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La face cachée de l'Amérique
Publié dans El Watan le 06 - 12 - 2007


Le cinéaste américain Todd Haynes a été découvert par le grand public en 2003, avec son film Loin du paradis (Far from heaven), un mélodrame d'une facture classique magistrale. Cette œuvre que vient de diffuser Arte est une saisissante chronique de l'Amérique des années cinquante, dominée par le conservatisme et le ségrégationnisme. L'héroïne de Loin du paradis, admirablement incarnée par Julianne Moore, est Cathy Whitaker qui est citée en exemple dans sa petite ville du Connecticut pour ses qualités de mère et d'épouse. Cette image idyllique va se craqueler lorsque Cathy découvre que son époux, Mark, est un homosexuel refoulé et que, dans le même temps, elle se lie d'amitié, à la grande réprobation de son voisinage, avec Raymond Deagan, son jardinier noir. C'est cet éclatement qui est le cœur du film de Todd Haynes : Loin du paradis s'inscrit dans la droite lignée de l'héritage du cinéaste américain d'origine allemande Douglas Sirk. Loin du paradis est assez nettement démarqué des grands classiques de Douglas Sirk que sont Tout ce que le ciel permet (1955) et Mirage de la vie (1959). Cette filiation dit beaucoup de choses sur la profondeur de la culture cinématographique de Todd Haynes qui est né en 1961, autrement dit bien après que Douglas Sirk eut réalisé ses films majeurs. On retrouve cette démarche intellectuelle chez un autre cinéaste américain, James Gray, qui, bien que né en 1969, se réclame pour son nouveau film, La nuit est à nous, de l'influence de Luchino Visconti et de son célèbre chef-d'œuvre Le guépard. Pour autant, James Gray et encore moins Todd Haynes ne sont pas des plagiaires. Ils proposent une vision personnelle de ce monde en étant de ces intellectuels qui ne se résignent pas à voir effacés de la mémoire des références aussi fondatrices que le sont par exemple Rouben Mamoulian, Jean Negulesco ou Willam Diéterlé. Aucun jeune rélisateur ne peut considérer qu'il a inventé le cinéma dès lors qu'il a signé son premier film. C'est valable pour la musique, la littérature ou même le journalisme. Cette humilité est un trait de caractère chez Todd Haynes qui est pourtant un surdoué qui tourne des films depuis l'âge de 24 ans. I'm not here, son dernier film, est un puzzle dans lequel il s'attache à reconstituer les étapes de la vie du chanteur américain Bob Dylan. Il s'était attaché une grande estime avec cette épure que Loin du paradis dans lequel il décortique la face cachée de l'Amérqiue en s'appuyant sur des conventions de prime abord hollywoodiennes. Loin du paradis frise d'une certaine manière l'académisme esthétique mais c'est pour mieux porter l'exposition à l'écran de thèmes aussi violents que le racisme ou la sexualité, des thèmes certes récurrents dans le cinéma américain mais réprouvés par le puritanisme ambiant. Todd Haynes a construit, avec Loin du paradis, un film grand public et particulièrement démonstratif à l'égard du choc des sentiments qui agitent son héroïne Cathy Whitaker qui est confrontée à l'épreuve de la transgression à travers son époux Mark et son jardinier noir Raymond Deagan. Dans le paroxysme de cette double épreuve, Cathy Whitaker perd pour ainsi dire son innocence et découvre qu'il y a des frontières infranchissables pour une femme de province des années cinquante comme elle. Loin du paradis, en décrivant toute l'âpreté du contexte sentimental et racial de cette époque, reste d'une grande pudeur et dépourvu d'une intention de choquer gratuitement. Todd Haynes s'était pourtant taillé une réputation d'iconoclaste au début de sa carrière de cinéaste en signant des films centrés sur des personnages comme Rimbaud et Verlaine ou Jean Genet. Avec Loin du paradis, Todd Haynes fait aimer aux spectateurs cette mouvance classique du cinéma américain que n'a pas illustrée uniquement Douglas Sirk, mais qui fut aussi brillamment défendue par Charles Vidor, Frank Borzage et tant et tant d'autres cinéastes éminents totalement tombés aujourd'hui dans l'oubli. En marchant sur les traces d'un Douglas Sirk, Todd Haynes prouve avec éclat que ni le passé ni l'avenir du cinéma ne peuvent se résumer à un culte du jeunisme : la culture n'a pas d'âge.

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