Effarantes ! Les prises de drogue à nos frontières et provenant du Maroc. 15 tonnes par-ci, 5 tonnes par-là et dernièrement en 24 heures c'est 2,5 tonnes qui ont été «récupérées» par les éléments de la Gendarmerie nationale. La grosse prise de plants de hachich plantées dans 39 champs dans la région d'Adrar est d'autant plus effrayante que le poison est découvert en culture. Ce qui signifie que notre pays est passé à la vitesse supérieure avec le statut morbide de producteur alors que l'on s'est évertué, jusque-là, à le présenter comme territoire de transit et de consommation. Cultivé dans des terrains inaccessibles, le cannabis était donc destiné à l'exportation vers certains pays où une législation extrêmement sévère rend le coût de la marchandise très élevé, ce qui constitue une aubaine et un moyen d'enrichissement ultra rapide pour les trafiquants. Sommes-nous en train de concurrencer le Maroc qui consacre une gigantesque surface à la culture du cannabis ? Ne nous fions pas aux rapports ni aux sermons des instances internationales qui préconisent au royaume de le financer afin qu'il transforme les champs de kif en céréales ou en culture maraîchère. Il ne faut pas oublier que les bénéfices sont dix fois supérieurs et le makhzen laisse faire pour entretenir la paix sociale. En Algérie, nous ne sommes pas dans ce cas de figure, heureusement. Les surfaces consacrées à cette culture prohibée sont encore à l'état embryonnaire par rapport à notre voisin. Mais comme dirait l'autre, on y vient cahin caha et ce banditisme mortel doit être combattu avec la plus grande sévérité car la drogue a, chez nous, atteint des proportions alarmantes puisqu'elle est disponible même dans les cours de récréation des écoles. Le trafic de plus en plus important est devenu aussi l'apanage de toute la bande frontalière algéro-tunisienne qui constitue la nouvelle configuration géographique du trafic avec la zone classique de l'Ouest. La lucidité doit être de mise. Si le terrorisme au cours de la décennie noire, pour ne pas dire rouge (de sang), a énormément facilité la prolifération des dealers, cela a donné naissance à des réseaux qui étendent leurs tentacules d'Ouest en Est. Les patrons de ce trafic à grande échelle ont aussi profité du boom de la téléphonie mobile qui s'est avéré une arme redoutable dans l'acheminement de la marchandise. A chaque prise et à chaque arrestation, des téléphones portables cellulaires de dernière génération sont saisis. Si les services de sécurité annoncent régulièrement de grosses prises, il faut à juste titre supposer que des quantités équivalentes ou même supérieures ont réussi à passer à travers les mailles des filets. Il faut, par conséquent, admettre aussi que les trafiquants sont ingénieux, et une fois incarcérés, il faudra peut-être songer à les utiliser pour donner un coup de fouet à la production locale de pomme de terre et d'autres agrumes et produits de maraîchage. A Adrar, ils ont réussi à installer un système d'irrigation digne des exploitations les plus modernes. Imaginons un instant que leur savoir-faire profite à l'agriculture algérienne. C'est cela aussi les travaux d'utilité publique. Enfin de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.