Résultat ■ La Tunisie attend aujourd'hui lundi les premiers résultats des élections législatives, un scrutin crucial pour le pays présenté comme une lueur d'espoir dans une région tourmentée. L'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) pourrait annoncer de premiers résultats partiels dans la journée, mais elle a jusqu'au 30 octobre pour prononcer son verdict définitif. A l'issue du scrutin, le principal parti séculier de Tunisie, Nidaa Tounès, s'est déclaré optimiste. «Nous avons des indicateurs positifs selon lesquels Nidaa Tounès pourrait être en tête», a dit à la presse son chef, Beji Caïd Essebsi. «Nous ne pouvons parler des résultats de ces élections qu'une fois qu'ils seront annoncés officiellement», a-t-il néanmoins ajouté. Nidaa Tounès est une formation hétéroclite qui rassemble aussi bien d'anciens opposants au président déchu Zine El-Abidine Ben Ali que des caciques de son régime. Le parti islamiste Ennahda, l'autre favori du scrutin, au pouvoir de fin 2011 à début 2014, n'a pas voulu s'avancer, excluant «de donner des prévisions de résultats» et appelant «la classe politique à la patience». Mais le mode de scrutin — la proportionnelle au plus fort reste — favorisant les petites formations, les principales forces politiques ont d'ores et déjà souligné qu'aucun parti n'aurait de majorité pour gouverner seul. Hier, dans les bureaux de vote, l'ambiance était au beau fixe, les électeurs se félicitant les uns les autres après avoir glissé un bulletin dans l'urne et trempé leur index gauche dans de l'encre indélébile. «C'est par devoir que je suis venue voter et non par conviction dans les listes en lice», a toutefois admis Safa Helali, une enseignante de 27 ans, reflétant la méfiance de nombreux Tunisiens envers les partis politiques. Le scrutin d'hier est crucial car il doit permettre à la Tunisie de se doter d'institutions pérennes près de quatre ans après le soulèvement qui donna le coup d'envoi au Printemps arabe. Nombre d'observateurs prévoyaient une abstention importante compte tenu de l'ampleur des espoirs déçus en Tunisie. Le pays souffre toujours de profondes difficultés économiques et sociales, facteurs clés de la révolution qui chassa le président Ben Ali en janvier 2011. La Tunisie a aussi traversé une profonde crise politique en 2013, notamment en raison de l'essor depuis 2011 de groupes djihadistes responsables selon les autorités de la mort de dizaines de policiers et de militaires ainsi que de deux opposants à Ennahda. L'ensemble de la classe politique a d'ailleurs axé la campagne sur deux grands thèmes : la sécurité et l'économie. R. I. / Agences 61,8% de participation Le taux de participation aux élections législatives dans l'ensemble des circonscriptions électorales en Tunisie a atteint 61,8% à la fermeture des bureaux de vote, soit un peu plus de trois millions d'électeurs à travers le pays, a annoncé, hier soir, le président de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), Chafik Sarsar. Quant au taux de participation dans les six circonscriptions électorales à l'étranger, il a frôlé le seuil de 29%, taux qui n'est pas encore définitif, dès lors que l'opération de vote est encore en cours dans certains pays en raison du décalage horaire, selon Faouzia Drissi, membre de l'ISIE. Quelque 4,3 millions de Tunisiens avaient voté lors de l'élection de l'Assemblée constituante en 2011, remportée par Ennahda. Ghannouchi évoque ses priorités «Quel que soit le premier, Nidaa ou Ennahda, l'essentiel est que la Tunisie a besoin d'un gouvernement de coalition nationale, d'une politique consensuelle. C'est cette politique qui a sauvé le pays de ce que traversent les autres pays du Printemps arabe», a souligné dans la nuit le chef d'Ennahda Rached Ghannouchi. «Il faut renforcer la confiance dans les institutions, la démocratie», a-t-il souligné sur la chaîne de télévision Hannibal. Aucune attaque djihadiste enregistrée l Malgré les craintes de troubles, notamment d'attaques djihadistes, le vote s'est déroulé sans incident majeur. Les autorités avaient déployé 80 000 policiers et soldats pour assurer la sécurité de ces élections qui doivent désigner les 217 députés tunisiens pour les cinq ans à venir. Une élection présidentielle, la première depuis la révolution, est prévue le 23 novembre. Un processus électoral «plus que satisfaisant» Pour la mission d'observation de l'Union européenne, le processus électoral s'est dans l'ensemble déroulé de manière «plus que satisfaisante». A Washington, le président américain Barack Obama a félicité les Tunisiens pour cette «étape importante dans la transition politique historique de la Tunisie». «En déposant leurs bulletins dans les urnes aujourd'hui, les Tunisiens continuent d'inspirer les gens dans leur région et dans le monde, comme ils l'ont fait pendant la révolution de 2011 et avec l'adoption d'une nouvelle Constitution cette année», a déclaré le président américain. Les Etats-Unis, a dit M. Obama, sont engagés «à soutenir la démocratie en Tunisie» et «à établir un partenariat avec le prochain gouvernement pour promouvoir les opportunités économiques, protéger la liberté et assurer la sécurité de tous les Tunisiens». L'Algérie se réjouit du bon déroulement du scrutin «L'Algérie se réjouit du bon déroulement des élections législatives en Tunisie et du climat de sérénité et d'apaisement qui les a caractérisées», a indiqué ce lundi matin, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali-Cherif. «Elle tient à féliciter le peuple et le gouvernement tunisiens pour la bonne tenue de ce scrutin qui constitue une étape décisive dans le processus de consolidation des institutions démocratiques et de l'Etat de droit», a-t-il ajouté. «Ce nouveau succès n'aurait pu se réaliser, a-t-il dit, sans la sagesse, la clairvoyance et la persévérance de toutes les forces politiques en présence». «L'Algérie s'engage, à cette occasion, à continuer à apporter son plein soutien à la Tunisie sœur, décidément engagée sur la voie de la stabilité et de la prospérité», conclu M. Benali-Cherif.