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«La reconnaissance des crimes coloniaux a déjà eu lieu dans plusieurs pays»
Olivier Lecour Grandmaison. Universitaire
Publié dans El Watan le 21 - 11 - 2017

Avant la très prochaine visite d'Emmanuel Macron en Algérie, le 6 décembre, que faut-il en attendre par rapport au contentieux historique entre la France et l'Algérie ?
A tout le moins qu'Emmanuel Macron, désormais président de la République, respecte la parole d'Emmanuel Macron candidat, lorsqu'il a déclaré, sur la chaîne de télévision Echorouk News en février 2017, que «la colonisation était un crime contre l'humanité». N'oublions pas cependant que cette forte déclaration a été suivie de propos alambiqués sur le fait que «la France aurait installé les droits de l'homme en Algérie» mais qu'elle aurait «oublié de les lire».
Propos qui témoignent d'une méconnaissance des réalités de la condition des «indigènes» algériens jusqu'en 1945, puisqu'ils furent, tout au long de la très glorieuse Troisième République, privés des droits et libertés fondamentaux individuels et collectifs, et soumis à des dispositions d'exception qui n'étaient applicables qu'à eux. Bel exemple de racisme d'Etat.
De plus, de retour en France, il s'est platement excusé pour dire qu'il n'avait pas dit ce qu'il avait dit, tout en affirmant qu'il avait bien tenu les propos qui lui ont été reprochés par l'extrême-droite, les dirigeants des Républicains et quelques intellectuels, devenus de vulgaires idéologues, comme Alain Finkielkraut.
En ces matières, comme en beaucoup d'autres, la formule «en même temps», si prisée par E. Macron, est susceptible de justifier tous les immobilismes et toutes les reculades, au motif que certains pourraient s'opposer à une telle reconnaissance. Si gouverner, c'est prévoir, c'est aussi trancher. Cinquante-cinq ans après la fin de la guerre d'Algérie, il est impératif de le faire en déclarant publiquement que des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre ont bien été commis par la France depuis la prise d'Alger en 1830 et la «pacification» de ce territoire par les colonnes infernales du général Bugeaud.
Celui-là même qui a mis cette colonie à feu et à sang, commandé et couvert de nombreuses enfumades, dont celle, terrible, commise par le général Pélissier, dans les grottes du Dahra le 18 juin 1845. Bilan ? 700 morts au moins, tous des civils désarmés, des hommes, des femmes et des enfants. Pour paraphraser un philosophe, Paul Ricœur, qui, aux dires de certains, serait une référence pour l'actuel Président, ne rien faire, «serait ratifier l'impunité, qui serait une grande injustice commise aux dépens (…) des victimes» (P. Ricœur, La mémoire, l'histoire, l'oubli, Seuil, 2000, p. 612)
Que pensez-vous que le président français pourra faire avancer lors de cette première visite ?
Il est clair que les enjeux de cette visite obéissent d'abord et avant tout à des considérations géopolitiques, économiques, financières et sécuritaires.
Relativement au sinistre bilan de la colonisation française, les victimes, leurs descendants, qu'ils soient français ou algériens, toutes celles et tous ceux qui se sont engagés, parfois depuis des dizaines d'années, pour la reconnaissance des crimes perpétrés à l'époque, exigent que celle-ci dernière soit enfin effective. Alors que la plupart des responsables ont disparu, qu'il n'est donc plus possible d'engager des poursuites devant les tribunaux, c'est la seule façon de rendre hommage aux centaines de milliers d'hommes et de femmes qui ont été tués, massacrés, exécutés sommairement, torturés ou qui ont fait l'objet de disparition forcée. C'est la seule façon de leur rendre justice.
A l'attention de ceux qui, dans l'Hexagone, dénoncent de façon pavlovienne une prétendue repentance qui nuirait à la cohésion de la France, rappelons que la reconnaissance des crimes coloniaux a déjà eu lieu dans plusieurs autres pays. Quant à leurs prédictions catastrophistes, elles ont été à chaque fois démenties. Le 10 juillet 2015, le gouvernement d'Angela Merkel a admis qu'un génocide a bien été perpétré contre les Hereros et les Namas par les forces du général Lothar von Lothar, entre 1904 et 1905, dans la colonie allemande du Sud-Ouest africain (actuelle Namibie).
Le 12 septembre 2015, «le gouvernement britannique reconnaît que les Kényans ont été soumis à des actes de torture et à d'autres formes de maltraitance de la part de l'administration coloniale». (Libération, 14 septembre 2015). Ces mots sont gravés sur le mémorial, financé par la Grande-Bretagne et érigé à Nairobi, pour rendre hommage aux milliers «d'indigènes» massacrés par les troupes de sa Gracieuse Majesté lors du soulèvement des Mau-Mau dans les années 1950.
Rappelons enfin que la Nouvelle-Zélande, le Canada, l'Australie et les états-Unis ont tous, d'une façon ou d'une autre, admis que des traitements indignes avaient été infligés aux populations autochtones de leurs territoires respectifs.
Et la prestigieuse France républicaine ? Sur ces sujets, elle n'est, jusqu'à présent, qu'une pauvre arrière-garde percluse de conservatismes et de mépris pour celles et ceux qu'elle a exploités, opprimés et massacrés au cours de son histoire coloniale, et pour leurs héritiers français ou étrangers. Il appartient au président E. Macron de mettre un terme à cette situation qui n'a que trop duré.
Concluons en citant à nouveau Paul Ricœur : «C'est sur le chemin de la critique historique que la mémoire rencontre le sens de la justice. Que serait une mémoire heureuse qui ne serait pas aussi une mémoire équitable ? »
Dernier ouvrage paru : L'Empire des hygiénistes. Vivre aux colonies, Fayard, 2014.


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