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Faïza Guène. Une plume qui s'affirme
Le talent sans escale
Publié dans El Watan le 16 - 11 - 2006

L es réactions favorables ont été effectivement nombreuses, y compris celle d'El Watan. Je lui avais consacré une chronique en 2005 en écrivant que Faïza Guène était un nom à retenir. Un deuxième roman de bonne facture Du rêve pour les oufs vient d'être publié par Hachette littératures.
Faïza Guène comparée à Françoise Sagan, la Sagan des banlieues, son lieu de récit étant Ivry. Dans Du rêve pour les oufs, elle ose une virée en Algérie, du côté de Sidi Bel Abbès. On dit qu'un deuxième roman pour un auteur de fiction est souvent le plus difficile à écrire, car il faut convaincre que l'on est un véritable romancier, que l'on peut raconter d'autres histoires. Faïza Guène réussit à imposer un style, une forme d'écriture, une veine qui est la sienne, enfin une signature qui fait qu'elle capte son lecteur dès les premiers paragraphes. Son style spécifique repose sur un humour caustique, sur un maniement d'une langue spécifique aux jeunes des banlieues parisiennes. Faïza Guène sait recréer une langue colorée, vivante, en prise avec la réalité, en prise avec la société d'aujourd'hui, celle des Algériennes et des Algériens vivant en France, deuxième, voire troisième générations. La particularité de ce deuxième roman est l'insertion de termes algériens comme « naâl chétane, habs, bendir ou chaâb » dans le texte. Faïza Guène, une écriture de la deuxième génération d'Algériens de France, affirme son identité par des termes algériens. Dans Du rêve pour les oufs, elle inclut aussi des personnages de l'Afrique de l'Ouest ainsi que des personnages des pays de l'Est, comme Tonislav dont l'héroïne, Ahlème, est amoureuse et qui est renvoyé en Yougoslavie car il est un sans-papiers, ainsi l'image de la banlieue est complète. Ce deuxième roman est hilarant, car la romancière a le sens de la formule. Tout en abordant des sujets graves, des sujets qui fâchent, la romancière tourne tout en dérision. Agée de 21 ans, elle aborde des thèmes sérieux à travers sa vision du monde qui est détachée et impliquée, pleine d'humour avec un fond critique, sans que le texte ne devienne un document sociologique. Elle parle d'un milieu qu'elle connaît et qu'elle ne renie pas. Sa plume défend ces banlieues si décriées et ses personnages montrent que les choses ne sont pas si simples, que tout n'est pas noir et blanc, qu'il n'y a pas de monde manichéen, les bons d'un côté et les méchants de l'autre. Grâce à un style décapant, la banlieue d'Ivry revêt un autre visage, celui d'une humanité convaincante, d'un désespoir voilé par l'humour et l'amour des mots. Chaque personnage montre sa propre relation avec la société dans laquelle il se débat pour vivre et s'imposer. Le lieu du roman de Faïza Guène aurait pu être une banlieue algéroise ou oranaise car, au fond, les problèmes sont souvent identiques. Le rapport entre les générations est à noter aussi. La narratrice, Ahlème, est née dans l'Ouest algérien. Suite au décès de sa mère, elle est récupérée, avec son frère, par son père qui travaillait en France. Avec humour, elle parle de ce passage de l'Algérie à la France . « Je suis passée sans escale d'un univers exclusivement féminin au monde des hommes. » Ahlème a élevé son petit frère tout en essayant d'étudier et de s'adapter à cette nouvelle vie. Dans le temps du récit, elle s'occupe de son père, handicapé suite à un accident de travail. Le rapport de Ahlème avec son père est désarmant de tendresse. Son rapport avec son jeune frère Foued qui a 16 ans, qui roule des mécaniques, est d'un réalisme à couper le souffle. Elle le protège contre les bandes organisées de « oufs » qui volent et qui magouillent. Et c'est là où Faïza Guène réussit son texte fictionnel qui est construit comme une horloge et l'on passe d'une séquence à une autre, avec des retours en arrière, des histoires en abyme, avec facilité et le lecteur se laisse prendre dans un récit finalement à tiroirs, où la vie intime de l'héroïne et sa vie sociale et familiale passent au peigne fin de l'humour. Grâce au père, on remonte le temps. Les premiers émigrés en France, ceux qui ont souffert, qui espéraient rentrer au pays un jour, mais les enfants ont grandi et leur vie est désormais dans ce « bled où ça caille ». Notons la récupération de termes utilisés par les Français pour parler de l'Algérie. Les rôles sont inversés, la France devient le « bled ». Les enfants appartiennent désormais à cette terre française. D'ailleurs, le dernier chapitre décrit un retour en vacances du côté de Bel Abbès, et le séjour confirme à Ahlème et à Foued, qu'avec tous les problèmes inhérents aux banlieues, leur vie est en France, même si le bonheur d'être au pays n'a pas son égal, ils sont en Algérie, les émigrés, ceux sur qui on peut compter en cas de coup dur et aussi pour ramener « la crème qui ne fait pas vieillir ». Le rire sauve tout le monde, il est la force de ceux qui galèrent pour avoir un travail, de ceux qui sont ignorés, comme papa Demba qui se fait traiter de « gibbon » (singe) par les policiers alors qu'il est professeur de mathématiques au lycée de Vitry-sur-Seine. Faïza Guène a le verbe haut dans ce roman qui se laisse lire avec plaisir. Le lecteur passe de passages légers à d'autres plus dramatiques. Faïza Guène raconte l'histoire de ces hommes et de ces femmes qui existent, qui appartiennent par le fait historique à l'Algérie et à la France et qui ont des rêves de oufs.

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