Le directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), le général-major Abdelghani Hamel, a longuement défendu, hier, la neutralité de son institution et la légalité de l'intervention des unités républicaines et de sécurité (URS) chargées du maintien de l'ordre lors de la gestion des derniers rassemblements et autres manifestations au centre du pays, notamment dans la capitale. « Les URS ont été à la hauteur de leur mission » Un point de situation a été présenté, hier, par le patron de la police lors d'une conférence de presse animée au siège de la Direction générale de la sûreté nationale. Le général-major Hamel a tenu à préciser que la police intervient dans les manifestations non autorisées sur réquisition de l'autorité administrative. En ce sens, il a souligné que « la perquisition est du ressort exclusif de l'administration ». Le directeur de la sécurité publique (DSP), le commissaire divisionnaire Aïssa Naïli, a présenté, quant à lui, les principes directeurs du maintien de l'ordre, une mission qui incombe à l'autorité administrative. « Les URS interviennent sur la base de cette perquisition », a précisé le DSP. L'autorité administrative doit d'abord sommer les manifestants de « se disperser au nom de la loi », mais cette procédure n'est pas appliquée. « Une disposition rarement observée », constate le DGSN qui déclare ne porter aucun jugement sur l'administration. Pour lui, les policiers ont été à la hauteur de leur mission lors des derniers rassemblements, notamment dans la capitale. « Nous n'avons pas fait usage de moyens conventionnels, à savoir les bombes lacrymogènes. Les interventions ont été effectuées dans le cadre du respect des droits de l'Homme. Tous les manifestants interpellés ont été soumis à un examen médical et ont été tous relâchés. Nous n'avons constaté aucune blessure ou violence », précise encore le général- major Hamel. Le chef du centre des opérations de la DGSN a fait savoir que 264 personnes dont 30 journalistes ont été interpellées lors des rassemblements à Alger. « Elles ont été toutes soumises à un examen médical et autorisées à utiliser le téléphone avant d'être relâchées », précise le responsable. Il est à signaler que la réquisition de la police a été faite par le wali d'Alger. Les services de police ont enregistré, durant la période allant du 1er janvier au 6 mars, 6 regroupements et 3 rencontres à Alger, 3 rassemblements à Tizi Ouzou, Constantine et Bejaïa. « Un manifestant conduit par des policiers reste une image désolante », déplore le DGSN qui a appelé, à l'occasion, la presse à accompagner l'action policière en « rapportant seulement la vérité ». « La police n'agit pas selon l'objet du rassemblement » A une question sur la répression des manifestants car ils étaient contre un 4e mandat pour le président Abdelaziz Bouteflika, le DGSN a été formel : « Il n'y a pas eu de répression des manifestations, je ne donnerai jamais d'instructions dans ce sens. On ne cherche jamais l'objet d'une manifestation. La police est une institution républicaine chargée de la protection des citoyens et des biens, c'est une institution neutre. » Le général-major Hamel expliquera que les instructions sont données, selon la nature du rassemblement. En réponse à une question sur la « souplesse » du dispositif policier mis en place lors du rassemblement de l'ex-candidat à la candidature, Rachid Nekkaz, il a déclaré qu'« il n'y a pas de formule unique pour la gestion de la foule, c'est en fonction du terrain ». De même, il annonce qu'une enquête a été ouverte par les services de police afin de mettre toute la lumière sur « l'affaire Nekkaz » et les résultats seront communiqués dès la clôture de l'enquête. En outre, le DGSN a assuré qu'il gère directement la gestion des rassemblements et des manifestations. « Tous les actes et les actions de la police sont suivis de très près », assure le chef de la police. Un dispositif spécial pour sécuriser la campagne électorale Un dispositif sécuritaire spécial sera mis en place en prévision de la campagne électorale qui débutera le 23 du mois en cours. « Une directive a été adressée à toutes les unités opérationnelles de la police pour prendre toutes les mesures sécuritaires afin de garantir le bon déroulement de cette échéance », fera savoir le DGSN. La levée de quelques barrages et points de contrôle au niveau de la capitale ne gênera-t-il pas la mission de la police ? « Il faut savoir qu'il y a plusieurs dispositifs de la police sur le terrain, entre autres celui de la sécurité routière. Il y a également celui de lutte contre le terrorisme », explique le général-major. En ce sens, il signale que la situation sécuritaire au niveau interne est « maîtrisée ». « Ce qui nous préoccupe, c'est la sécurité aux frontières », observe-t-il. Lors de cette rencontre avec la presse, le DGSN a mis en exergue les efforts consentis par ses éléments en matière de respect des droits de l'Homme. « Nous sommes les premiers à avoir évoqué ce sujet. » Dans ce cadre, il précise que les conditions de détention préventive dans les commissariats ont été nettement améliorées. « La prime alimentaire allouée au détenu relève du budget de la DGSN et elle est plus élevée que celle du policier. » Un centre d'instruction prochainement à Ghardaïa Le DGSN a annoncé la création d'un centre d'instruction de la police « très prochainement » dans la wilaya de Ghardaïa, qui va bénéficier également de nouvelles structures dont des brigades mobiles de la police judiciaire (BMPJ) et des sûretés urbaines à Guerrara, Berriane et Ghardaïa dans le cadre de l'amélioration de la couverture sécuritaire dans cette région. En outre, le dispositif sécuritaire mis en place au niveau de cette wilaya « va être allégé après évaluation de la situation qui s'est stabilisée », a fait savoir le DGSN.