Le drapeau de la Protection civile flottant dans le ciel est rouge, sur la plage de boudouaou El Bahri, ce qui indique l'interdiction de la baignade. Les estivants présents sur les lieux ne se hasardent pas dans les eaux agitées de cette partie du littoral. Ils se sont contentés de se regrouper entre jeunes et entre familles pour admirer la grande bleue au loin. Sinon de jouer au ballon ou de parcourir la plage. Quelques enfants barbotent, sous l'œil vigilant de leurs parents, tout près du rivage jouant avec des vagues qui viennent jeter leurs dernières furies. Les éléments de la Protection civile sont présents... tranquilles. Cette désaffection n'est pas due seulement à l'interdiction de la baignade en cette journée ensoleillée et chaude. Au loin, l'eau est limpide, de près elle est noirâtre. Et pour cause : un égout se déverse dans la mer. Des odeurs nauséabondes se répandent dans les lieux mais apparemment cela n'importune guère les présents. Ils se prélassent sous les tentes louées auprès des concessionnaires de la plage. Plus loin, un dépôt d'ordures composé de tous les restes générés par les plagistes. Ce sont les 12 bénévoles de l'association nationale Touiza qui, tous les jours, de 8h jusqu'à midi, et ce, depuis le 9 août, ramassent les détritus laissés par les estivants. L'après-midi, à 13h, le camion de l'APC arrive sur les lieux pour l'enlèvement de ces amas. « Le point noir de cette action de nettoyage est l'éparpillement des couches-bébés dans tous les coins de la plage », se désole Brahim Mazari, l'animateur du groupe venu de Chlef. Les bouteilles vides délaissées par les estivants après s'être lavés les pieds à la sortie de la plage est un autre élément qui agace les bénévoles. La plage encore à l'état vierge n'attire pas la foule. Ceux qui l'ont choisie ont leur raison. « J'aime cette plage parce qu'il n'y a pas de rochers et la mer n'est pas profonde. A Corso où j'ai l'habitude d'aller, je me suis blessé à cause d'un rocher non visible », avoue un jeune venu d'Ouled Moussa. « L'endroit est beau, la plage est magnifique, c'est dommage qu'il y ait des eaux polluées qui passent en plein milieu », ajoute-t-il. Un groupe de femmes en compagnie d'une ribambelle d'enfants se dirige vers la plage avec des sacs remplis de nourriture. Elles sont venues de Reghaia par bus. « Contrairement aux plages de Reghaia, nous sommes plus tranquilles, il n'y a pas grand monde et nous passons inaperçues. La sécurité y est également et c'est l'essentiel », affirme l'une d'elle. Hamza, Brahim, Saïd, Nadir, Hassiba et tous les autres bénévoles de Touiza venus d'Ouargla, Bouira, Bejaïa, Djelfa, Alger, Constantine et Tizi Ouzou font de leur mieux pour veiller sur la propreté des lieux tout en prodiguant, à qui veut bien les écouter, des conseils sur les dangers du soleil, les risques de noyade, la salubrité de l'environnement... Dans cette plage laissée à l'abandon, il n'y a ni douches, ni toilettes, ni travailleurs saisonniers... A proximité, il n'y a ni cafés, ni restaurants, ni épiceries. Les dix locaux commerciaux faisant office de fast-foods sont tous fermés. La rouille des portes montre qu'ils sont fermés depuis bien longtemps.