La prolifération des décharges sauvages dans la wilaya de Tizi Ouzou n'est pas un phénomène nouveau. Les tonnes d'ordures ménagères et autres détritus, jetées dans la nature et à proximité des habitations, ont sérieusement contribué à la dégradation du cadre de vie de la population locale. En l'espace de quelques années, tous les grands centres urbains et villages de la région ont été transformés en de véritables dépotoirs à ciel ouvert. Ces décharges sont parfois la création des autorités locales. C'est le cas à Tizi N'tlata (Ouadhias) où une décharge sauvage est implantée à proximité d'un lycée, sur un terrain agricole. A Aïn El Hammam, les ordures sont abandonnées à une dizaine de mètres de l'hôpital. L'oued Sébaou n'a pas été épargné comme tout le reste des cours d'eau existants dans la wilaya de Tizi Ouzou. Les ruissellements des eaux usées sur la chaussée et les trottoirs, à cause de la défectuosité des réseaux d'assainissement, ont davantage aggravé la situation. Toutes les conditions ont donc été réunies pour favoriser la multiplication des foyers de reproduction de moustiques, de rats et autres animaux errants, autrement dit, de maladies mortelles. Les autorités locales se justifient souvent par l'insuffisance des moyens matériels et humains ou de terrains pour créer et gérer des décharges contrôlées. Les citoyens, accusés à tort ou à raison d'incivisme, ne cessent d'alerter les services concernés sur ce grave problème qui relève de la santé publique. A leurs doléances, les représentants des pouvoirs publics répondent avec des discours « creux », sans lendemains. Les engagements pris, devant des citoyens marginalisés et livrés à eux-mêmes, pour l'éradication du mal, ne sont pas respectés. Les décharges sauvages ne sont jamais fermées, mais déplacées vers d'autres endroits, loin des regards. Ces négligences s'avèrent souvent mortelles. Le décès d'un jeune de 26 ans vendredi dernier à Tala Athmane et l'hospitalisation d'une dizaine d'autres personnes à l'hôpital de Tizi Ouzou, tous atteints de leptospirose, renseigne si besoin est que les negligences, le laisser-aller et l'incompétence peuvent avoir des conséquences mortelles et ce n'est qu'après coup que les uns et les autres se rejettent la balle en découvrant l'étendue du drame. Les pouvoirs publics n'interviennent, malheureusement, que lorsqu'il y a mort d'hommes. L'on oublie pourtant que la protection de l'environnement et de la santé publique passe d'abord par le travail de prévention. C'est sur ce terrain que les efforts doivent être concentrés.