Où vont les déchets issus de travaux de démolition et de construction (gravats, débris de béton, briques, céramiques), terrassements et excavations (terres non contaminées) ou rénovations (résidus tels que pierres, carreaux et matériaux similaires), effectués par des entreprises ou des particuliers ? Cette question intéresse des Algériens, porteurs de projets, qui veulent investir dans la filière de valorisation des déchets inertes.S'ils veulent investir dans ce créneau c'est qu'il est rentable pour eux-mêmes mais aussi pour la société. C'est un créneau qui fait partie de l'économie circulaire encouragée par la nouvelle loi sur les déchets, et par les discours des responsables, aussi, et qu'il faut traduire dans la réalité. C'est la tâche des autorités locales. La première facilité est accordée par la loi que nul n'est censé ignorer : «Quiconque dépose, jette ou abandonne des déchets inertes sur tout site non désigné à cet effet, notamment sur la voie publique, est puni d'une amende de vingt mille (20.000 DA) à quatre-vingt-dix mille dinars (90.000 DA).» C'est la loi qui le dit. Il s'agit de l'énoncé de l'article 57 de la loi du 20 février 2025, toute récente donc, qui a modifié et complété la loi du 12 décembre 2001 relative à la gestion, au contrôle et à l'élimination des déchets, mais cet article 57 est resté inchangé. Depuis 2001, il est explicitement interdit d'utiliser la voie publique comme décharge de déchets inertes, qui sont «tous déchets provenant notamment de l'exploitation des carrières, des mines, des travaux de démolition, de construction ou de rénovation, qui ne subissent aucune modification physique, chimique ou biologique lors de leur mise en décharge, et qui ne sont pas contaminés par des substances dangereuses ou autres éléments générateurs de nuisances, susceptibles de nuire à la santé et/ou à l'environnement», telle qu'ils sont définis par la loi. La loi stipule également que la collecte, le tri, le transport et la mise en décharge des déchets inertes sont à la charge de leurs générateurs. Des centres d'enfouissement techniques (CET) destinés à accueillir les déchets inertes existent en Algérie, peut-être pas partout, mais c'est aux entrepreneurs et particuliers qui génèrent ces déchets à savoir où se trouvent ces CET et à s'y adresser pour se débarrasser de leurs déblais. Des porteurs de projets sont prêts à faire ce travail, pour peu que la voie soit libre pour qu'ils lancent leurs initiatives à contenu économique et à portée sociale. Les spécialistes affirment que «les bonnes pratiques de gestion des déchets inertes (qui s'appliquent également à la gestion de tout type de déchets issus de chantiers du BTP) correspondent à une gestion intégrée des déchets sur les lieux mêmes de production que sont les chantiers (prévention, réemploi et réutilisation), et une évacuation des déchets en appliquant la hiérarchie des modes de traitement (dans l'ordre recyclage, valorisation matière, autres valorisations et stockage)». Certaines filières plus spécialisées valorisent des déchets inertes en matériaux de construction reconstitués, comme les briques recyclées ou les pavés de voirie. Les spécialistes disent que les déchets inertes sont des matières premières pouvant être valorisées de deux manières : le réemploi et la substitution de matériaux, consistant à reprendre les enrobés existants afin de les utiliser dans la fabrication de nouveaux enrobés – sur le même chantier ou non – à des fins de réaménagement de carrières ou dans le cadre d'un projet architectural, voire paysager ; par des actions de gestion optimisées des matériaux d'un site conduisant au recyclage. En quoi cela consiste ? Récupérer les déchets issus de la démolition d'un bâtiment en vue de les transformer en matériaux alternatifs. Concasser des déchets permet d'en faire du gravier, des granulats, de les réutiliser pour consolider les infrastructures ou de fabriquer des sous-couches. Des Algériens veulent et estiment pouvoir le faire, alors autant les encourager. Facteur favorable : la loi interdit de jeter les déblais n'importe où; les «générateurs» de déchets inertes sont contraints de s'adresser aux entreprises spécialisées pour prendre en charge cette tâche. La Stratégie Nationale de la Gestion Intégrée et de la Valorisation des Déchets à l'Horizon 2035 (SNGID 2035) prévoit de valoriser 60 % des déchets inertes. Qui va le faire, si ce n'est les entreprises qui investissent dans ce créneau ?