Un mot sur la librairie de l'Anep, Chaib Dzair des éditions Anep, qui vient d'ouvrir ses portes et dont vous inaugurez le cycle des ventes-dédicaces... Je suis évidemment ravi par la relance de la librairie de l'Anep, détentrice, faut-il le souligner, d'un patrimoine riche et varié. Cet heureux événement est, évidemment, rehaussé par le nom glorieux que porte désormais ce haut lieu culturel, à savoir la première femme martyre, Chaïb Dzayer, morte les armes à la main avec Badji Mokhtar. Comme auteur, je me félicite de la nouvelle configuration de cette librairie dont j'ai l'honneur d'inaugurer le programme de ventes-dédicace réservé aux écrivains, notamment les jeunes, dans la perspective d'une meilleure promotion de la lecture. Le livre reste l'instrument capital devant accompagner l'être humain. D'ailleurs, si vous me permettez la digression, je crois que des prémices d'espoir sont en train de naître concernant notre système éducatif dans lequel le livre et la culture algérienne occupent une place centrale. Et ce depuis l'installation de Nouria Benghebrit à la tête du ministère de l'Education dont les réalisations portent, il faut le dire, sur les grandes questions, notamment au sujet de la place du livre scolaire qu'elle s'est employée à épurer de tous les éléments qui ne servent pas l'unité nationale. Parce qu'il faut le dire en toute franchise : nombre d'événements, de personnages et d'héros nationaux, ont été carrément exclus des manuels scolaires. Un enseignement sélectif. C'est pour cette raison entre autres que je salue les réformes de Mme Benghebrit, ayant pour principal objectif l'« algérianité » des contenus des livres. Dans un sens plus clair, il s'agit de dire, en guise de slogan, que nous sommes tous des Algériens, que nous vivons tous dans ce pays qu'est l'Algérie que nous aimons tant. Ainsi, nous parviendrons à mettre fin au débat ethnique ou confessionnel qui n'apporte rien au développement de notre société. Je pense que l'heure est aujourd'hui de réaliser l'unité autour de l'histoire nationale. En plus de la riche bibliographie que vous présentez aujourd'hui, vous avez été l'objet d'un ouvrage, « Amar Bekhodja, l'arpenteur de la mémoire », qui vous a été entièrement consacré par votre propre fille, Khadidja Belkhodja... En effet, il s'agit d'un livre qui présente une partie de mes mémoires, notamment celle portant sur une carrière de 25 ans de journalisme au sein du quotidien El Moudjahid qui est, tout simplement, une école dans la presse. Pour vous résumer la chose, je dirai que ma fille Khadidja a publié mes mémoires de peur que je perde ma mémoire (rires). Concernant mes années dans la presse, j'ai mis en avant, entre autres, les difficultés et les déboires que j'ai vécus durant ces années dans l'espoir de faire d'accéder le lecteur à la connaissance de la pratique journalistique dans notre pays. Il y a, par ailleurs, une autre partie qui évoque mes années au centre de formation administrative où j'ai été classé majeur de promotion. A vrai dire, j'ai été prédestiné à devenir un col blanc avant de basculer dans la presse, et là je reviens sur les raisons de cette conversion. Vous avez publié de nombreux livres sur l'histoire de l'Algérie. Raison pour laquelle nous souhaitons connaître votre point de vue sur la situation de la recherche historique et les entraves dont sont victimes les chercheurs... Du haut de mon expérience dans ce registre, le tiens à le dire hautement : je n'ai pas ou très peu rencontré des difficultés que vous évoquez. A mes yeux, la question est simple : s'engager et écrire la vérité historique. En gros, j'ai toujours réussi à trouver la matière pour la réalisation de mes travaux, malgré les conditions qui ne sont pas toujours faciles, ou sinon les moyens. Celui qui est animé d'une bonne volonté arrivera sans nul doute à atteindre ses objectifs. Je ne crois pas que la seule rareté des archives puisse constituer un frein pour nous. Je trouve inadmissible qu'on continue à se lamenter sur ce point ou lorgner, par exemple, les négociations menées actuellement entre les deux gouvernements, algérien et français, sur le transfert des archives auxquelles le chercher algérien n'a pas encore accès. Il y a, à mon avis, toujours un moyen pour y parvenir. Il ne faut pas oublier, à ce sujet, que plusieurs personnes, qui ont accompagné le Mouvement national ou pris part à la Révolution, ont publié leurs témoignages qui aideront beaucoup le travail de la recherche. Quels sont vos publications futures ? Je suis actuellement sur deux projets qui verront peut-être le jour d'ici peu. Le premier est une compilation de la tragédie du peuple palestinien, depuis les massacres de 1948 à Der Yassin, jusqu'aux carnages de Ghaza en 2014. Le second concerne une grande personnalité du Mouvement et de la guerre de Libération nationale, le grand avocat et militant Ahmed Boumendjel, dont je retrace le glorieux parcours .