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« Nous œuvrons pour l'émergence d'un rassemblement démocratique »
Abdesselam Ali Rachedi. Porte-parole du parti Essabil
Publié dans El Watan le 22 - 01 - 2007

Qu'attendre d'un régime qui est plus concerné par la redistribution de la rente et les recettes faciles du populisme que de l'avenir du pays. » C'est par cette sentence que Ali Rachedi, à la tête du parti Essabil, non agréé, exprime sa désillusion du pouvoir actuel. Il révèle que des contacts sont en cours actuellement avec des personnalités politiques de tous bords pour faire émerger un rassemblement de l'opposition démocratique.
Quelle lecture faites-vous du procès Khalifa à la lumière déjà des premières révélations ?
Dans l'absolu, l'affaire Khalifa est grave. Même très grave. Mais dans le cadre du régime qui est le nôtre, où la corruption est quasiment institutionnalisée, il nous faut encore une fois faire la part des choses. Dans le dernier Débat d'El Watan, consacré au fléau de la corruption, j'ai eu à intervenir pour dire au public : « Attention, un détournement peut en cacher un autre ». J'avais expliqué que si l'on pouvait à juste titre s'émouvoir devant un détournement économique, le vol d'une banque par exemple, il fallait aussi avoir la lucidité de voir que l'Etat algérien lui-même a été détourné par les clans qui se sont accaparés du pouvoir. Ne nous a-t-on pas volé notre Etat ? En fait, c'est ce détournement politique qui est la cause première du détournement, au sens économique. Les clans au pouvoir disposent d'une rente de situation qui leur permet de bénéficier de privilèges indus et de distribuer des prébendes à leurs clientèles. Comme il n'y a pas de justice indépendante dans un Etat privatisé, la corruption peut prospérer sans crainte. Les parrains sont là pour veiller à la protection de leurs affidés. Mais périodiquement les clans règlent leurs comptes par lampistes interposés. Alors, on organise un procès… Pour moi, il n'y a et il n'y aura pas de révélations dans ce procès, l'omerta étant depuis longtemps la règle d'or du système. Tout le reste est destiné à abuser l'opinion publique et surtout à prouver à nos partenaires étrangers que le gouvernement « lutte contre la corruption ». Quelques lampistes seront sacrifiés au passage.
Un groupe de citoyens a récemment appelé à l'unification des rangs des démocrates. Ce genre d'initiatives est-il à même de contribuer à l'émergence du fameux pôle démocratique ?
Pour éclairer le lecteur sur ce sujet, il faut d'abord clarifier les concepts. Qu'est-ce qu'un démocrate ? Aux USA, la réponse est immédiate : un démocrate est un membre du parti démocrate, par opposition aux membres du parti républicain. Les deux partis s'inscrivent dans la démocratie américaine. En Algérie, nous avons un régime autoritaire qui refuse toute alternative démocratique. Si les mots ont un sens, ne peuvent être considérés comme démocrates tous ceux qui sont affiliés à ce régime ou qui le soutiennent d'une façon ou d'une autre. Donc pour lever toute équivoque, il vaut mieux parler d'opposition démocratique. Pour moi, la démocratie, c'est d'abord la liberté du sujet acteur et les droits de la personne humaine. La lutte pour les libertés et la défense des droits de la personne humaine ne concerne pas seulement les partis politiques mais englobe toutes les composantes de la société civile. Il est évident qu'en rassemblant nos forces, les chances de succès seront plus grandes. Il ne faut pas confondre non plus démocratie et République. Les républicains axent leur démarche sur l'égalité et font jouer à l'Etat un rôle central. Or la revendication démocratique vise justement à garantir les libertés de chacun, y compris par rapport à l'Etat, qui a naturellement tendance à abuser de son pouvoir. Dans les pays occidentaux où la démocratie est bien établie, on peut se permettre de confondre démocratie et République. Chez nous, par contre, soutenir l'Etat républicain conduit inévitablement à soutenir le pouvoir en place et donc à consacrer l'autoritarisme. De même, il faut clarifier le concept de pôle démocratique. Sous cette appellation, il y a eu, par le passé, plusieurs tentatives de regroupement mais qui étaient loin de rassembler l'ensemble du camp démocratique. La raison principale en est qu'il s'agissait surtout de s'opposer aux islamistes, ce qui était légitime en soi, mais la question de la transition démocratique était occultée. Je peux donc maintenant répondre clairement à votre question. Depuis près d'une année déjà, nous travaillons, dans la discrétion mais pas dans le secret, avec des personnalités politiques, partisanes et non partisanes, à l'émergence d'un rassemblement de l'opposition démocratique. Nous ne visons pas seulement à rassembler les partis, mais aussi et surtout à créer une dynamique citoyenne, qui puisse peser sur la scène politique. Bien entendu, ce but ne peut être atteint qu'à moyen terme. Nous avons beaucoup avancé dans la réflexion. Nous allons élargir maintenant cette concertation et impliquer les acteurs institutionnels (partis, syndicats, associations…).
