La couverture médiatique consacrée aux régions du sud algérien a été au centre d'une rencontre-débats intitulée « Quelle place pour les régions du sud algérien dans les médias », organisée, hier, à Alger, par le quotidien Liberté et Media Diversity. Les participants ont tenté de décortiquer les raisons de la défaillance de la couverture médiatique. Aoumeur Bekkeli, chercheur anthropologue, a estimé que « la méconnaissance du sud algérien » par les gens du nord est à l'origine des écrits souvent négatifs qu'on trouve dans la presse nationale. « L'analyse faite sur les événements sur sud est basée sur des préjugés et est approximative », a-t-il fait observer. « Beaucoup de journaux dramatise la situation sans en mesurer les conséquences », a-t-il estimé. Pour lui, il n'y a pas de problème ethnique ou culturel dans le sud. « La standardisation de l'ignorance a créé des notions destructives », a-t-il souligné. La presse doit contribuer à « une meilleure cohésion des valeurs humaines et une harmonisation des relations », a-t-il recommandé. Interpellé sur les derniers évènements de Ghardaïa, il a affirmé qu'il a été question de créer un foyer de tension artificiel. « Il y a eu une tentative de rupture du contrat social, un plan qui date des années 1980, on ignore encore le but de ça », a-t-il précisé. Pour Fayçal Maârfia, expert en tourisme, « le sud a une place très petite, voire inexistante, dans la presse algérienne ». Selon lui, la situation dans ces régions s'est dégradée ces dernières années. Conséquence : « le sud vit un véritable isolement social » favorisé par l'échec scolaire, le manque de travail. De son côté, Abrous Outoudert, directeur de publication du journal Liberté, n'a pas écarté « la responsabilité » de la presse algérienne dans la situation de marginalisation dans laquelle se trouve le sud algérien qui, pourtant, représente 70% du territoire national. « Lorsqu'on regarde le nombre d'articles consacrés par la presse algérienne à ces régions on se rend compte que le résultat est catastrophique », a-t-il fait remarquer. Toutefois, à la décharge de la presse, il signale que ce manque d'intérêt commercial est dû notamment aux difficultés liées à l'ouverture d'un bureau dans ces régions, qui obéit souvent à des considérations commerciales et de publicité, aux problèmes de distribution et de récupération des invendus et à la faiblesse de la marge bénéficiaire. « Rien n'est fait pour inciter les médias à s'installer dans ces régions », a-t-il souligné. Cette situation a réduit ces wilayas à « une simple carte postale » évoquée lors des visites officielles pour parler de tourisme. La disparition de l'activité touristique en raison des risques sécuritaires a fait que « la situation dans ces régions est devenue peu reluisante », avec comme fait marquant « l'absence de travail pour les jeunes ». « Il a fallu qu'il y ait la marche des chômeurs à Ouargla pour se rendre compte de la réalité dans ces régions », a-t-il rappelé.