Pour un bon nombre d'employeurs locaux, le volet recrutement est synonyme de décor et d'arnaque. Salaires impayés, non-respect du SNMG, licenciements illégaux et non-déclaration aux assurances sociales composent les griefs des centaines de doléances traitées chaque année par les services de l'inspection du travail et le tribunal de Souk Ahras. Peu de victimes en sortent rétablies dans leurs droits. Le cas de Ali Khechine (rapporté dans l'une nos éditions précédentes) en dit long sur la force de nuisance des recycleurs de la manne du contribuable, ainsi que leurs relais existants en force dans certains départements où l'équité est censée prévaloir. Employé comme chauffeur par le gérant d'une entreprise privée, pour une durée de 13 années, Ali n'a pu bénéficier que d'une cotisation partielle (soit sur la base d'un salaire mensuel de 18 000 DA au lieu de 35 000 DA). Il n'a jamais eu droit à son congé annuel et a assumé à la fois la tâche de chauffeur et de convoyeur. Il sera, en outre, invité à quitter l'entreprise sans aucune indemnité avec, en plus, 13 mois de salaires impayés. Des doléances adressées conjointement aux services de la CNAS et de l'inspection du travail aboutiront à un procès verbal de non-conciliation pour refus de l'employeur de se présenter devant l'instance de contrôle précitée. «J'ai découvert à mon détriment que toutes les étapes de la gestion du dossier tant au niveau de la CNAS, celui de l'inspection du travail qu'à celui de la justice, tenaient compte du choix de mon employeur, j'ai aussi appris par le biais d'un ex-assesseur de justice que tout était décidé par mon employeur», a déclaré, dépité le quinquagénaire, qui vit une situation sociale, plus ou moins précaire. Il évoquera le statut social du gérant de l'entreprise et son impact sur certains départements de souveraineté au point où même son avocate fit volte-face en plein conflit. Le verdict prononcé en première instance le13/10/2016 a été favorable à la déclaration du plaignant au niveau de la structure des assurances sociales et a refusé tous les autres griefs, jugés infondés du point de vue légal. En deuxième instance, un rejet dans la forme de la plainte sera prononcé par la Chambre sociale (00097/2017 du 06/02/2017). Un appel introduit récemment par l'avocat de la victime au niveau de la Cour suprême met en relief dans sa cassation les huit articles relatifs à la loi des procédures civiles et administratives, toutes respectées dans les démarches ayant précédé le verdict faisant l'objet d'appel. La diabolisation de la main d'œuvre locale et la supposée désertion du travail entretenus par les tenants de son exploitation à moindres frais occultent souvent ses malheurs.