Quelles causes ont contribué d'après vous à l'effacement des démocrates de la scène politique ? Quelle est la part du système et celle des démocrates eux-mêmes ?
La première cause a été l'irruption brutale et massive sur la scène politique de la mouvance islamiste, et surtout sa manipulation par le pouvoir. Plus grave, la mouvance démocratique s'est divisée et même déchirée en deux camps irréductibles après l'interruption du processus électoral en janvier 1992. La deuxième cause est le fait que le pouvoir, qui était relativement affaibli au lendemain des événements d'octobre 1988, s'est considérablement renforcé à la faveur de la lutte antiterroriste. Il a donc pu revenir sur les quelques mesures d'ouverture qu'il avait dû concéder entre 1989 et 1991. Depuis 1999 notamment, le verrouillage politico-médiatique est total. En dépit de tout cela, la mouvance démocratique ne s'est pas effacée de la scène politique, même si elle est moins visible médiatiquement. Mais le reflux de la perspective démocratique a sans doute des causes plus profondes. Au lendemain de l'ouverture post-octobre, la mouvance démocratique avait cru que la transition démocratique allait de soi et que ce n'était qu'une question de quelques années. On faisait volontiers la comparaison avec les pays anciennement communistes d'Europe de l'Est. Après tout, ces pays-là avaient des régimes totalitaires avec un système de parti unique et une police secrète redoutable. En fait, la comparaison n'avait pas lieu d'être. Ces pays, contrairement au nôtre, connaissaient la modernité depuis des décennies, avant même de passer au communisme. De plus, dans ces pays, le parti communiste avait réellement le pouvoir et aussi bien l'armée que la police secrète, lui étaient totalement soumises. C'est exactement l'inverse chez nous. En Algérie, le chemin sera donc plus long et plus difficile. Aujourd'hui, il y a une certaine décantation. Le pouvoir a fait son choix : celui de s'allier à ses ennemis d'hier. On est bien en présence d'une alliance pouvoir-islamistes, sur le dos de la démocratie. La division dans le camp démocratique n'a donc plus de raison d'être.
Sur quels leviers repose le système politique actuel ? Les notions de « décideurs de l'ombre » et de « décideurs de façade » sont-elles toujours pertinentes aujourd'hui ?
