Résumé de la 1re partie ■ Mortifiés par les méfaits de la pierre, naïvement curieux, surtout, d'en connaître le secret, les gars du pays, par un beau matin, s'acheminèrent au bois d'Escrots avec des cordes, une paire de bœufs et des leviers solides. On court chercher du renfort, l'attelage est doublé, l'assaut recommence furieux. Cette fois, la pierre, lasse de tant d'affronts, après une oscillation suprême, quitte son pivot, se déplace de quelques pouces et se condamne pour toujours à l'immobilité. Ce fut tout ! Une bande de niais venait, en une heure, de détruire l'œuvre patiente des siècles. A présent, rien n'est changé. Le roc est toujours là, énorme sur son socle de granit. Mais, ne l'interrogez plus, son âme est absente. Absente ? En est-on sûr ? Arc-boutez-vous contre la pierre ; imprimez-lui une secousse et vous la sentirez tressaillir. Un rien, peut-être lui rendrait la vie, et quelque puissant vérin, prudemment secondé par des coins mis à propos, suffirait sans doute à rétablir l'oracle. Un peu plus bas que l'église, à une centaine de mètres de celle-ci, l'oratoire présente un singulier aspect. Il est une sorte de guérite en pierres de taille ouverte d'un côté, et dont les parois latérales construites en encorbellement sont ornées de deux petites niches en accolades. On y accède par quatre marches disjointes, mais sa toiture en pinacle se compose de moellons bien équarris et d'une conservation parfaite. La croix, déposée à l'intérieur, remplace une stèle à tablette circulaire d'un usage indéterminé, provenant sans doute du château. Le pinacle lui-même était probablement amorti par une croix monumentale, car de tout temps l'édicule porta le nom de Belle-Croix. Son histoire est intéressante. Les seigneurs d'Uchon gardaient jalousement, paraît-il, dans leur chapelle, quelques ossements de saint Sébastien. Or, saint Sébastien, comme on le sait, détournait la peste. Ses statues s'étaient multipliées au XVe et XVIe siècles dans nos églises de campagne, lorsque le fléau grandissant menaçait de devenir endémique. Autun fut, à maintes reprises, particulièrement éprouvé, et les habitants se rendirent plus d'une fois, au cours du XVIe et du XVIIe siècle, en pèlerinage aux reliques d'Uchon. L'affluence était grande et l'église trop étroite. Aussi s'avisa-t-on de construire, au XVIe siècle, le petit édifice de Belle-Croix, afin que le prêtre y célébrât la messe et que tous les pèlerins pussent y assister en plein air. La chronique rapporte qu'en 1637, «sous la conduite de leur évêque, Messire Claude de la Magdelaine, 4 500 pèlerins d'Autun passèrent la planche de Mesvres» pour monter à Uchon. Et toute la région suivait l'exemple. Saint-Nizier, Montcenis, Luzy, Blanzy, Saint-Bérain, Charmoy, Arnay-le-Duc, venaient à tour de rôle prier saint Sébastien, chaque fois que la peste faisait de nouvelles victimes.