Une cérémonie a été organisée, à cet effet, par l'Association nationale des anciens condamnés à mort 1954-1962 à laquelle ont pris part d'anciens moudjahidine et condamnés à mort durant cette période. Le président de cette association, M. Mostefa Boudina, a indiqué que les trois militants algériens ont été guillotinés « le même jour, à la même heure, par le même bourreau, la même guillotine, le même ennemi et pour la même cause ». Il a précisé qu'« exactement à 4h 45 dans l'enceinte de la Maison d'arrêt d'Alger, les militants de la cause algérienne Iveton (31 ans), Lakhenache (26 ans) et Ouennouri (30 ans) avaient été exécutés parce qu'ils croyaient en l'Indépendance de l'Algérie ». Iveton, qui faisait partie du groupe du Champ-de-Manoeuvre (Place du 1er-Mai) comprenant M'hamed Hachellaf, Boualem Makhlouf et Félix Collizi, avait été arrêté par les forces de sécurité françaises, le 14 novembre 1956, après avoir déposé une bombe au niveau de l'usine de gaz (EGA) d'El Hamma à Alger où il travaillait. Approché par l'APS, Félix Collizi (83 ans) a confié que ses compagnons d'armes, Iveton et Makhlouf ainsi que lui-même avaient été arrêtés le même jour, rappelant que la bombe avait été découverte, avant qu'elle n'explose, par le contremaître de l'usine qui soupçonnait Iveton. Collizi a indiqué que la bombe avait été déposée dans un local désaffecté de l'usine et réglée pour exploser en dehors des heures de travail. « Malgré cela, Iveton a été condamné à mort alors que nous, ses complices, Hachellaf (arrêté en juin 1957), Makhlouf et moi-même, avons été inculpés pour incendie volontaire », a-t-il témoigné. Pour Collizi, Iveton avait été guillotiné par le pouvoir colonial « pour servir d'exemple », 75 jours seulement après sa condamnation, rappelant que François Mitterrand, alors Garde des sceaux avait refusé de le gracier. Iveton, qui vivait à Clos Salembier, était l'ami d'Henri Maillot et avait milité au sein du Parti communiste algérien. « Iveton était profondément humaniste et savait ce qu'il voulait », a confié de son côté son ancien compagnon, Taher El Hocine, qui rappela qu'Iveton fut l'un des rares Européens à se joindre à la grève générale qui éclata le 5 juillet 1956 marquant le 126e anniversaire du débarquement des troupes françaises à Sidi Ferruch. Dès le lendemain, 3 000 Algériens furent licenciés. La cérémonie de recueillement a été l'occasion de rendre un vibrant hommage à Mohamed Lakhenache (né à Biskra), condamné à mort pour sa participation à une opération armée qui a fait un blessé le 7 novembre 1956 au niveau de la rue Eugène-Robes (BEO). L'ex-place Jean Mermoz porte, actuellement, son nom à côté du lycée Emir Abdelkader (Bab El Oued). Un hommage a été également rendu à Mohamed Ouennouri (né à Béjaïa) qui a été arrêté le 20 juin 1956 puis guillotiné pour une attaque armée contre des policiers à Alger.