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Tierno et l'Algérie
La chronique africaine de Benaouda Lebdaï
Publié dans El Watan le 21 - 01 - 2017

L'Algérie et l'Afrique sub-saharienne sont chères au cœur du romancier guinéen Tierno Monenembo.
Il a fait ses études en Algérie et y est revenu en 2007, invité au colloque sur les littératures africaines à l'université de Tamanrasset, coorganisé par les professeurs Afifa Brerhi, Amina Bekkat et moi-même.
Comme il nous l'avait confié, Tierno Monenembo était heureux d'être en terre algérienne, tout en baignant dans les littératures africaines. Aussi, nous ne sommes pas étonnés que le lieu de son dernier roman soit l'Algérie et son titre, Bled, ne souffre d'aucune ambiguïté à ce sujet.
L'histoire est paradoxalement simple et complexe à la fois, dans le sens où le personnage principal, Zoubida, a une vie à la fois tragique et héroïque, vu son expérience de femme algérienne de l'intérieur du pays qu'elle traverse avec intensité. Sa fuite et ses rencontres la marquent vu la complexité sociologique, politique et historique du pays. Tierno Monenembo situe son roman dans les années 1980, soit une vingtaine d'années après l'indépendance acquise après plus de sept années d'une guerre sans merci que l'héroïne a vécue enfant. Zoubida est née avec «un stigmate au front, un stigmate en forme d'étoile».
L'auteur crée son personnage en écho à celui de Nedjma, de Kateb Yacine. La référence intertextuelle est implicite par le tatouage de l'étoile sur le visage, une continuité marquée, d'autant plus qu'un des personnages d'un village voisin de Aïn Guesma demande à celui qui recherche la fugueuse si elle est Nedjma ou Zoubida. Par son vécu, Zoubida endosse la métaphore de l'Algérie post-indépendante, une suite à la Nedjma du temps colonial.
Tierno Monenembo se place ainsi en droite ligne dans l'histoire littéraire algérienne qu'il s'approprie en perpétuant la symbolique de Nedjma. D'ailleurs, l'écrivain cite Kateb Yacine en exergue au début du roman avec un extrait de Nedjma : «Des hommes dont le sang déborde et menace de nous emporter dans leur existence révolue, ainsi que des esquifs désemparés, tout juste capables de flotter sur les lieux de la noyade, sans pouvoir couler avec leurs occupants : ce sont des âmes d'ancêtres qui nous occupent, substituant leur drame éternisé à notre juvénile attente.» Ainsi, le roman Nedjma est mis en abyme dans le roman Bled et c'est dans cette perspective que Nedjma devient Zoubida, tandis que Monenembo réussit ce tour de force de parler de l'Algérie avec légitimité.
Le personnage de Zoubida, par sa plume intertextuelle, représente l'Algérie postcoloniale dans son évolution jusqu'à la fin des années 1980, puisque c'est le temps du roman. L'histoire fictionnelle de Zoubida est contée à partir de son escapade avec son bébé, né d'une relation avec Loïc, un Français «pied-rouge». Cette histoire symbolise cette relation particulière entre la France et l'Algérie dans un «Je t'aime, moi non plus». En vadrouille entre diverses villes et villages, de Aïn Guesma à Relizane, Oued Smar et Biskra aux portes du désert, elle rencontre Mounir, personnage malveillant, qui l'utilise et l'exploite, la rendant prisonnière de son harem-lunapar, mais elle sera sauvée par le généreux Arsane.
Le roman est construit à partir de la narratrice Zoubida qui raconte son histoire à un énigmatique personnage surnommé Alfred. Elle réussit difficilement à se frayer un chemin dans la vie, mais c'est une battante qui ne cède pas au désespoir, contre les coups d'une société devenue intolérante. Le parallèle avec Nedjma tant convoitée s'affirme page après page, car Zoubida est courtisée, convoitée, désirée, maltraitée, exploitée, détournée du rôle qu'elle aurait dû jouer après l'indépendance.
A travers ses expériences, c'est l'histoire du pays qui est évoquée en filigrane ou résumée ainsi : «Eh oui, nous avons toutes sortes de sang dans les veines. Nous fûmes d'abord des nègres, puis des Berbères, puis des Phéniciens, des Vandales, des Wisigoths… puis des juifs puis des Arabes, puis des Turcs, puis des Français et maintenant nous voilà Algériens, au secours !» Comme le dit Arsane à Zoubida, la réconciliation avec soi-même est la seule clé pour s'en sortir : «Il est temps de réconcilier les différents organes de notre corps…» Zoubida semble «maudite», à l'instar de ce pays qui a connu tant de conquêtes, tant de guerres, tant de malversations, et l'intégrisme sous couvert de traditions, alors que le pays aurait évolué vers une modernité sans pareil en Afrique.
Zoubida lutte contre les traditions peu favorables à la femme algérienne, contre les faux religieux d'un autre âge qui imposent tant de restrictions, avec une hypocrisie sans pareil, transformant l'Algérie en «prison» pour Zoubida et pour les hittistes qui passent leurs journées, assis sur le grand perron de la poste pour mater les jeunes filles en rêvant de bateaux. Néanmoins, elle réussit à devenir «Taderfit» qui signifie Liberté. Cela grâce à son courage et à Arsane l'éclairé, grâce à l'éducation et la lecture : «Dis-toi que la littérature est un extraordinaire festin… goûte à tous les plats… Plus tu varieras tes lectures, plus cette pièce s'élargira, plus ton esprit s'illuminera… Tes lectures te sauveront.» Et Zoubida, dans la lignée de Nedjma, écrira enfin son propre livre de liberté pour une Algérie sans «épines».
Tierno Monenelbo, Bled. Ed. du Seuil, Paris, 2016.


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