Le 21e sommet africain, qui s'est ouvert, hier, à Addis-Abeba, en présence du Premier ministre Abdemalek Sellal, marque une étape importante dans l'histoire de l'Afrique libérée du joug colonial, au prix de lourds sacrifices, et interpellée par les défis décisifs des mutations politiques et économiques. Le rêve du panafricanisme fonde la quête de la nouvelle Afrique voulue « forte et unie », bannissant le recours à la force pour la conservation ou la conquête du pouvoir, soucieuse d'un avenir de paix et de stabilité et, plus que jamais, interpellée par les exigences incontournables du Nepad de la croissance à 3%. Une relance qui s'appuie sur le développement solidaire et participatif impliquant notamment la société civile et les compétences managériales des élites, issues de la diaspora. Cette vision, impulsée depuis le sommet d'Alger, concrétise la démarche africaine porteuse de belles espérances démocratiques et de progrès économique et social valablement consacrés par l'expérience algérienne en matière de transition démocratique, amorcée il y a plus de deux décennies, du combat douloureux contre le terrorisme et de la réconciliation pleinement consacrée. Elle continue le long combat pour l'émancipation africaine tout naturellement incompatible avec la survivance des systèmes coloniaux. En ce cinquantenaire africain, il est tout à fait dans l'ordre des choses que le bilan anticolonial pose la problématique du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, réaffirmé dans le projet de décision présenté par la présidente de la commission sur la situation au Sahara occidental. C'est également le cas du rapport établi sur le Moyen-Orient et la Palestine dans lequel les pays de l'Union africaine se sont déclarés « profondément préoccupés par la poursuite de l'occupation continue des territoires palestiniens et arabes par Israël en violation du droit international ». Dans le canevas du 21e sommet, les 16 points inscrits à l'ordre du jour, approuvés par le Conseil exécutif regroupant les ministres des Affaires étrangères (22/24 mai), les idéaux de paix et de stabilité posent avec acuité la question lancinante du Sahel et du Mali, de fait au centre des discussions. A l'épreuve de la déstabilisation sous toutes ses formes, l'Afrique joue la carte de la survie et de son devenir unitaire, menacé tant par les velléités de redéploiement d'al Qaïda au cœur de l‘Afrique que les formes d'ingérence extérieures. Dans son intervention sur le thème « l'Etat de la paix et de la sécurité en Afrique », M. Abdemalek Sellal, condamnant fermement les attentats terroristes « inqualifiables » commis au Niger, a estimé que « l'implication de l'Afrique est fondamentale dans toutes les phases du processus de résolution de la crise malienne, qu'il s'agisse du processus politique, du dialogue et de la réconciliation nationale, des élections ou de la mobilisation du soutien de la communauté internationale ». C'est que le développement, étroitement lié à la sécurité et à la stabilité de l'Afrique, reste une préoccupation majeure. Dans l'agenda du 21e sommet, la mise en œuvre du plan stratégique 2014-2017 impose la mobilisation des ressources financières et des potentialités humaines et matérielles. De « nouveaux sacrifices » pour garantirun un avenir meilleur pour le continent. Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest, l'Algérien Saïd Djinnit, reste confiant sur les chances de réussite. Il considère que « l'Afrique a entamé une longue période de transformations multiples et multisectorielles (politique, démocratique, démographique, social et culturel) ». Il lui faudra, selon lui, du temps pour se mettre debout.