Résumé de la 12e partie n Un mois, entier s'était écoulé, mais rien n'avait changé. Rien du tout. La bouche en cul de poule, elle entonna une vieille scie : «Le long de la rivière.., un dimanche après-midi»... — Je ne me souviens plus des paroles déplora-t-elle. Eh, une seconde, songea-t-il. Les rivières, c'est excellent. On s'y noie. En l'aidant un peu, Sue Ellen s'y noierait, aujourd'hui même. — Chic, lâcha Ellsworth. Un pique-nique familial. Quel festin. Il sifflait en conduisant. La rivière étendait ses méandres romantiques entre des rives bordées d'arbres. S'il pouvait prendre un peu d'avance et amener leur canoë aù-delà d'une courbe, hors de vue de la famille, il pousserait Sue Ellen par-dessus bord et lui tiendrait la tête sous l'eau assez longtemps pour mener enfin sa tâche à bien. Cela lui prendrait à peine quelques minutes. Personne ne peut retenir son souffle très longtemps. Puis il desserrerait son étreinte, barboterait en tous sens, et appellerait au secours. Toute la famille assisterait à ses efforts désespérés pour sauver sa femme. Après un déjeuner copieux, Peter demanda si l'on tenait la réunion de travail maintenant, ou plus tard. — Plus tard, trancha Ellsworth. Encore et toujours plus tard. — Ah, dit Peter, devons-nous en conclure que vous avez toujours le cœur fermé aux problèmes du chewing-gum et aux soucis du directoire ? — J'ai le même cœur depuis toujours. Pourquoi en changer ? répliqua Ellsworth avec un sourire matois. Les sept membres du directoire se dirigèrent vers l'eau et montèrent dans les canoës. Agatha déclara qu'elle préférait pagayer seule. Les autres, y compris Ellsworth et Sue Ellen, s'embarquèrent par paires. Plus jeune et plus musclé que ses collègues, du directoire, Ellsworth acquit rapidement, avec facilité, une belle avance, et arrêta son esquif au milieu d'un méandre, hors de vue. II entendait les cousins rire et s'interpeller derrière les arbres. C'était bien, car il pourrait les appeler très vite. — N'est-ce pas charmant ? dit Sue Ellen, la mine rêveuse. N'était-ce pas une bonne idée ? Souriant, il acquiesça. — Je suis si heureuse que nous soyons ainsi aujourd'hui, ajouta-t-elle. Pour une fois, tu n'es pas fâché par nos affaires, ni par la manière dont nous les dirigeons. Ellsworth s'apprêtait : — Eh bien... les choses changent. On apprend. Finalement, je crois que j'ai compris ce qui se fait, ce qui ne se fait pas, et ce qu'on doit faire. Alors, au revoir, Sue Ellen. Elle écarquilla les yeux : — Mais, Ellsworth... Il se dressa avec vivacité. Mais Sue Ellen l'imita immédiatement, et ses mouvements firent chavirer l'esquif. Tous deux tombèrent à l'eau. Ellsworth n'avait pas prévu de piquer une tête, mais cela ne le découragea pas. Le choc brutal du coup d'aviron que Sue Ellen lui administra sur le crâne y parvint. A suivre