Elles nous semblent toujours aussi pertinentes. Il y a bien une dualité du pouvoir. Un pouvoir apparent qui fait des discours mais qui ne décide de rien d'essentiel, vu qu'il est limité par les fameuses « lignes rouges », et un pouvoir occulte qui ne s'exprime pas publiquement mais qui décide réellement. Le relatif effacement de l'état major depuis 2004 n'a pas changé la donne. Tout juste un rééquilibrage interne au profit des services. D'une manière globale, le système repose sur trois leviers : populisme, clanisme, police politique. Sur le plan idéologique, le discours officiel, en dépit des apparences, fonctionne toujours sur le registre populiste hérité du mouvement national. En gros, le populisme, c'est l'obsession de l'unité du peuple. D'où la dénonciation du système de représentation politique, du régime des partis et donc de la démocratie. D'où également l'anti-intellectualisme et l'exaltation de la sagesse ancestrale du peuple. Le populisme fonctionne au charisme du chef auquel le peuple est censé apporter spontanément son soutien. Au besoin, des plébiscites préfabriqués sont organisés périodiquement pour permettre au peuple d'exprimer son soutien. Autoritarisme, nationalisme, paternalisme, démagogie sont les caractéristiques principales du système. Sur le plan politique, l'Etat est privatisé au profit des clans. Les clans se fondent sur l'appartenance régionale ou sur la légitimité acquise durant la guerre de libération ou sur les liens développés au sein de l'ANP ou tout simplement sur des intérêts communs. Se forment ainsi des réseaux clientélistes plus ou moins visibles. De plus, qui dit clans dit lutte de clans et donc menace récurrente sur la stabilité du pays. On l'a bien vu en janvier 1992, avec la démission de Chadli, en 1998 avec la démission de Zeroual et en 2004 avec la candidature de Benflis. Le troisième volet est l'omniprésence de la police politique. Elle joue le rôle de régulateur du système et donc s'implique par tous les moyens dont elle dispose pour garantir la pérennité du système. Cela va de l'infiltration des partis et autres organisations de la société jusqu'à l'intronisation du président de la République.
Par quels mécanismes le parti FLN, dont l'image reste pourtant liée au parti unique, redevient une formation politique dominante ?
Tout est relatif. Dans les circonstances actuelles : fermeture du champ politique et médiatique, boycott des élections législatives de 2002 par les partis implantés en Kabylie, non agrément des partis constitués après 1999, fraudes systématiques et massives, « coups d'Etat » internes au sein de plusieurs partis, y compris le FLN lui-même, on a fini par réduire à néant l'idée même de multipartisme. On peut même dire qu'on est revenu à une variante du parti unique. Dans l'ancienne formule, trois courants nationaliste, islamiste et moderniste coexistaient au sein du même appareil. Dans l'actuelle, les trois courants disposent chacun d'un appareil distinct mais ils se sont constitués en coalition. Parler d'une formation politique dominante pourrait laisser croire que nous sommes dans un régime démocratique avec des élections non entachées de fraude et que le FLN est sorti vainqueur de la compétition. Nous sommes bien loin de ce schéma.
L'Algérie a-t-elle besoin d'une nouvelle Constitution ? Qu'est-ce qui motive les démarches entreprises jusque-là, notamment par Belkhadem, en vue d'amender la loi fondamentale existante ?
Dans l'absolu, oui, car la Constitution de 1996 est loin d'être satisfaisante et à plus d'un titre. Mais dans la conjoncture actuelle, cela relève de la mystification. Comme si l'Algérie était un Etat de droit où la Constitution était scrupuleusement respectée ! Mais la Constitution est violée tous les jours ! Depuis 1999, le pouvoir s'est carrément affranchi de toute norme constitutionnelle. On veut nous entraîner dans un faux débat sur le nombre de mandats présidentiels ou la création d'un poste de vice-président, alors que les Algériennes et les Algériens n'ont jamais pu choisir librement leur président. De plus, sachant que le vrai pouvoir n'est pas décrit dans le texte constitutionnel, comment fixer le nombre de mandats des décideurs de l'ombre ? Il semble que certains voudraient amender la loi fondamentale pour y inscrire les nouveaux équilibres du système dont ils seraient les bénéficiaires. Car il faut savoir que le pouvoir algérien a toujours cultivé la forme, gage de sa respectabilité à l'extérieur. On aura compris que l'éventuelle révision constitutionnelle ne concerne que les « faiseurs de présidents » !
