Résumé de la 3e partie ■ Fermé et interdit au public durant cinq ans, le cimetière est laissé à l'abandon et tombe dans un relatif oubli, ce qui facilite son déménagement quelques années plus tard en limitant les oppositions. L'auteur détaille même son idée : il imagine d'enduire les corps d'une sorte de résine pour ralentir la putréfaction et d'installer en sous-sol un atelier d'embaumement ou un séchoir à cadavres. La température constante en sous-sol serait judicieusement exploitée pour la conservation des corps éventuellement embaumés, technique utilisée avec succès dans les catacombes capucines de Palerme. Au-delà du seul transfert des ossements, l'auteur imagine dans un but philanthropique d'entreposer directement sous terre les corps après traitement, ce qui économiserait ainsi aux familles, les dispendieux frais de cercueil et de pierre tombale. Enfin, la santé des employés d'un tel lieu est également prise en compte : il propose de recouvrir les cadavres d'une épaisse couche de glaise ou de bitume, afin d'éviter une atmosphère trop méphitique. Après de multiples débats, le projet est finalement approuvé. Le préfet de police Lenoir envisage alors le transfert à l'extérieur de Paris des ossements contenus dans le cimetière des Innocents. L'aménagement à cette fin des carrières souterraines de la Tombe-Issoire, situées sous la plaine de Montrouge au-delà de la barrière d'Enfer au sud de la capitale, lui semble parfaitement convenir. La municipalité et les autorités religieuses décident de réaliser dès 1785 les premiers aménagements. Afin de ne pas froisser la susceptibilité de grandes familles qui possèdent des sépultures aux Innocents, un espace réservé et clos de murs, dit clos de la Tombe-Issoire, est aménagé afin d'exposer les pierres tombales ouvragées ainsi que les plus beaux monuments funéraires présents sur la rive droite. Le terrain en surface au-dessus du futur ossuaire appartient depuis le Moyen Âge à la communauté de Saint-Jean-de-Latran, qui possède déjà de longue date dans son sous-sol un caveau destiné à recevoir les corps des chevaliers templiers. Un arrêt du Conseil d'Etat du 9 novembre 1785 décide la suppression du cimetière des Innocents avec évacuation des ossements, par analogie avec les anciennes nécropoles souterraines de Rome, même si les lieux n'ont jamais servi de sépulture directe et n'ont aucun caractère sacré. Durant toute son existence, plus de deux millions de parisiens sont inhumés au cimetière des Innocents. Dès les derniers mois de 1785, les transferts d'ossements à partir du cimetière des Innocents commencent. Les ossements sont progressivement retirés des charniers ainsi que du sol, puis nettoyés et entassés à l'aide de fourches dans des voitures closes. A suivre