Le diplomate sahraoui parle d'un véritable « état de siège » dans les villes de S'mara, El Ayoun et Boudjdour où il y a eu plus d'une quarantaine de blessés suite à l'intervention des forces de l'ordre du makhzen. Si le Maroc persiste dans sa politique d'arrogance et de négation du droit, la seule chose qui reste possible est le déclenchement de la lutte armée », a averti hier l'ambassadeur de la RASD à Alger. Le diplomate sahraoui, qui nous a reçu en son siège, à Alger, pense que l'année 2008 pour la question sahraouie « est celle de la paix ou de la reprise de la lutte armée ». « Nous donnons au Maroc une dernière chance » a-t-il averti, rappelant les différentes solutions déjà initiées – le plan de règlement, les accords d'Houston (1997), le plan Baker (2003) – afin de parvenir à l'autodétermination que le Maroc n'a pas saisi. Catégorique, Beisset estimera que « si le Maroc ne saisit pas la chance qu'offre la résolution 1754, il a raté toutes les chances ». La résolution 1754, a-t-il rappelé, appelle les deux parties, le Maroc et le Front Polisario, à engager « des négociations directes » sous l'égide des Nations unies. Le but de ces négociations est de « parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette d'assurer l'autodétermination du peuple du Sahara occidental ». Dans le cas contraire, « le Maroc doit comprendre qu'on n'a pas peur de lui, il doit comprendre qu'il n'a qu'une seule armée, les FAR qu'on a vaincues à Guelta Zemour et Ouergziz et une seule diplomatie qu'on a fait sortir d'Addis-Abeba », a encore averti le diplomate sahraoui. M. Beisset rappelle qu'« entre le Maroc et la RASD, il n'y a jamais eu de traité de paix signé, il y a juste le cessez-le-feu comme une étape pour la préparation du référendum ». Cependant, regrettera-t-il, « le Maroc viole ce cessez-le-feu à partir du moment où il nie sa finalité qui est d'organiser un référendum ». M. Beisset réitère la « bonne foi » des Sahraouis d'aller au troisième round des négociations, prévues les 7, 8 et 9 janvier à Manhasset, New York. Pour lui, « ce n'est pas le nombre de rounds qui compte mais la volonté politique du Maroc, si ce dernier persiste dans sa logique de négation du droit, les négociations n'ont aucun sens ». « On a été à Tifariti, car les négociations doivent aboutir à l'indépendance », a-t-il souligné. Le diplomate sahraoui estimera par ailleurs que toutes les tentatives propagandistes marocaines pour faire échouer le congrès du Front Polisario qui s'est tenu à Tifariti du 14 au 21 décembre ont été vouées à l'échec. A ses yeux, le Maroc a subi « un échec cuisant » dans sa politique propagandiste et « toutes ses tentatives qu'il a entamées pour décréditer le congrès se sont avérées vaines ». Il cite, à ce titre, la tournée du roi au sud du Maroc, la réunion des deux chambres du parlement marocain, la sensibilisation du Corcas… pour faire pression afin que le congrès ne se tienne pas. Au contraire, « cette propagande a profité au Polisario et contribué à la concrétisation de ses objectifs », estimera M. Beisset. Ce faisant, le Maroc poursuit sa politique répressive à l'égard des Sahraouis des territoires occupés du Sahara occidental. Le diplomate sahraoui parle d'un véritable « état de siège » sur les villes de S'mara, El Ayoun et Boudjdour. Après son échec de saborder le congrès, « le Maroc s'est tourné vers la répression de nos compatriotes », regrette M. Beisset. Selon lui, à S'mara, une vingtaine de maisons ont été saccagées et il y a eu plus d'une quarantaine de blessés suite à l'intervention des forces de l'ordre du makhzen qui ont séquestré les Sahraouis, Saïd et Bilal. 25 blessés, dont de nombreuses femmes, est le bilan de la nouvelle vague de répression marocaine contre les familles des 15 disparus sahraouis de 2005 à El Ayoun. Ces familles, soutenues par une centaine de citoyens scandant des slogans soutenant l'autodétermination, ont organisé au quartier Mâatallah, mardi 25 décembre 2007, un sit-in pacifiste pour réclamer à l'Etat marocain de révéler leur sort. Ce sit-in pacifiste s'est transformé en quelques minutes en une grande manifestation populaire avec des drapeaux de la RASD et des slogans réclamant le départ immédiat du Maroc des territoires sahraouis occupés. La réponse des forces de répression marocaines fut très violente et barbare et a fait plus de 25 blessés dont de nombreuses femmes sans parler des hommes qui ont été arrêtés, torturés dans les engins des forces de répression marocaines et abandonnés en dehors de la ville d'El Ayoun. A ce jour, les répressions dans les villes occupées du Sahara occidental se sont soldées par 47 prisonniers politiques et plus d'une centaine de blessés.