Dix-sept années après l'interruption du processus électoral, comment appréciez-vous le chemin parcouru ? L'Algérie est-elle définitivement sortie de la crise politique ?
Hélas, non ! Et la crise n'est pas seulement politique mais également économique, sociale et culturelle. La transition démocratique qui était à l'ordre du jour jusqu'en 1994 a été tout simplement gommée de l'agenda politique. Le pouvoir lui a substitué une normalisation autoritaire avec des institutions de façade mises sur pied au moyen de la fraude électorale. Parallèlement, on a assisté à une mise au pas de tout ce qui pouvait contrecarrer cette option : partis politiques, syndicats, mouvement associatif, mouvement des femmes, presse, université… création de richesses par le travail productif a laissé place à l'enrichissement sans cause et la corruption à grande échelle. La pauvreté et la prolifération des maux sociaux portent quotidiennement atteinte à la dignité de millions d'Algériennes et d'Algériens. En dépit des discours officiels, le système éducatif est toujours aussi sinistré. La religiosité ostentatoire a gagné du terrain. Les superstitions et les croyances les plus absurdes ont supplanté l'usage de la raison dans la majorité des esprits, conséquence inévitable du désert culturel voulu par les gouvernants.
Les libertés individuelles et collectives vous paraissent-elles aujourd'hui mieux préservées que par le passé ?
Assurément non. Nous vivons encore sous état d'urgence. Depuis 2001, une décision d'interdiction des manifestations publiques, en violation totale de la Constitution et de la loi, a été prise. Les réunions publiques, qui sont, je le rappelle, un droit du citoyen et non un droit propre aux organisations, et qui, selon l'article 5 de la loi, sont censées être libres, ne sont autorisées qu'à titre exceptionnel, sauf pour les organisations affiliées au pouvoir. Même les partis agréés se voient interdire la tenue de leur congrès statutaire. Les partis, syndicats et associations ne sont pas agréés même s'ils ont accompli toutes les formalités exigées par la loi. Le droit de grève est constamment remis en cause et la justice instrumentalisée pour briser les grèves. La presse est menacée quotidiennement de harcèlement judiciaire et les journalistes jetés en prison comme de vulgaires délinquants. Bref, le droit d'avoir des droits n'existe pas chez nous.
En dépit d'énormes ressources financières, l'économie n'arrive pas à décoller. Quelles sont les causes ?
Encore une fois, relativisons les choses, sachant que les énormes ressources financières en question viennent essentiellement des hydrocarbures. Le prix du baril et les réserves de change ne doivent pas faire illusion. En dollars constants, le prix du baril n'a jamais rattrapé celui du début des années 1980. Ceci pour dire qu'en dépit des apparences, l'Algérie du début des années 1980 était beaucoup plus riche qu'aujourd'hui, avec un PIB/habitant de plus de 3500 dollars. Cela n'a pas empêché l'Algérie de sombrer dans une crise aiguë suite à l'effondrement du prix du baril. Vingt ans plus tard, on refait les mêmes erreurs. D'ailleurs, depuis l'été dernier, le baril a déjà perdu plus de 25% de sa valeur. Avant de dire que l'économie ne décolle pas, posons-nous la question de savoir en quoi consiste l'économie algérienne. Nous sommes dans un système où, pour résumer, on n'exporte que des hydrocarbures et où on importe quasiment tout, aussi bien des produits manufacturés que des produits alimentaires. L'excédent des ressources sert principalement à réaliser des infrastructures ou bien est thésaurisé. Le secteur bancaire demeure archaïque et la Bourse quasi inexistante. Sans parler de la bureaucratie et de son corollaire inévitable, la corruption. Le montant de l'évasion et de la fraude fiscales dépasse largement les rentrées fiscales ordinaires. La dette publique interne demeure élevée et les entreprises publiques qu'on n'a pas voulu vendre ou liquider continuent de générer des dettes. En dehors du secteur des hydrocarbures, il n'y a pas d'investissements directs étrangers (sauf quelques exceptions notables : téléphonie, sidérurgie…) et les opérateurs algériens (sauf encore une fois quelques cas) investissent massivement dans ce que j'ai appelé par dérision l'import-import. Les opérateurs privés sont la plupart du temps des personnes physiques, même si par nécessité des SARL ou des SPA sont créées, la plupart du temps il s'agit d'un seul et même propriétaire qui utilise les membres de sa famille comme prête-noms. On peut difficilement parler d'économie s'il n'y a pas d'entreprises d'envergure. Les autorités ont d'ailleurs dû faire appel à des sociétés étrangères pour la réalisation du programme d'infrastructures. Mais qu'attendre de plus d'un régime qui est plus concerné par la redistribution de la rente et les recettes faciles du populisme que de l'avenir du pays ?
