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« La distribution est un réel handicap pour les éditeurs »
Livre - Entretien avec Samira Bendris, directrice des éditions « El Ibriz »
Publié dans Horizons le 27 - 02 - 2015

Après une longue et riche expérience dans l'édition dans plusieurs entreprises publiques et privées, vous avez fini par lancer, en 2012, votre propre boite, « El Ibriz ». Parlez-nous-en...
Après plus de dix années dans l'édition entre public et privé, j'ai décidé de lancer ma maison d'édition et de voler de mes propres ailes et je ne vous cacherais pas que le premier encouragement m'est venu des auteurs eux-mêmes que j'ai eu le plaisir de rencontrer au cours de mon modeste parcours dans l'édition. Ils voyaient en moi la personne qualifiée et de confiance à qui ils pouvaient remettre leurs manuscrits les yeux fermés. Leur confiance m'a donné... confiance, puis est venue se greffer une autre raison : décider moi-même de ce qui doit être publié et ne pas passer à côté de manuscrits intéressants mais qui n intéressent pas forcément le responsable car vous n'avez pas la même vision des choses... Là je suis libre et responsable de mes erreurs quand c'est moi qui les fais et je les assume...
Pourquoi le nom d'El Ibriz ?
J'avais lu quelque part il y a quelques années le titre accrocheur d'un livre paru au Maroc, je crois qu'il s'intitule : kitab el ibriz de Abd al Aziz al-Dabbagh, c'et un traité magnifique qui parle de soufisme et de spiritualité et le mot « ibriz » m'a interpellée, j'ai donc cherché sa signification : c'est un mot arabe qui signifie l'or pur. Cela m'a plu et le mot est resté gravé dans ma mémoire, me promettant de l'utiliser un jour. Ainsi, quand il a fallu choisir un nom à ma maison d'édition, j'ai opté pour ce nom en espérant en être à la hauteur ...
Vous œuvrez sur une scène où la concurrence est parfois impitoyable, sur quel registre éditorial vous appuyez-vous pour vous faire une place ?
Il est vrai que la concurrence - pas parfois mais souvent - est impitoyable dans le sens où elle est « égoïste et individualiste », mais lorsqu'elle est professionnelle et loyale cela peut passer... Je pense hélas que cela se passe à tous les niveaux et dans tous les secteurs et c'est navrant de voir que seul le gain facile et les intérêts personnels priment sur le métier du livre et l'amour du livre. Pour ce qui est du registre, je vous avoue que je n'ai pas pensé particulièrement à me spécialiser, je laisse mes lectures me guider vers le manuscrit qui deviendra livre et qui apportera un plus à son lecteur... Ce n'est pas forcément le plus rentable des cheminements, mais en tous cas, il me convient... Je suis contente de ce que j'ai sorti jusqu'à présent même si la commercialisation ne suit pas forcément, mais là c'est un autre problème...
Quels sont les livres qui marchent le plus aujourd'hui ?
Les livres de cuisine, le para scolaire et le religieux. Je n'en fais aucun et donc mes livres ne se vendent pas forcément bien... (rires). Le livre d'histoire aussi, il parait que ca marche, j'en ai sorti trois – des essais – mais il faut croire que pour se frayer un chemin vers le lecteur, via le libraire, c'est un peu compliqué... Il y a d'autres créneaux de vente plus intéressants, via les institutions et les entreprises parfois, mais là ça reste fermé ou restreint...
Avez-vous participé à des salons du livre tels que le Sila ou d'autres manifestations du genre ?
Oui bien sûr et c'est le plus important je dirais car j'aime le contact direct avec les lecteurs. J'ai participé au Sila d'Alger 2013 et 2014, aux salons régionaux de Sétif, Bouira, Oran, à la semaine culturelle à Tebessa avec le HCA (Haut Commissariat à l'Amazighité), à la Comédie du livre de Montpellier en 2012, au Maghreb des livres de Paris deux années de suite 2014 et 2015, et bientôt à d'autres salons régionaux à Constantine et d'autres villes, j'espère... Je veux que le livre aille vers les lecteurs où qu'ils soient et pas seulement aux Algérois car l'Algérie n'est pas Alger... Bien sûr, pour cela, il faut en être informé, et y être convié, parfois on n'entend parler d'une manifestation ou d'un salon qu'une fois commencé et c'est trop tard pour y participer ; bien sûr on ne peut pas tout faire ni être partout, d'où l'utilité de se faire représenter par autrui - un distributeur ou un collègue éditeur - dans l'un ou l'autre des rendez-vous sur le territoire national ou ailleurs.
Quels sont les obstacles que vous rencontrez en exerçant ce métier dont on mesure la difficulté ?
La première difficulté reste la distribution. Elle est intimement liée aussi au manque de librairies dans le pays... et au manque de professionnalisme des gens de ce secteur qui ne sont pas forcément lecteurs et donc se soucient fort peu de ce qu'ils doivent véhiculer comme « produits culturels ». Ils ne sont en fait à la recherche que de ce qui est plus facile à « vendre »... Il y a aussi le désintérêt du citoyen par rapport à la lecture, chose qui doit se cultiver à la base, c'est-à-dire à l'école et beaucoup reste à faire dans ce domaine et il ne suffit pas de crier sur tous les toits que « nous » avons acheté des centaines de milliers de livres destinés aux écoles et qu'en réalité les écoles ne sont même pas toutes dotées de bibliothèques, ou de construire de beaux édifices coûtant des fortunes, les alimentant parfois avec des sommes faramineuses « en catimini », mais en réalité, aucun lecteur ne passe par là car personne, ni citoyen ni écolier, n'est orienté ... Il est vrai que des tentatives d'opérations pour « faire bien » ont été menées mais hélas souvent détournées de leur bien collectif vers le bien individuel... En fait, tout est question de conscience professionnelle et d'intégrité morale, et ce, à tous les niveaux et quel que soit le secteur... Et ça fait plus mal quand cela vient d'une frange de la société qui est censée être « l'élite »...
