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Commémoration du 8 mai 1945
L'histoire de la colonisation otage des présidentielles : et ensuite ?
Publié dans El Watan le 08 - 05 - 2007

10 mai : La commémoration de l'esclavage et de son abolition devrait être relativement consensuelle, si l'on oublie les difficultés opposées à Christiane Taubira lors de la préparation de sa loi de 2001 et les retards dans son application.
Cette loi a eu le mérite d'attirer l'attention sur les insuffisances des programmes scolaires, sans imposer une vérité officielle. Malheureusement, une instrumentalisation de son contenu a suscité une campagne honteuse contre un historien. 8 mai : C'est le 62e anniversaire des manifestations de Sétif et Guelma. Le jour où on fête la Libération, les manifestations tournent à l'émeute et entraînent le massacre de dizaines de milliers d'Algériens. La dernière chance d'une évolution pacifique est perdue, et l'on s'achemine vers les sept ans de sale guerre, qui seront aussi une guerre civile où sombrera la IVe et dont naîtra la Ve République, d'un coup de force, on l'oublie. L'ambassadeur de France a reconnu la gravité des faits en 2005, les travaux des historiens ont établi avec assez de précisions les faits. Mais le silence officiel de Paris sur les crimes demeure. Dans un discours à Lyon le 5 avril 2007, Nicolas Sarkozy déclarait : « ...Je déteste la repentance qui veut nous interdire d'être fiers de notre pays ». Or, il faut rappeler aussi que sous le terme de « repentance » c'est toute critique du passé colonial, vichyste, antisémite qui est exclue par le nouveau président. Pire, dans sa lettre du 16 avril au Comité de liaison des associations de rapatriés, M. Sarkozy, qui lui promettait tout, prêchait pour un retour au « rôle positif » de la colonisation. « Vos ancêtres ont traversé la Méditerranée pour servir la France et pour bâtir un monde nouveau. Chacun peut porter sur leur œuvre le jugement qu'il souhaite. Mais la France doit leur en être et vous en être à jamais reconnaissante. » Dans une phrase ambiguë, il affirme même qu'il est hors de question de « réécrire notre histoire avec l'Algérie », comme si cela relevait d'un pouvoir régalien. Une fois de plus, après la loi du 23 février 2005, les mêmes prétendent dicter leur copie aux historiens. Les mêmes restreignent l'accès des chercheurs aux archives, au point que des documents qui étaient consultables avant 2002 ne le sont plus. Les historiens doivent crier casse-cou. Casse-cou contre l'article 3 de la loi du 23 février 2005 « portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés » qui crée une « Fondation pour la mémoire de l'Algérie et des combats d'Afrique du Nord », dont les fonctions prévoient des interventions dans l'enseignement. Singulier, si l'on pense aux guerres de mémoires qui continuent à opposer rapatriés, harkis, anciens du contingent, activistes de l'OAS, immigrés et anticolonialistes ! Singulière fondation sur laquelle un rapport déposé en juin 2005 n'est toujours pas publié. Le risque est grand de voir les maigres crédits attribués aux universitaires détournés vers cette fondation, où des associations représentant des nostalgiques extrémistes de l'Algérie française chercheraient, comme pour le Mémorial de la France d'Outre-mer à Marseille, à imposer leur point de vue et leur pouvoir. Fondation portée par un ministre des Anciens Combattants qui traite les historiens ayant protesté contre la loi de 2005 de « spécialistes auto-proclamés » et de « pseudo historiens ». Casse-cou encore contre ceux qui oublient la belle formule d'Anatole France selon qui nous devons notre compassion aux victimes et la vérité aux vivants. Ce n'est pas mépriser la douleur des familles des victimes du 26 mars 1962, rue d'Isly à Alger, que d'expliquer les conditions de ce drame. C'est à la demande des commandos de l'OAS, encerclés dans Bab El Oued, que la population d'Alger a cherché à imposer la levée du blocus du quartier par l'armée. Les tirs ont éclaté dans des conditions obscures faisant 46 morts et 200 blessés, dont 20 mourront. La demande par des associations de rapatriés d'accorder le statut de « morts pour la France » à ces victimes est d'autant plus inacceptable qu'on a refusé ce statut à des enseignants chargés des centres d'éducation sociale, assassinés par l'OAS le 15 mars 1962, tels Feraoun, Ould Aoudia et Max Marchand. Il n'y a pas de bonnes et de mauvaises victimes. Il est temps d'en finir avec les manichéismes affrontés ! Les participants de la rue d'Isly ont été victimes aussi bien de provocations de l'OAS que du cynisme de la politique gaulliste. Casse-cou aussi contre ceux qui s'obstinent, sous prétexte d'anticolonialisme, à assimiler coloniser et exterminer, à réduire la colonisation à un crime contre l'humanité, le colonisé au statut de « victime absolue » c'est-à-dire à considérer le FLN et le pouvoir algérien comme au-dessus de toute critique. L'élection du candidat de la droite risque d'être saluée par des feux d'artifice de la banlieue de la « racaille », que les stéréotypes exploités dans la campagne présentent comme les quartiers où « on » voile ses femmes, « on » égorge le mouton dans son appartement, où « on » excise les fillettes : Douce France ! Autre chose est possible. Les citoyens doivent rappeler (et se rappeler d'abord) le modèle de rigueur morale et l'effort de vérité et de justice qu'est le Préambule des accords de Nouméa en 1998. Il soulignait que la colonisation a été une domination étrangère imposée aux populations autochtones, qu'elle a été destructrice des sociétés et des cultures. Mais, sans céder à la démagogie de la « colonisation positive », il refusait de faire des Français de Nouvelle-Calédonie des boucs émissaires en montrant la diversité des raisons de leur émigration, de leur condition et de leurs comportements. Peut-être notre classe politique, si elle en a le temps, devrait-elle lire le manuel d'école primaire issu de ces accords et qui s'efforce d'aider les enfants des diverses communautés à élaborer un devenir commun. Le gouffre entre les études historiques et la crise des mémoires de notre société (comme de la société algérienne) appelle un effort de notre métier, et d'abord l'exigence de la liberté totale de la recherche et de l'enseignement, d'un travail en commun des spécialistes des deux rives.
L'auteur est historien


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