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A quoi sert la théorie politique ?
Publié dans El Watan le 27 - 01 - 2007

La question de l'utilité sociale de la théorie politique n'est pas de celles qui se laissent aisément apprivoiser. L'énormité des préjugés véhiculés par le sens commun à son sujet est de nature à compliquer singulièrement cette tâche et à la rendre incertaine sinon franchement désespérée.
Pour les uns, la politique n'est aucunement séparable de la religion ; or celle-ci possède déjà son corpus théorique : la shari'â. Pour les autres, la politique relève du domaine souverain du Pouvoir et ne saurait donner naissance à autre chose qu'à un manuel de ruses. L'indifférence à l'égard de la théorie politique est encore plus atterrante dans les rangs de la population qui est censée la pratiquer avec quelque familiarité : la classe politique. Enchâssé dans un localisme intellectuellement asséchant, l'exercice politique local oscille ici entre l'exaltation frénétique du culte de l'action et la révocation courroucée des « modèles politiques importés ». Comble du désintéressement : de tous les modules professés dans le cadre de l'enseignement universitaire algérien de la science politique, aucun ne porte expressément sur la théorie politique. L'attitude observée à l'égard de cette région du savoir a partie liée avec une posture idéologique plus générale : l'indifférence de nos sociétés à l'endroit de la science sociale et de l'interrogation philosophique tout ensemble. L'assignation à résidence qui frappe la théorie politique renvoie cependant à quelque chose de plus particulier : la croyance intériorisée selon laquelle la politique ne peut être justiciable d'une connaissance rigoureuse, fiable, savante, universelle, bref théorique. La théorie politique n'est pas, contrairement à une idée reçue, un commentaire infini de la République de Platon, ni une construction idéale découplée du réel, mais bien plutôt une entreprise intellectuelle qui puise sa réflexion à la source de la Cité. Les questions auxquelles elle est confrontée ne sont, à y bien voir, nullement étrangères aux préoccupations quotidiennes des gens : comment faire se lier des individus dans des communautés ? Comment conjurer le désordre ? Comment garantir un ordre juste ? Comment assurer le bien commun ?Qui ne s'est pas un jour interrogé, fût-ce secrètement, sur ces problèmes indécidables ? Tout le monde ou peut s'en faut. La première vertu de la théorie politique est sa dimension citoyenne ; elle consiste à bâtir une réflexion à l'aune des tensions qui innervent la Cité entre le profane et le sacré, le bien et le juste, la liberté et l'égalité, l'individuel et le collectif, etc. Sa deuxième vertu est l'humilité : hissée sur le socle des contradictions qui sourdent de la communauté politique, elle reconnaît sa dette à l'égard de la vie sociale. La théorie politique, pour être dépendante des problèmes spécifiques des communautés, n'invite pas moins à l'exercice du comparatisme, lequel ouvre par définition sur une « remontée en généralité ». C'est en empruntant ce cheminement réflexif qui va du sol rugueux de l'agir à la surface lice du concept que la théorie politique entend répondre à l'une de ses interrogations rectrices : comment les communautés négocient-elles la tension qui les grèvent toutes entre « l'insociable sociabilité de l'homme » d'un côté et le « vouloir vivre-ensemble » de l'autre, la pluralité et la solidarité ? L'entreprise intellectuelle offre une avancée heuristique certaine. Dans ses Essais sur le politique, Claude Lefort a cerné l'objet à travers trois niveaux intimement liés entre eux. Le politique, saisi à travers son dispositif de règles et d'institutions, y apparaît en premier comme une « mise en forme de la coexistence sociale ». Mais le politique n'est pas exclusivement, ni même seulement, un mode d'action par lequel se répartissent le pouvoir, l'autorité et la domination ; il est aussi un système de représentations qui se donne ici les accoutrements du commandeur des croyants, là la figure du corps politique, épousant ici la symbolique pastoral du berger responsable de son troupeau, là celle du Père qui veille sur sa nation. Le politique se présente à ce niveau d'intellection sous la forme d'une « mise en scène de la coexistence sociale ». Claude Lefort repère un troisième niveau d'intelligibilité : le politique comme « mise en sens de la coexistence sociale ». Le politique, ainsi entendu, est l'instance à travers laquelle s'énonce le bien et le mal, le légitime et l'illégitime, le pardonnable et l'impardonnable. Ce niveau permet d'appréhender le politique comme un analyseur du conflit qui s'instaure, dans le sein d'une société, entre des systèmes de valeurs adverses : prônant l'hétéronomie, les uns veulent découler la norme sociale discriminante du Livre ; désirant échapper à la guerre des Dieux, les autres préconisent de soumettre le système des normes à la juridiction de la Raison humaine. Avec son comparatisme radical, la théorie politique convie à confronter les régimes politiques termes à termes (l'Etat absolutiste vs l'Etat de droit ; autoritarisme vs démocratie, etc.) ; ce faisant, elle prémunit des errements de la « thèse de l'incorrigibilité » selon laquelle « une société ne peut être comprise que de l'intérieur ». Les mérites de la théorie politique ne se comptent plus. Mais il en est un qui subsume ses vertus savante et citoyenne : avec son « langage de clarification des contrastes », la théorie politique permet de restituer la dimension inaugurale du Politique par laquelle une société survient à elle-même.

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