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Histoires vraies
Un discours en travers de la gorge (3e partie)
Publié dans Info Soir le 25 - 11 - 2010

Résumé de la 2e partie n Le valet de service, en recevant dans les yeux le sel jeté par Sardou, est déstabilisé. Tout le contenu des plateaux se répand sur les tapis...
La baronne Adèle garde son sang-froid. En même temps deux pensées lui viennent sous son diadème de perles et de diamants d'origine royale : «Du jus de poularde sur mes tapis persans ! Il va falloir que j'appelle d'urgence la maison Dugrenier pour qu'ils viennent les chercher et qu'ils les nettoient avant que la graisse n'ait eu le temps de sécher et de s'incruster de manière irréparable !»
La seconde pensée la ramène à la réalité immédiate : «Il y avait trois poulardes sur le plateau. La quatrième est pour le personnel. Que va pouvoir improviser la cuisinière pour remplacer ce quatrième service ? Bien sûr il y a le rôti de bœuf vert pré qui doit suivre. A moins qu'elle puisse nous préparer les bars prévus pour le déjeuner de demain...»
La baronne Adèle perçoit soudain, du coin de l'œil, une ombre fauve qui traverse le salon. Sur l'instant elle ne réalise pas de quoi il s'agit.
Ce qui a bondi depuis la grande cheminée où brûlent quelques bûches centenaires, ce sont deux lévriers, Anton et Brigand, qui dormaient hypocritement auprès de l'âtre. Les deux bêtes, pourtant régulièrement nourries, savent bien que, lors des dîners mondains, il se trouve souvent quelque âme charitable pour leur glisser un pilon de volaille. Et puis, au moment du changement de service, la cuisinière et ses aides savent aussi penser à eux.
Mais les deux chiens ne pouvaient prévoir pareille aubaine. Avant même que le plat ait été proposé aux invités, voilà qu'on leur sert les poulardes entières, avec truffes et jus, directement sur le tapis persan. Et il y a même l'accompagnement, les petits fonds d'artichaut et les pommes dauphines. Les deux lévriers, sans se poser la moindre question, sans réfléchir aux interdictions, aux punitions ni aux coups de cravache éventuels, s'élancent. Seuls comptent les effluves délicieux. Anton et Brigand se ruent donc et engloutissent directement deux cuisses de poulardes.
Pour ne pas perdre de temps, Anton et Brigand décident d'avaler d'un seul coup les deux morceaux succulents. Dame, une cuisse c'est bien, mais il y a d'autres morceaux épars sur les fleurs persanes du tapis... Anton parvient à ingérer d'un seul coup la cuisse qu'il a choisie ; Brigand, quant à lui, a moins de chance...
Victorien Sardou, devant ce remue-ménage, est resté la main en l'air. Il avait déjà en bouche les premiers mots de l'allocution «improvisée» qu'il avait écrite ce matin même sur son bureau Empire : «Mes chers amis, c'est avec une émotion bien légitime...» En voyant les deux lévriers engloutir les morceaux de poularde, Sardou, amoureux de la langue française, a soudain un doute : doit-on dire «cuisse», «cuisseau» ou «cuissot» pour une volaille ? De vieux souvenirs de la «dictée de Compiègne» où l'impératrice Eugénie fit, par le nombre de ses fautes d'orthographe, la preuve qu'elle était plus française de cœur que d'éducation, lui reviennent, incongrus. Il décide, à juste titre :
«Le cuisseau est dans le veau, le cuissot dans le sanglier, la cuisse dans le poulet.»
La baronne Adèle est perdue dans d'autres pensées. Ce verre de cristal brisé, cette tache de vin, cette pincée de sel, ces poulardes répandues, voilà tout ce qu'il faut pour faire un entrefilet à l'acide sulfurique dans la presse parisienne. Elle le lit d'avance : «Mercredi soir, jolie avalanche de catastrophes chez la très mondaine baronne de L..., célèbre par ses épaules et ses émeraudes. Victorien Sardou, le très parisien...» (à suivre...)


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