigné depuis tout petits dans cet univers et qui bénéficient de formations pointues dans ce domaine. C'est leur culture. Nous, nous venons de commencer. Nous travaillons à développer le manga en Algérie. On aimerait bien le voir évoluer et gagner en maturité. Bien sûr, nous connaissons nos lacunes, notamment en matière de scénarios.
J'essaye, pour ma part, de travailler avec d'autres scénaristes pour enrichir mes ouvrages et les adapter à la sauce algérienne. Pour ce qui est des dessins, je m'attelle à mieux les travailler.» Les auteurs sont, d'après Sayan, généralement lettrés, universitaires ou travaillant après avoir terminé leurs études. «La plupart sont des autodidactes passionnés et généralement d'un âge jeune. Les albums existent en arabe classique, en français, en amazigh et en derja. Nous voulions trouver un langage auquel se reconnaîtrait le lecteur algérien», précise Sayan.
Génération Goldorak
L'intérêt pour le manga existe depuis le début des années 1980, du temps où l'ex-Unique diffusait les premiers dessins animés nippons. «L'engouement pour le manga ne date pas d'hier, puisque les Algériens ont découvert ce style de BD à travers les adaptations en dessins animés japonais qui passaient à la Télévision algérienne, à l'époque en arabe. On se rappelle tous de Capitain Madjid, Jongar, Raad, Grendeyzer…», souligne Salim Brahimi. Puis vint une génération biberonnée à Dragon ball Z, par la grâce de la parabole qui s'est installée durablement dans le pays à la fin des années 1980.
Aujourd'hui, le manga entre en coalition avec le jeu vidéo. «J'ai essayé de faire de la BD classique, mais le fait que nous ayons grandi avec le manga japonais, tout comme ceux qui nous ont précédés, qui ont grandi avec Tintin et les autres héros de la BD franco-belge. C'est sans doute cela qui nous a influencés et la raison pour laquelle on trouve cet univers graphique plus attrayant», nous dit Natsu, auteur de manga. A l'ère des écrans et des smartphones, l'attrait pour les personnages des jeux électroniques paraît évident. «J'aime beaucoup les traits mangas, cela me fascine, car les émotions en sont décuplées.
On rit aux larmes, comme on pleure à s'en déformer le visage. Cela on le voit aussi dans les comiques américains, mais cela est plus accentué dans le manga. Les dessins traduisent ce qui se passe dans la tête», explique Hanane Benmediouni. L'engouement est tel que les plus traditionalistes regrettent le fait que le manga ait pris le dessus lors de la manifestation annuelle dédiée à la bande dessinée.
Certains s'offusquent que le Musée d'art contemporain ait permis une exposition de manga dans ses murs. Se détournerait-on de la BD classique ? «Non, dit Sayan, puisque plusieurs personnes lisent de tout, l'essentiel est que la BD, le manga ou le comique soient de bonne qualité. Même s'il est indéniable que le manga marche plus que les autres formats chez les jeunes…»
Hanane est bien plus nuancée, estimant qu'il y a une crise de lecture chez les jeunes. «Si le manga marche mieux que la BD traditionnelle, c'est peut-être parce que c'est moins cher et que nos albums sont plus abordables», soupire-t-elle. Le manga serait-il plus qu'un phénomène de mode ? «Ce n'est pas un phénomène passager et on tient à le faire autant qu'on peut. Peut-être que tout le monde ne va pas continuer, mais je pense qu'il y en a qui ne vont pas lâcher l'affaire», explique Natsu, médecin ayant arrêté d'exercer, pour se consacrer entièrement à sa passion.


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