Si l?algérien n?a pas d?existence officielle, il n?en est pas moins parlé par trente millions de personnes. Il dépasse largement, en nombre de locuteurs, l?hébreu, l?albanais ou le hongrois qui, eux, sont des langues officielles. L?algérien, dans ses deux variantes, berbère et arabe dialectal, ce sont plusieurs millénaires d?histoire et de pratique quotidienne. La première est née et s?est développée sur place, il y a des milliers d?années, l?autre s?est formée au contact d?autres langues et d?autres cultures qui se sont succédé sur le sol algérien. Si la variante arabe est apparentée à l?arabe oriental, dont elle est issue, elle n?en est pas moins un système de communication et d?expression distinct, avec sa personnalité. Son fond ? on dit aussi son substrat ? est berbère et elle a intégré, au cours de siècles de contacts, une foule de mots étrangers (turcs, espagnols, italiens, français), sans compter les nombreux mots voyageurs qui se retrouvent d?un pays à un autre, sans qu?on arrive à déterminer avec précision leur origine. L?algérien, dans ses variantes berbère et arabe, c?est aussi une culture vivante et originale qui s?exprime dans un fonds commun de mots, d?expressions, d?images et de proverbes. De Tlemcen à Souk-Ahras, d?Alger à Tamanrasset, de l?Est à l?Ouest et du Nord au Sud, il y a, en dépit de la diversité linguistique, des façons très voisines d?appréhender la réalité, d?exprimer les idées et les émotions. C?est que l?algérien puise aux mêmes sources culturelles et symboliques. Cette chronique se propose de partir à la découverte de cette réalité linguistique et culturelle qu?est l?algérien. Il s?agira, à chaque fois, en prenant pour point de départ un mot, une expression ou un dicton, de relever des aspects de la mentalité algérienne, ou pour ne pas utiliser cette notion galvaudée, de comportements culturels, de conceptions du monde des Algériens.