Onze jeunes offrent, depuis quelque temps, ce qu'aucun discours politique ne peut donner : joie de vivre d'abord, fierté d'être algérien, ensuite et sentiment d'appartenir à un ensemble national. Derrière ces drapeaux déployés, ces chants patriotiques entonnés, ces you-you lancés, ces banderoles, ces gadgets et ces effets vestimentaires arborés, trois vérités au moins font leur chemin. La première : la flamme patriotique qui a été « violentée » psychologiquement et physiquement par un terrorisme barbare qui s'est attaqué à ses symboles (moudjahidine, intellectuels, responsables politiques), n'attendait qu'une étincelle pour renaître et ... reconstruire l'algérianité de chacun d'entre nous. La seconde : le ballon rond peut non seulement « servir une nation autant qu'une victoire militaire » dixit, l'ancien président américain, mais la « cimenter ». La troisième : l'Algérien redécouvre qu'il n'est pas programmé pour les échecs et les déceptions et qu'avec le sérieux, l'abnégation et la volonté, il peut rivaliser dans son travail, avec les meilleurs. La joie exprimée par les Algériens où qu'ils soient et quel que soit leur courant politique à la vue de ces jeunes à l'œuvre, trace, pour peu que le cours sur l'amour et le respect des couleurs nationales prodigué par eux, soit assimilé, les contours d'une valorisation de notre être national. Sans plonger dans l'Histoire, il serait peut-être injuste de ne pas aligner ces jeunes sur ces autres « jeunes » destinés à de grandes carrières qui ont tout abandonné en 1958 pour rejoindre une équipe du FLN qui allait semer la fierté nationale et accélérer la reconnaissance internationale de la cause algérienne qui était barrée aux Nations unies mais réelle sur les terrains de foot, ces Fatimides qui ont construit al Qahira au 10e siècle ou ce Sheshanq, un Amazigh, promu première autorité de toute la région du Nil vers 1180 av. J.-C.