« Les critères de classement de cette organisation restent contestables », a estimé M. Mokhtari en marge d'une journée d'étude sur la corruption, organisée, hier, par le ministère de la Justice au profit des juges élèves. Le responsable a estimé que ce rapport a des buts inavoués. « Transparency International a pris en compte, dans le classement, les avis des hommes d'affaires. J'estime que le classement cache aussi des enjeux économiques et stratégiques », a-t-il déclaré. Et d'ajouter : « Nous devrions avoir notre propre auto-évaluation qui prenne en compte d'autres aspects et la spécificité de notre pays. » Il a fait savoir que la Convention des Nations unies contre la corruption (Uncac) ne prévoit pas de classement mais une évaluation. Sur ce point, il a rappelé que l'Algérie a fait l'objet d'un examen de l'application de l'Uncac par des experts nigériens. Devant les juges élèves, M. Mokhtari a rappelé la nécessité de définir la corruption. « Il s'agit d'un phénomène très complexe », a-t-il estimé. En ce sens, il a rappelé les mécanismes juridiques mis en place par l'Algérie, notamment la loi 01/06 en 2006. « La convention onusienne prévoit 11 infractions alors que la loi de 2006 en prévoit 24 », a-t-il souligné. Le responsable a plaidé pour la prévention à travers la lutte contre les risques de corruption à tous les niveaux et le développement et le renforcement du sentiment de la citoyenneté. « La lutte contre la corruption nécessite, en premier lieu, la limitation des risques de corruption », a soutenu le directeur des affaires pénales, précisant que la corruption se répercute sur la stabilité des pays, faisant référence aux Etats qui ont vécu « le printemps arabe ». Evoquant la corruption systémique, qui est le résultat de l'absence de contrôle et de transparence ainsi que de la violation du principe de la neutralité, il a estimé que la lutte contre ce fléau est devenue l'une des priorités des gouvernements après la révolution arabe, ce qui nécessite une définition commune de la corruption. Le directeur est revenu sur le projet de loi sur la protection des témoins dans les affaires de corruption, qui est en cours d'étude. Toutefois, il a signalé que les lettres anonymes adressées aux services concernés sont pour la plupart calomnieuses. 60% des élus locaux ont procédé à la déclaration de leur patrimoine Au cours de cette journée d'étude, un représentant de l'Organe national de prévention et de lutte contre la corruption a présenté la stratégie nationale de lutte contre ce phénomène qui porte essentiellement sur la prévention et l'exploitation des renseignements. Ahmed Ghai, colonel de la gendarmerie nationale, a indiqué, dans une déclaration à la presse, que « 60% des élus locaux ont procédé à la déclaration du patrimoine ». Un logiciel sera mis en place très prochainement en coordination avec le ministère de l'Intérieur, qui sera chargé de recueillir les informations et de les transmettre à l'organe pour les traiter puis les conserver. « Nous avons entamé le traitement des déclarations de patrimoine des élus locaux il y a trois mois », a-t-il précisé.