Résumé de la 7e partie - Une autre photographie, prise le 7 décembre 1896, ou peu après, n'a été révélée qu'en 1993, bien qu'elle se trouvât dans les collections de la Smithsonian Institution à Washington. Devant ces précisions, et après étude des photographies, le professeur Verrill dut se rendre à l'évidence : il s'agissait bien, comme le pensait le docteur Webb, d'un poulpe gigantesque. Par comparaison avec des poulpes communs, Verrill calcula que celui de Saint-Augustine avait dû peser, vivant, entre 18 et 20 tonnes ! Ses bras devaient mesurer de 75 à 100 pieds de long (23 à 30 m) – soit une envergure de quelque 50 ou 60 mètres ! – avec un diamètre de 18 pouces (45 cm) à la base. Verrill estimait le diamètre de ses ventouses (dont aucune ne semblait avoir été conservée), comme celui de ses yeux, à une trentaine de centimètres au bas mot ! Quant à sa poche à encre, elle aurait été suffisante pour alimenter une imprimerie, Verrill ayant estimé sa contenance à 10 ou 12 gallons (une quarantaine de litres) ! A ce poulpe d'une taille et d'une masse effrayantes, supérieures même à celle des plus grands calmars Architeuthis, Verrill proposa de donner le nom scientifique d'Octopus giganteus, «le poulpe géant» : un siècle après les écrits de l'infortuné Denys de Montfort, le poulpe colossal devenait une réalité tangible ! Verrill n'excluait pas, cependant, que le spécimen échoué put, en réalité, être rapporté au genre Cirroteuthis : dans ce cas, les deux moignons postérieurs visibles sur le dessin en vue frontale seraient en fait des nageoires latérales, car ils lui semblaient trop en arrière pour des bras, à moins qu'ils n'aient été écartés de leur position d'origine lors de l'échouage. L'hypothèse d'un céphalopode proche du genre Cirroteuthis doit être envisagée sérieusement. Les céphalopodes octopodes sont en effet divisés en deux sous-ordres, celui des cirrates, ou cirromorphes - les céphalopodes à «cirres» - et celui des incirrates, les poulpes «classiques», qui en sont dépourvus. Les cirrates ont 8 bras comme tous les octopodes, mais ils ne sont armés que d'une seule rangée de ventouses (contre deux chez la plupart des incirrates), frangées de deux rangs de papilles, les «cirres». Les bras sont réunis par une membrane, l'ombrelle, qui atteint le plus souvent l'extrémité des bras. Leur corps possède deux nageoires latérales, qui font irrésistiblement penser à des oreilles décollées : elles sont donc différentes des nageoires latérales des calmars Loligo, faisant penser à un as de carreau, ainsi que de la nageoire caudale des calmars géants du genre Architeuthis, en forme d'as de cœur. Enfin, ils possèdent une coquille interne très atrophiée. (A suivre...)