Tel est le message de Mme Akila Gueroudj, secrétaire générale de l'ANSFA qui a animé, hier, une conférence-débat sur l'identité de la sage-femme, au forum d'El-Moudjahid. Pour atteindre les objectifs du millénaire, Mme Gueroudj a rappelé que la sage-femme est un maillon incontournable du secteur de la santé qui doit bénéficier d'une couverture juridique, d'une formation continue et de la considération comme les autres corps médicaux. Or, les problèmes que rencontre la sage-femme dans l'exercice de son métier, la pression qu'elle subit, le manque de matériel auquel elle doit faire face pour accomplir son travail, sont tels qu'elle finit, comme tout être humain, à commettre des fautes professionnelles. « 75% des sages-femmes sont traduites en conseil de discipline », dira Mme Gueroudj. C'est pour cela qu'il est impératif aujourd'hui qu'elles aient leur propre Conseil de l'Ordre qui fera le listing des actes médicaux et arbitrer en cas de plainte. « C'est l'une de nos revendications restées sans suite malgré notre insistance pour sanctionner les sages-femmes qui manquent à leur devoir », a soutenu Mme Gueroudj. « Mais tant que la nouvelle loi sanitaire n'est pas promulguée, il n'y a aucune possibilité de mettre sur pied le Conseil de l'Ordre des sages-femmes », nous a rétorqué le chef de cabinet du ministère de la Santé. Avec la nomination d'un nouveau ministre, l'ANSFA revient à la charge pour solliciter l'ouverture de négociations sur ce sujet. Dans le nouveau statut, c'est à la sage-femme qu'échoit la direction du service de maternité, étant donné qu'elle est le maillon le plus important d'une longue chaîne pour assister les parturientes. Mais le décret tarde à être appliqué, soit par ignorance soit par négligence, soutiendra Akila Gueroudj. « C'est pour cela que l'ANSFA tire la sonnette d'alarme, tant il y a encore des décès de femmes, de bébés, la multiplication de césariennes, le manque d'équipement pour les blocs opératoires, les conditions de travail lamentables, l'hygiène hospitalière déplorable et l'absence de stérilisation du matériel. cette situation ne contribue pas à faire de nous des sages-femmes modèles », a ajouté Mme Bentobbal Houda, du CHU Ben-Badis de Constantine. Dans son service, il est pratiqué, en 24 heures, entre 40 et 50 accouchements. Il y a un déficit flagrant en sages-femmes en Algérie d'où la nécessité d'en former d'autres, d'assurer la formation de base ainsi que la formation continue. Pour cela, l'Union européenne a signé un partenariat pour l'application des réformes hospitalières pour une aide de 15 millions d'euros destinés à l'hygiène et à la formation. Toutefois, les sages- femmes ont été tout bonnement exclues de ce recyclage. Mais le hic, c'est que dans les objectifs du millénaire, elles sont concernées par 15 chapitres dont la lutte contre les grossesses à risque, la promotion de l'allaitement maternel, la vulgarisation de la contraception...etc.