Le paysage du livre s'est récemment doté d'un nouvel organisme régulateur, le Centre national du Livre. Comment évaluez-vous ses missions et son travail ?
C'est un organisme dont nous avons entendu parler depuis bien longtemps déjà et que nous attendions avec grande impatience dans l'espoir qu'il puisse un peu « réguler » la situation et « distiller » ce secteur qui a pris des tournures parfois chaotiques. Je ne sais s'il sera en mesure de faire cela car pour le moment rien n'a été fait à ma connaissance... Sauf si des choses se font mais sans qu'on le sache...
Contrairement à de nombreux pays, la rentrée littéraire en Algérie est maigre. Pourquoi ?
Parce qu'on ne lit pas... Parce que pour nous le produit livre n'est pas « un produit de consommation » à grande échelle ; parce que nous ne savons pas encore valoriser nos auteurs, nos éditeurs, notre littérature, notre culture ; parce que nous continuons à dénigrer nos capacités et compétences intellectuelles locales au profit de tout ce qui vient de l'étranger... Nous avons encore ce complexe de l'étranger qui fait que tout ce qui se fait là-bas est bien, que tout ce qui vient de là-bas a de la valeur et que ce qui se produit ici ne mérite pas notre attention, ni notre argent...
Malgré les efforts du ministère de la Culture, le niveau du lectorat en Algérie demeure très faible. Que peut-on faire pour redonner au livre sa popularité d'antan ?
Toute la question est là... Comment faire aimer la lecture à nos enfants, les hommes de demain ? La relève ? Sincèrement la mission est dure mais capitale au vu de ce que nous vivons au quotidien ; on prétend qu'internet et les réseaux sociaux en sont la cause, mais je ne le pense pas, le mal est plus profond. Le système éducatif doit être complètement revu et le livre doit y être intégré, l'amour de la lecture doit être cultivé chez l'enfant dès son jeune âge ; les médias aussi ont un rôle à jouer, mais il faut d'abord que le journaliste lui-même lise. Actuellement, on préfère couvrir un évènement festif que de lire un livre et en parler, ou couvrir une conférence « barbante » d'un auteur autour d'un livre, sauf si cet auteur vient d'ailleurs, et là c'est le rush !!!
Prendrez-vous part à la manifestation « Constantine capitale de la culture arabe 2015 ? Si oui, quel est le programme que vous avez tracé ?
Comme déjà signalé, mon objectif premier est d'être au contact avec les lecteurs donc les visiteurs de tout salon du livre où qu'il soit ; la manifestation de Constantine verra sans aucun doute le volet livre et édition, donc un salon du livre à Constantine et ailleurs dans d'autres villes, mon souhait bien sûr est d'y être associée. J'attendrai donc que les organisateurs nous fassent signe ; pour ce qui est de ma production, je n'ai pas cessé de publier des livres depuis la création de « El Ibriz Ed. » et je n'attends pas une manifestation quelconque pour en éditer ; je me retrouve aujourd'hui avec un catalogue d'une vingtaine de titres, j'en suis fière, mais, concrètement ce n'est pas évident de poursuivre sur cette voie sans tempérer ses ardeurs et sans équilibrer entre investissement et rentabilité ; il est vrai que c'est de l'investissement à long terme comme on dit... Pour ce qui est des manifestations comme celle de Constantine par exemple, que le ministère de la Culture initie, ce sont des initiatives assez louables dans la forme, mais dans le fond cela manque parfois de rigueur et de professionnalisme. Pour revenir donc à Constantine, oui j'ai déposé des projets d'édition comme tous les éditeurs et quatre titres ont été retenus et sortiront dans ce cadre... Et deux autres sortiront sans aide... Oui, je n'arrive pas à me défaire du virus de l'édition qui ne rapporte pas d'argent, mais qui donne cette « autosatisfaction » qui me sied bien...
Quels sont vos projets ?
Oh ! J'ai beaucoup de projets... « Des projets plein la tête » comme dirait l'autre, mais leur concrétisation reste utopique vu le manque de moyens, non seulement financiers, mais aussi et surtout par manque de solidarité et de complémentarité entre tous les maillons de la chaine du livre... Je ne sais si un jour nous pourrons tous aller vers un même objectif : le livre, rien que le livre ...
Le mot de la fin...
Je suis heureuse de faire partie du monde du livre et de l'édition et d'être atteinte de ce virus qu'est l'amour de la lecture ; je pense que chacun de nous doit faire de son mieux pour rehausser l'image de notre culture en général et de notre monde livresque en particulier. Je remercie mes auteurs pour leur confiance et leurs encouragements et j'espère que la modeste maison d'édition « El Ibriz » apportera un rayon de plus à l'édition algérienne.


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