Votre formation politique compte-t-elle s'investir dans les prochaines échéances électorales ?
Nous comptons bien nous impliquer d'une façon ou d'une autre dans les prochaines échéances électorales. Quant à savoir si nous serons en mesure de présenter des candidats, c'est une autre affaire. Comme vous le savez, notre parti, l'Itinéraire démocratique et social (IDS/Essabil) n'est pas agréé. Le ministère de l'Intérieur ne nous a même pas délivré de récépissé lors du dépôt du dossier de la fondation du parti en janvier 2003. Si nous décidons de présenter des candidats, il nous faudrait obtenir d'un parti agréé le parrainage de nos listes. C'est quelque chose sur lequel nous réfléchissons. Au vu du verrouillage actuel et de l'institutionnalisation de la fraude, on pourrait arguer qu'il est préférable de boycotter pour ne pas cautionner une mascarade électorale. D'un autre côté, le rendez-vous électoral est la seule opportunité qui nous reste pour pouvoir nous adresser aux citoyens et entendre leurs préoccupations.
Devant l'agressivité redoublée de l'administration américaine, le monde arabe est-il en mesure de trouver des parades ?
La situation dramatique du monde arabe est d'abord due aux régimes arabes eux-mêmes. A quelques nuances près, tous les régimes arabes sont des régimes autoritaires. En termes de développement humain, les pays arabes se situent dans la mauvaise moitié et parfois le dernier quart du classement, en dépit du fait que la plupart d'entre eux disposent de ressources pétrolières considérables. Il faut aussi savoir qu'un certain nombre de régimes arabes sont des alliés actifs des USA et ont permis aux USA d'avoir des bases américaines sur leur territoire. Les autres sont des amis de Washington. En fait, il n'y a plus que le Soudan et la Syrie qui ne sont pas dans les bonnes grâces de l'Administration américaine. L'agressivité redoublée de l'Administration américaine est surtout visible en Irak. Mais qui combat des Américains en Irak ? Ce sont essentiellement les résidus de l'ancien régime, qui sont sunnites (mais supposés laïcs), ce sont les chiites radicaux de Muktada El Sadr et les sunnites radicaux de la branche irakienne d'El Qaîda. Il est difficile de considérer ces groupes comme des résistants, car il manque à ce combat la noblesse de la cause. L'écrasante majorité des victimes sont d'ailleurs le fait des Irakiens. Le véritable défi pour le monde arabe est de trouver sa propre voie vers la modernité et la démocratie et de consacrer ses ressources, notamment pétrolières, au développement et non à la guerre ou aux conflits internes.
Un Maghreb uni est-il un jour possible ?
Le Maghreb est aujourd'hui dans une impasse totale. La faute en revient d'abord aux régimes des différents pays. L'exemple de l'Union européenne est là pour nous apprendre que sans la liberté, on ne peut rien construire de durable. Et aussi que la construction d'un espace économique commun, forcément lente et peu enthousiasmante pour les citoyens, est un préalable pour l'édification d'un espace politique commun. Un Maghreb uni sera possible lorsque les régimes se seront libéralisés tant au plan politique qu'au plan économique.


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