Ce n'est pas une surprise. Il était attendu que la baisse des revenus liés aux hydrocarbures allait impacter le niveau des réserves de change dont la baisse a proportionnellement suivi la tendance périclitant du cours du baril sur le marché mondial. A fin juin 2014, le volume des réserves de change s'établissait à 193,269 milliards de dollars. Une année après, c'est-à-dire au mois de juin 2015, le chiffre a dégringolé à 159,027 milliards. Dans l'intervalle, soit à la fin décembre 2014, le montant est de 178,938 milliards. Depuis que le baril a chuté entraînant avec lui les ressources en devises du pays, ce sont plus de 30 milliards de dollars qui ont été puisés dans le bas de laine. Le gouverneur de la banque d'Algérie, Mohamed Laksaci a expliqué cette contraction forte entre juin 2014 et juin 2015 par « l'impact du choc externe sur la balance des paiements extérieurs de l'Algérie depuis le quatrième trimestre 2014 », soit à la période correspondant à la baisse des prix de l'or noir. Avant le gouverneur, ce sont les statistiques des douanes qui ont fait ressortir que les recettes extérieures tirées des hydrocarbures ont baissé de près de 42%, engendrant un déficit de la balance commerciale de l'ordre de 8 milliards de dollars. Pour la première fois depuis de nombreuses années, les rentrées d'argent ne couvrent pas les dépenses relatives aux importations. Mais en même temps, les mesures prises par le gouvernement pour réduire la facture des importations ont permis de réduire celles-ci de 10% pour les 7 premiers mois de l'année en cours. La campagne en faveur de la consommation du produit national a dû agir dans ce sens, par ricochet. L'assainissement enclenché dans le secteur des importations appelées aussi à se délester des dépenses superflues et à se professionnaliser, en introduisant de la transparence dans ses transactions, combinées à l'amélioration du système de collecte de la fiscalité devraient contribuer sensiblement à économiser plus d'argent. A réduire davantage la facture salée des importations. Comprimer les dépenses libellées en devises, surtout en matière de produits de consommation auxquels la production peut suppléer, fait partie des objectifs à atteindre pour amortir le déficit. La série de mesures prises pour rationaliser les dépenses publiques permettra d'engranger une économie d'argent de l'ordre de 9% en 2016, selon les prévisions du gouvernement. Le très faible endettement extérieur du pays (3,353 milliards de dollars à fin juin 2015) fait dire, par ailleurs, au gouverneur de la banque d'Algérie, abondant dans le sens du Premier ministre, que le niveau des réserves de change « reste adéquat pour faire face au choc externe ». Les réformes en cours de mise en œuvre devraient tendre, à terme, à consolider cette position. La restructuration du tissu industriel et la politique d'encouragement de l'investissement national et international mettent le cap sur cet objectif stratégique de s'affranchir des fluctuations aléatoires du baril de pétrole.