Les demandes de reconnaissance de la qualité de moudjahid ne seront plus traitées. Le ministère des Moudjahidine a décidé de suspendre définitivement cette opération. « L'opération ne peut pas durer éternellement. 45 ans, c'est suffisant, et le dossier est clos », lance le ministre en charge du secteur, Mohamed Cherif Abbas, en marge d'une rencontre consacrée à la finalisation du programme des festivités du 46e anniversaire de la fête de la victoire (19 mars 1962). Une rencontre organisée hier au siège du ministère à Alger. La déclaration du ministre intervient au moment où la famille des moudjahidine évoque « le blocage de près de 40 000 dossiers de reconnaissance de la qualité de moudjahid déposés au niveau du ministère ». Une information démentie par Mohamed Cherif Abbas qui affirme qu'« il s'agit de dossiers incomplets ou non conformes ». Evoquant la loi du moudjahid et du chahid, l'orateur explique que ce texte n'est pas récent, mais ce sont certains de ses articles qui n'ont pas été appliqués. « La loi en question n'est pas récente puisqu'elle date de 1999, certains articles n'ont toutefois pas été appliqués du fait de l'indisponibilité des fonds nécessaires. Maintenant que les fonds sont disponibles, nous avons donné des instructions en vue de l'application de ces articles », affirme-t-il. Ainsi, précise-t-il, les pensions instituées en vertu de cette loi arriveront aux ayants droit dans les plus brefs délais. « Le ministère tente, avec les directions de wilaya, de résoudre cette question et permettre aux enfants de chouhada de percevoir les pensions qui leur sont attribuées », souligne-t-il. Cherif Abbas Interdit d'évoquer les questions de l'histoire ? Le ministre des Moudjahidine se garde de parler des questions liées au contentieux historique entre l'Algérie et la France. Ayant été déjugé publiquement par le président de la République après avoir critiqué, en décembre 2007, le président français Nicolas Sarkozy, Mohamed Cherif Abbas évite désormais d'évoquer les sujets inhérents au colonialisme français. Aux journalistes qui lui ont demandé sa réaction par rapport aux déclarations de l'ambassadeur de la France à Alger, selon lesquelles « l'Algérie n'a jamais formulé des demandes officielles pour l'indemnisation des victimes des essais nucléaires de Reggane et pour la récupération des plans de pose des mines », le ministre refuse de commenter. « Il faut poser la question au chef du gouvernement et au ministère des Affaires étrangères », dit-il. Simple décision personnelle ou a-t-il reçu des instructions dans ce sens ? Mohamed Cherif Abbas, rappelons-le, a été écarté du protocole d'accueil du président français Nicolas Sarkozy lors de sa visite à Alger le 3 décembre 2007. Par ailleurs, Mohamed Cherif Abbas réaffirme que « l'Algérie demande toujours la récupération de toutes les archives de la révolution ».