Au Maroc, le nom de Ba Mekki est sur toutes les lèvres. Dans les cafés maures comme dans les transports en commun ou encore dans les réunions familiales, toutes les discussions tournent autour de ce guérisseur hors paire, chez qui des milliers de personnes, tout statut social confondu, déferlent chaque jour dans l'espoir de s'en sortir de leur malaise chronique. L'homme qui prétend guérir toutes les maladies, sida et cancer compris, ne cesse de déclarer fièrement aux différents médias locaux et étrangers qu'il a guéri plus de 900 cas de cancer et que les patients touchés par cette maladie chronique, à laquelle les prestigieux laboratoires de la planète n'ont pas encore trouvé de traitement éradicateur, se sont débarrassés totalement de leur maladie par une simple empoignade de ce monsieur. Ce quinquagénaire, à l'allure d'un monsieur tout le monde, est installé un plus loin de la station balnéaire de Skhirat à quelques encablures de Rabat, capitale du royaume chérifien. Lorsqu'on est allé le voir (et voir surtout ce qu'il fait), il était vêtu d'un superbe manteau noir et d'un pantalon taille basse. Et lorsqu'il a su que nous venions d'Algérie, il donna ordre de nous faire passer les premiers. Ce qui fut fait. La malade que nous lui avions présenté souffrait (et souffre toujours) d'une surdité incurable, selon plus d'une dizaine de spécialistes en ORL qu'elle avait vue auparavant. Il lui serra la main comme un banal « bonjour » et caressa sa bouteille d'eau minérale qu'elle n'avait pas omise de ramener suivant les instructions qu'elle avait reçues. C'était les mêmes gestes qui se répétaient avec les 4 à 4500 visiteurs qu'il reçoit quotidiennement. Oui quotidiennement. Ce jour-là, des rumeurs persistantes circulaient dans les interminables chaînes humaines qui se bousculaient au portillon du hangar où il exerce son « métier de guérisseur » disaient qu'un membre de la famille du roi Juan Carlos d'Espagne est attendu par Ba Mekki, car c'est par ce sobriquet qu'il est connu. Une fois notre malade est passée, nous nous sommes rapprochés de lui pour essayer de percer son petit secret, En vain. Toutefois, il nous confia qu'il est « habité par il ne sait quel être de l'au-delà et qu'il essaye de s'en débarrasser pour finir avec cette pratique ». « Je ne manque de rien, je suis un héritier heureux. J'ai commencé à guérir les malades sur insistance des membres de ma famille et de mes amis qui m'ont conseillé de faire profiter aux malades de ce don que m'a donné Allah », nous a-t-il affirmé. Ba Mekki ne perçoit pas d'argent pour les prestations qu'il fournies, il exige seulement un pin de sucre et une bouteille d'eau minérale qu'il caresse avant que le patient ne la consomme durant deux jours consécutifs ; le pin de sucre coûte au maroc 12 dirhams. Une simple multiplication par 4000 visiteurs suffit pour connaître la recette financière quotidienne de ce guérisseur jamais inquiété par les autorités. Visiblement, il ne le sera jamais, du fait qu'il compte parmi ses collaborateurs plus dune trentaine de personnes qu'il paye régulièrement et sa présence dans le quartier a créé sans conteste une ambiance commerciale jamais égalée dans cette localité. Les hôtels, les cafés maures, les restaurants de la région ont depuis l'installation de Ba Mekki quintuplé leur chiffre d'affaires, estime-t-on. Le parking réservé aux visiteurs du cheikh a été cédé à un concessionnaire à raison de 1000 DH (100 euro) par jour, selon notre accompagnateur. Avant de prendre congé de nous, cheikh Tourabi Mekki, (c'est comme ca qu'il se nomme) nous déclara cet étrange « au revoir » : « Dites à vos compatriotes que la guérison du diabète est un jeu d'enfant pour moi ».