« L'audiovisuelle amazigh en Algérie : quel avenir ? » C'est à cette question lancinante à laquelle ont tenté de répondre les participants au colloque qui les 13 et 14 juin à Tlemcen, à l'initiative du Haut commissariat à l'amazighité (HCA). Enseignants universitaires, chercheurs et étudiants ont tenté de cerner la problématique relative à l'avenir, voire au devenir de l'audiovisuel amazigh dans notre pays, à la lumière des développements des technologies de l'information et de la communication. Dans son intervention, Youcef Merahi, secrétaire général du HCA a mis l'accent sur la nécessité « De faire le tour du pays de telle sorte que l'esprit de l'amazighité puisse être au contact de l'Algérie profonde. Dans le même sillage, il a souligné qu'afin de pérenniser la langue amazighe, il faut lui assurer un statut à l'école, tout comme elle doit être socialisée à travers les différents canaux de communication. « Les radios locales doivent disposer d'au moins deux heures de programmes typiquement amazigh pour que notre langue ne soit pas circonscrite dans les régions berbérophones », a-t-il expliqué. M. Merahi a, en outre, estimé nécessaire d'introduire cette langue dans le système de communication, parce qu'à l'heure qu'il est, elle est orpheline dans les différentes politiques culturelles et éducatives nationales. « On demande à ce que la langue amazighe ait un statut à l'école. La communication doit être aussi un vecteur de tout ce qui se rapporte à l'amazighité en terme de civilisation et de philosophie », a-t-il souligné. A partir de là, et de là seulement, qu'on aura fait un grand pas qualitatif vers l'avenir. Soulignons que l'institution que dirige M. Merahi a revendiqué à maintes reprises la création d'un journal public de graphie amazighe. « On a sollicité qui de droit, mais on a répliqué qu'il n'y a pas assez de moyens humains pour assurer son fonctionnement. Le Haut commissariat à l'amazighité est disposé à mettre à leur disposition des journalistes », a-t-il précisé. Et d'ajoute : « Je suis gêné, voire agressé quand je lis dans les enseignes deux langues étrangères, alors que notre langue n'y est pas », a-t-il souligné. Cela étant, le même orateur a soutenu qu'il est « grand temps de sortir de cette ornière et de cette logique qui veulent que la langue amazighe soit orpheline dans son propre pays. Plusieurs communications ont été présentées. A titre indicatif, Kahina Yedjed de l'université de Bejaia a discouru sur la question traitant de « L'imaginaire autour de la télévision d'expression amazighe », tandis que Salima Maouche-Kefti du département d'anglais de la même université a donné les résultats d'une enquête à propos de radio Sommam. A l'issue des conférences, le débat a porté sur le statut de la langue, mais aussi, et surtout, les caractères avec lesquels celle-ci devra s'écrire. Il faut dire que ces dernières années, on assiste à un certain développement de l'audiovisuel d'expression amazighe dans notre pays, notamment dans ses filières de radiotélévision et de cinéma, où on a vu la création d'une chaîne de télévision d'expression amazighe et d'une radio locale à Tizi-Ouzou. Aussi, ce colloque, selon ses organisateurs, se propose-t-il d'étudier la problématique de la nécessité de la modernisation des filières audiovisuelles, en offrant des grilles de programmes convaincants pour ne pas fuir les publics ciblés. D'autres conférenciers devaient d'ailleurs intervenir pour débattre, entre autres, de la place de la langue amazighe dans les médias français ainsi qu'une étude lexico-sémantique des noms des émissions de la chaîne II.