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Histoires vraies
La mort au ralenti (1re partie)
Publié dans Info Soir le 11 - 07 - 2004

En 1957, le capitaine Brizuela est un vieux marin de cinquante-cinq ans, solide comme un roc. Il a bon pied bon ?il, la moustache drue coupée net, les cheveux noirs en brosse, en bon père de famille.
Nous sommes le 27 août, il est dix-sept heures. Le capitaine est sur la passerelle de son bateau. Il sort du port de Buenos Aires et s?engage dans l?immense estuaire du Rio de la Plata. Le bateau est presque aussi vieux que son capitaine. Il s?appelle le «Ciudad de Buenos Aires». C?est un vapeur de 3 754 tonnes datant de 1914. Il vomit sa fumée noire depuis quarante-trois ans dans le ciel où règne la Croix du Sud. Le capitaine Brizuela pense qu?il prendra sa retraite en même temps que le «Ciudad de Buenos Aires». On pourrait calculer son âge en comptant les couches de peinture accumulées sur ses flancs, année par année. Malgré cela, il a toujours belle allure : long de cent cinq mètres, haut de treize mètres, il emporte deux cent cinquante passagers de Buenos Aires à Conception, très haut sur le rio Uruguay. Depuis 1914, le vieux bateau contribue ainsi à peupler les terres autrefois vierges de l'Amérique du Sud.
Le capitaine Brizuela et le «Ciudad de Buenos Aires» font un peu figure de légende ; on n'imagine pas l'un sans l'autre. Or, la compagnie vient de prendre une décision inattendue. Le capitaine va partir à la retraite dans quinze jours, mais pas le «Ciudad» ; du moins, pas encore. On ne rajeunit pas un homme, mais on peut rajeunir un bateau. On a doté le «Ciudad» d'un radar perfectionné. Il est sur la plage avant, sur une colonne de métal. Les armateurs se sont dit : «Avec ça, le ?Ciudad? tiendra bien encore dix ans...» Le capitaine Brizuela a regardé avec curiosité, mais sans passion, l'installation de cet étrange et merveilleux appareil. De temps en temps, il est allé voir l'homme installé à bord du «Ciudad» pour la surveillance du radar. Tout cela ne le concerne pas tellement. C'est l'affaire du capitaine qui, bientôt, va lui succéder sur le vieux bateau.
Brizuela ne sait pas encore ce qu'il va faire de sa retraite. Sa femme est heureuse, elle l'aura plus souvent. Ses enfants mariés le pressent de s'installer au bord de la mer et de devenir pêcheur. Ça les arrangerait ; ils sauraient où passer le week-end. Pendant qu'il pense à tout cela en sortant du port, le capitaine remarque un minable chaland qui s'est mis en tête d'aller d'un môle à l'autre.
Il attrape son porte-voix et lance : «Qu'est-ce que vous faites, abrutis ? Vous allez nous couper la route !»
Au dernier moment, le chaland frôle le «Ciudad» à le toucher. A un mètre près, c'était la collision, le retour au quai, les ennuis... «A quinze jours de la retraite», pense le capitaine, soulagé. Il ne sait pas la terrible aventure qui l'attend...
Maintenant, la nuit tombe sur le Rio de la Plata. Sur l'eau, il y a des bancs de brume, dessous, des bancs de sable. Depuis le temps qu'il remonte le fleuve, le capitaine Brizuela a assisté au lent déplacement de ces bancs. Il sait qu'on peut toujours avoir des surprises. Mais l'officier en second connaît aussi les bancs. Il sait que pour les éviter, le mieux est de passer au milieu du chenal, dans les eaux profondes.
Le capitaine est allé saluer les passagers qui dînent. On lui en a présenté quelques uns, leurs visages et leurs noms sont déjà presque sortis de son esprit. Il se souvient seulement d'un Italien dont la jeune femme tenait sur ses genoux un bébé d'un an. Il y a aussi cette Française ; c'était son anniversaire et son mari a demandé du champagne. Un riche éleveur a souhaité se faire connaître. Il aurait voulu une cabine pour lui tout seul, mais il s'y est pris trop tard. Il doit partager la sienne avec un passager dont le capitaine sait seulement qu'il a une jambe dans le plâtre. Un apprenti mécanicien du «Ciudad» a aussi voulu lui présenter sa mère, une femme de soixante ans aux cheveux gris.
Maintenant, des passagers déambulent dans les coursives ; d'autres se sont étendus sur leur couchette. Pour la plupart, ce sont des éleveurs, des instituteurs et des fonctionnaires qui rentrent chez eux après avoir passé leurs vacances à Buenos Aires. Pour eux, c'est la dernière croisière d'un mois sans soucis. Toute la soirée, il y a eu des airs de guitare et le bar n'a pas chômé. (à suivre...)


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