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«J'aime interroger cette histoire de l'Algérie plurielle»
Lynn S. K. Photographe
Publié dans El Watan le 25 - 03 - 2017

Lynn S. K., acronyme de son vrai nom, est une jeune photographe algérienne, qui est née à Alger. Elle a émigré en France en 1993. Après avoir transité par la Sorbonne pour ses études de cinéma, elle obtient son master à Paris, tout en développant en parallèle son penchant pour la photographie. Elle revient dans cet entretien sur son dernier projet : «Sororité des femmes du Sud».
De quelle manière êtes-vous venue à la photographie ?
Mon père m'a rapporté que déjà petite j'aimais monopoliser les appareils jetables de vacances pour photographier des choses que lui jugeait sans importance, comme une lumière sur un arbre. Mon oncle m'a également dit que je passais de longues heures fascinée par la lumière du projecteur de la Cinémathèque d'Alger. Mais, honnêtement, je ne m'en souviens pas.
Ce que je sais, c'est que dès l'adolescence, quelque chose en moi débordait et la création s'est très vite imposée comme une nécessité. J'écrivais un peu, et puis j'ai eu la chance de pouvoir étudier le cinéma dès le lycée, dans la ville d'Orléans, à quelque 100 kilomètres de Paris. Par la suite, j'ai réussi à obtenir un appareil photo totalement médiocre en 2003 et je réalisais mes premières images. En 2007, je commençais à exposer en parallèle de mes études.
Comment s'est fait justement cet apprentissage à la photographie ?
Après le bac, j'ai choisi l'université pour la liberté que cela permettait, j'avais trop peur du formatage des écoles. Des études de cinéma et une cinéphilie accrue m'ont, je pense, beaucoup influencée..., notamment sur ma manière de cadrer et de choisir une lumière. Mais je crois que je suis constamment en apprentissage. Maîtriser la technique photographique est à la portée de tout le monde, faire de bonnes images aussi, mais réaliser une série qui fasse sens, c'est une autre histoire. L'idée est de sans cesse apprendre, et surtout désapprendre.... chaque histoire peut tout bousculer, apporter sa propre forme... et c'est ce qui m'est arrivé. d'ailleurs, lors de mon retour en Algérie, j'ai dû retrouver un langage qui pouvait dire ce voyage...
Comment décririez-vous votre projet récent de livret photos intitulé «La sororité des femmes du Sud», que vous avez réalisé dernièrement en Algérie ?
C'est un projet qui, pour moi, ne fait que commencer. D'abord, il faut que je revienne sur ma redécouverte de l'Algérie. Comme beaucoup de Franco-Algériens, de «binats», comme on dit ici, il y a eu l'absence, puis le moment du retour. Entre 1996 et 2014, je n'avais pas remis les pieds une seule fois en Algérie. Depuis, je reviens presque quatre ou cinq fois par an..., j'ai pris la carte de fidélité. C'était une chose tellement troublante de se dire qu'on va revenir dans son pays natal, qu'il m'a fallu penser un projet pour le structurer. L'idée était de travailler sur l'identité féminine, qui a toujours été mon sujet principal.
Et quand j'envisageais les zones géographiques dans lesquels je voulais me rendre, j'ai très vite pensé au Sud algérien. Sans doute qu'en tant qu'exilée, et donc prise dans un questionnement identitaire sur l'ailleurs, l'ici, j'aimais l'idée de m'intéresser à ce qui était moins connu, voire quasiment invisible. J'ai effectué un premier voyage à Taghit. Et une ONG basée sur Alger, le CISP, m'a contactée pour poursuivre le travail sur Djanet et Tamanrasset. Je m'y suis donc rendue tout le mois de mai 2016.
L'Algérie plurielle est présente à travers des prises de vues en couleur de femmes au pluriel. Comment s'est effectuée cette approche avec ces femmes traditionnelles hors du commun ?
Je ne sais pas s'il s'agit de «femmes traditionnelles», parce que je ne suis pas à l'aise généralement avec les étiquettes, et que la société touaregue est en pleine transition, mais clairement j'ai trouvé ces femmes incroyables... Certaines d'entre elles m'ont vraiment bouleversée. Elles sont à la fois hors du commun et comme tout le monde. J'ai trouvé beaucoup de points communs entre la femme qui m'hébergeait à Djanet et ma mère, alors que leur vie n'a, a priori, rien à voir. La rencontre s'est faite très naturellement, et généralement le «feeling» passait dès les premières secondes... C'est peut-être le lien sororal justement... Je pense à Kebira, notamment, qui est pour moi l'archétype de la femme puissante... En général, elle me disait : «Viens, on va faire une sortie» et je me retrouvais à un mariage targui, où, la nuit dans le désert, j'étais entourée d'une trentaine de femmes qui chantaient le tindi...
Quel message voulez-vous transcrire à travers ces clichés féminins ?
Je pense que le rôle de l'artiste est plus de poser des questions que de passer un message, les messages c'est une affaire d'hommes politiques, de communicants... j'espère plutôt transmettre un ressenti, favoriser le regard critique, amener un questionnement. Et ce que j'aime interroger, c'est justement cette histoire de l'Algérie plurielle. Ce qui me terrifie dans l'imagerie occidentale des femmes maghrébines, c'est la manière de réduire l'Algérie et le Maghreb à un ou deux stéréotypes... Quand je montre mes photos de femmes d'Alger, on me dit parfois : «Elles n'ont pas l'air algériennes !» De la même manière, en Algérie, on parle parfois des habitants du Sud comme s'ils étaient d'un autre pays. L'idée, c'est de travailler sur la pluralité des identités, des histoires, des destins de femmes.
Qu'espérez-vous que les gens ressentent quand ils fixent vos photos ?
J'espère déjà qu'ils ressentent quelque chose, je ne suis pas dans une approche conceptuelle, ou exclusivement intellectuelle. J'ai vraiment une approche ultra intuitive et sensible... et plutôt que d'être dans la démonstration, j'espère partager une émotion. Je suis touchée si je vois que les images ont remué quelque chose chez eux, que cela ait pu aviver ou changer quelque chose dans leur perception, dans leur vie intérieure... Personnellement, quand une image me touche vraiment, il y a quelque chose qui me traverse et qui fait que je me sente vulnérable, je ne sais pas, peut-être qu'on peut parler d'ouverture du cœur.
Quels sont les photographes et les artistes dont vous vous sentez le plus proche ?
Les écrivains Sylvia Plath, Anaïs Nin, Nina Bouraoui... Les photographes Franscesca Woodman, Sarah Moon... Les cinéastes, je pense à David Lynch, Leos Carax... Aussi, le livre qui m'a le plus inspirée pour mon travail sur les femmes algériennes est La galerie des absentes, de Rachida Titah.
A part la thématique de la femme, y a-t-il d'autres thèmes qui vous interpellent ?
Oui, la vie dans son caractère sensible, secret, sauvage, l'invisible, la mémoire enfouie, l'entre-deux, la mélancolie, l'exil, el ghorba... Je serai bientôt en résidence à Niort, près de La Rochelle, dans le cadre des Rencontres de la jeune photographie internationale, et j'y réaliserai une série sur des Franco-Algériens, qui sont dans un entre-deux géographique et intérieur. Je reviendrai également bientôt à Alger et en Kabylie pour poursuivre un projet sur les terrasses, comme espaces privilégiés des femmes. Pour y participer, n'hésitez pas à m'écrire. Mon site web, avec mon contact : www.lynnsk.fr


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