Début février, à l'invitation des éditions Sédia, le lauréat du Renaudot rencontrera ses lecteurs algériens. Considéré comme l'un des meilleurs auteurs actuels, Philippe Claudel est également un passionné du cinéma. Né en 1962, cet agrégé de lettres enseigne à l'Institut européen du cinéma et de l'audiovisuel de Nancy. Attaché à sa Lorraine natale, il a publié en 1999 Meuse l'oubli, premier roman qui, tout de suite, l'a signalé comme un écrivain racé et lui a ouvert les portes du succès littéraire, suivi la même année de Quelques-uns des cent regrets. En 2000, il publie J'abandonne qui lui vaut le Prix littéraire France Télévisions. Il écrit en 2001 Le Bruit des trousseaux, inspiré de son expérience de professeur en milieu carcéral et Les Petites mécaniques, nouvelles récompensées par la Bourse Goncourt. Avec Les âmes grises en 2003, il obtient le Prix Renaudot, consécration qui ne vient que sanctifier un succès déjà large auprès des lecteurs. Notons que la traduction arabe de ce livre a été publiée à Alger fin 2007 par Sédia. Philippe Claudel est également l'auteur du fameux roman La Petite fille de Monsieur Linh (2005), adapté au cinéma par Richard Berry avec Gérard Depardieu en tête d'affiche. Ce film vient confirmer l'attrait du cinéma pour cet auteur puisque Les âmes grises, a donné déjà un long-métrage de Yves Angelo. Mais il y a aussi l'attrait de cet auteur pour le cinéma puisqu'il a tourné lui-même l'an dernier le film Il y a longtemps que je t'aime, avec la sublime Kristin Scott-Thomas et Elsa Zylberstein. Romancier, nouvelliste, professeur de littérature et de cinéma, scénariste, réalisateur, Claudel, au gré des genres, reste le même. Un homme du Nord habité par la chaleur provençale de son écrivain préféré, Jean Giono. Un fin observateur de la nature humaine avec un détachement qui révèle encore mieux son émotion. Un talent pur dans la grande tradition du roman. Il l'a confirmé encore avec Le Rapport de Brodeck paru l'an dernier et couronné par le Goncourt des Lycéens. Un roman d'atmosphère dans un village de montagne après la Deuxième Guerre mondiale. Ambiance ténébreuse où pourtant la vie reprend sans cesse ses droits. Ecrit à la première personne, on y retrouve cette phrase simple et forte, à l'image de son écriture : « De tous les dangers, celui de la mémoire est l'un des plus terribles. » C'est le récit de l'assassinat collectif d'un homme, installé récemment au village, plus ou moins étrange, et qui s'est vu logiquement, nommer « l'Anderer » (l'autre). Le seul habitant à savoir écrire, un certain Brodeck, est charge de rédiger un rapport sur le crime. C'est ce récit, alternant entre procès-verbal, journal intime, et carnet de notes, qui constitue la matière du roman et en justifie le titre. Tandis que se révèlent les dessous du village, dominé par une chappe de silence et de peur, et que des éléments du meurtre commencent à être réunis, c'est aussi le rédacteur du rapport qui se livre. On découvre ainsi l'incroyable et terrible vie de Brodeck qui a survécu aux atrocités de la guerre au prix de son avilissement. Ses faiblesses, ses désirs, ses bassesses, sa sincérité aussi dressent un portrait d'une rare intensité où la plume de Claudel donne sa pleine mesure. Assurément, il s'agit là d'une œuvre majeure. C'est pour la parution du livre en Algérie que les éditions Sédia l'ont invité du 4 au 6 février. Nombreuses rencontres avec lui à la Bibliothèque nationale (le 4 et le 5 à 15 h), au CCF (le 5 à 17 h), à l'Ecole supérieure des Affaires (oui, le 6 à 9 h) et à la librairie du Tiers-Monde (à 15 h)*. Les amoureux des belles lettres, comme les passionnés d'image pourront découvrir une personnalité que l'on dit aussi attachante que ses œuvres. * Voir détails sur le nouveau site de Sédia : www.sedia-dz.com.
