Abdelkader Bensalah, le président du Conseil de la nation, accompagné par Abdelkader Messahel, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, représente l'Algérie, « l'invité spécial » de ce sommet, qui célèbre l'apport de l'Afrique à la francophonie. Au menu de ce sommet qui se tient pour la première fois dans la région des Grands Lacs : « Francophonie, enjeux environnementaux et économiques face à la bonne gouvernance ». Mais deux thèmes se sont imposés à ce sommet qui prendra fin aujourd'hui : le conflit opposant l'armée congolaise aux mutins du M23 dans l'est du pays, une région riche en minerais, et l'occupation par des groupes islamistes armés du nord du Mali, une région, elle aussi, riche en minerais. « Pour résoudre la crise à l'est du pays, toutes les options sont sur la table : politiques, diplomatiques et militaires » déclare, en ouvrant les travaux, Joseph Kabila, le président congolais. « Une guerre injuste » nous est « imposée » par « des forces négatives à la solde d'intérêts extérieurs », dit-il. « Pendant que notre peuple se dépense sans compter pour l'amélioration de ses conditions de vie, des forces négatives à la solde d'intérêts extérieurs ont depuis quelques mois entrepris de déstabiliser notre pays dans la province du Nord-Kivu (est) », ajoute-t-il, sans répondre aux critiques pour violations des droits de l'homme ou citer le Rwanda que des experts de l'ONU ont récemment accusé de fournir un soutien militaire aux rebelles. Kigali dément. « Le Rwanda refuse, qu'on essaie de simplifier un conflit intra congolais, qu'on essaie de l'étendre à la région et surtout de l'impliquer négativement. On ne va jamais l'accepter. Nous avons autant besoin de paix que le Congo », déclare Louise Mushikiwabo, la ministre des Affaires étrangères de Kigali. Grosse satisfaction pour Kabila : le président français François Hollande a réaffirmé, dans son intervention, l'intangibilité des frontières de la République démocratique du Congo. « Elles doivent être respectées », dit-il, et d'expliquer le sens qu'il donne à la francophonie. « Notre valeur commune, c'est la langue française. La francophonie porte des valeurs, des principes, des exigences. C'est un message de liberté. C'est un espace de rayonnement, de promotion de valeurs, d'ouverture, d'échanges économiques, sociaux et culturels. C'est enfin un lien entre les générations », dit-il après avoir annoncé la veille à Dakar « la fin de la Françafrique », « sa foi en l'avenir du continent noir, de son économie et de sa jeunesse et sa volonté d'entretenir une relation sincère » avec les Africains qui pourraient représenter, en 2050, 85% des 715 millions de francophones dans le monde et le positionnement de la France aux côtés « des défenseurs des droits de l'Homme ». Abdou Diouf, le SG de la francophonie, a vivement dénoncé le « déficit de démocratie dans les relations internationales ». Pour exemples, il cite le « report sine die » de la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies, de la réforme du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, « instances où l'Afrique doit occuper la place qui lui revient de droit », dit-il. Les débats sur le Mali se poursuivront aujourd'hui. Après la résolution du Conseil de sécurité qui donne 45 jours aux pays ouest-africains pour préciser leurs plans pour un déploiement d'une force internationale dans le nord du Mali, la France compte recueillir à Kinshasa une autre. Comme François Hollande, Abdou Diouf, l'ancien président sénégalais, prône « une solution militaire ».