Intervention du président Bouteflika sur les OMD, l'agriculture et la sécurité alimentaire : L'Afrique a besoin d'une croissance de 7% pour réaliser les OMD

"Messieurs les co-présidents, L'adoption des Objectifs du millénaire pour le développement en septembre 2000 a constitué une percée majeure en plaçant l'homme en tant que finalité même du développement et de la coopération internationale. L'Europe et l'Afrique avaient joué un rôle majeur dans la conception de cette nouvelle approche et sa traduction en engagements pris au plus haut niveau par la communauté internationale dans son ensemble.
Il était donc tout naturel que les OMD aient figuré, dès le 1er sommet Afrique-Europe qui s'est, lui aussi, tenu à la même période, comme l'un des axes essentiels de la stratégie de partenariat euro-africaine.
Le Plan d'action 2008-2010 est intervenu à un moment où une triple crise financière, alimentaire et climatique a eu pour effet de ralentir le rythme de progression de l'Afrique vers les OMD. Il était donc particulièrement opportun pour aider l'Afrique à mieux résister aux effets de la crise sur la sécurité alimentaire et le développement humain, et sur l'incidence de la pauvreté sur le continent.
Malgré les progrès remarquables accomplis dans le domaine de l'éducation pour tous et de la scolarisation des filles, les autres objectifs demeureront, si les tendances présentes se poursuivent, hors d'atteinte de la plupart des pays africains. Ceci souligne l'importance des efforts qui restent à accomplir par l'Afrique et ses partenaires pour combler les retards et surmonter les handicaps qui persistent dans plusieurs domaines.
C'est pourquoi le Plan d'action 2011-2013 doit être substantiel et ambitieux.
L'initiative d'inclure l'agriculture, l'eau et l'assainissement dans le champ d'application de ce plan lui confère une portée mieux en rapport avec la réalisation durable de la sécurité alimentaire et le recul des maladies. Le plan intègre aussi le renforcement de l'engagement politique et l'accroissement des engagements financiers pour accélérer les progrès vers la réalisation des OMD.
Par-delà la mise en œuvre des actions spécifiques du plan, à laquelle il faudra naturellement veiller avec soin, l'Europe peut agir de concert avec l'Afrique dans les fora internationaux compétents au service des objectifs suivants, qui tous concourent vers la sécurité alimentaire de l‘Afrique :
-la réalisation des engagements de l'Aquila sur la sécurité alimentaire et la canalisation vers l'Afrique d'une proportion adéquate des ressources attendues,
-le renforcement des initiatives pour privilégier une approche de la sécurité alimentaire tournée vers l'accroissement de la production en Afrique,
-la pleine intégration du Plan d'action détaillé pour le développement de l'agriculture en Afrique (CAADP) dans les programmes de financement et de coopération,
-la facilitation du développement du commerce intra-africain de produits agroalimentaires,
-la libéralisation du commerce agricole international de façon ciblée pour permettre à l'Afrique de réelles opportunités d'exportations, -l'inclusion, dans le cycle de Doha, de clauses de sauvegarde adéquates pour la protection de l'agriculture africaine,
-la mise en place de mécanismes de prévention de la volatilité des prix des produits alimentaires qui, ces dernières années, a eu un impact très sévère sur l'Afrique,
-intensifier la recherche agronomique plus particulièrement pour les zones tropicales et sub-tropicales et les zones arides et semi-arides,
-développer des programmes de lutte contre la désertification.
Plus fondamentalement, nous savons que pour progresser significativement vers les OMD, l'Afrique a besoin de réaliser un taux de croissance de 7 % par an.
Les prévisions à partir de 2011 sont positives puisqu'elles sont de l'ordre de 5 %, mais il faudra soutenir et accélérer encore ce rythme, ce qui est un défi pour l'Afrique et une opportunité pour l'Europe de resserrer ses liens et d'établir une coopération plus diversifiée et mutuellement bénéfique avec notre continent.