De nos jours, pour surmonter les longues journées d'été, la soif et la torpeur qui en résultent, on consomme toutes sortes de boissons fraîches, de jus et de cocktails. Mais la tradition veut que l'on s'en tienne à l'eau parfumée à l'huile de cade. Cette coutume ancienne persiste encore dans quelques régions et chez certaines familles. Pour obtenir une eau fraîche et bonne, il suffit de verser quelques gouttes d'huile de cade dans le fond d'une cruche en argile cuit et la remplir d'eau. Mais pour que l'eau reste nette et propre, il faut, d'abord, pencher la cruche dans tous les sens afin que l'huile s'étale bien à l'intérieur. « El Qatran », de son nom populaire, est encore en vente dans les vieilles épiceries ou les marchés populaires. Le plus souvent, dans de petits flacons en verre surmonté par un petit bouchon de liège. Cette huile, dont la texture ressemble plus à du goudron, est extraite de la souche de genévrier. Dans la Rome antique, les feuilles de cette même plante servaient à décorer les portes d'entrée et parfumer les maisons. Présente aussi en Algérie, notamment dans les régions marquées par le passage romain, on utilise encore le genévrier pour parfumer l'eau en été. « Mes parents et mes grand-parents mettaient des branches de cette plante dans des cruches le soir pour trouver l'eau bien fraîche au réveil », raconte Amine de Tipaza. Bien enraciné dans les traditions des Algériennes, cet ingrédient s'est étroitement lié à nos superstitions. à la nuit du 26 au 27 Ramadhan, il est dit que les djinns sont relâchés, c'est pourquoi nos grands-mères utilisaient l'huile de cade pour dessiner une croix byzantine sous le pied. « C'est une tradition que nous avons hérité de nos ancêtres, l'odeur de El Qatran empêchera les djinns de nous frapper », explique Meriem.