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Histoires vraies
Saint-Georges et le démon de la roulette (3e partie et fin)
Publié dans Info Soir le 17 - 11 - 2004

Résumé de la 2e partie Après avoir effectué des recherches aux archives, le colonel, flanqué de ses zouaves, fait son entrée au casino.
Un peu interIoqué, l'homme cède sa place au noble vieillard qui s'installe confortablement et sort de sa poche un bristol couvert de chiffres qu?il pose devant lui. En haut, deux dates : 3 septembre 1890 - 3 septembre 1910. Une série de six numéros semblables sont sortis à vingt ans d?intervalle, or nous sommes le 3 septembre 1930, il suffit d'attendre que sorte le premier de la série pour que cela recommence. Voilà, c'est tout, c'est aussi simple que cela. Le colonel Montgothier a passé plus de trois ans de sa vie pour aboutir à cette solution lumineuse : les grandes séries obéissent à des lois cosmiques qui se renouvellent à intervaIle régulier. Les listes de numéros gagnants lui en ont apporté une vingtaine de preuves. Il suffit de venir jouer les mêmes numéros, en respectant le même intervaIle pour avoir toutes les chances de gagner.
Ainsi, en ce 3 septembre 1930, à un moment quelconque, le 16 puis le 3, le 10, le 25, le 8 et le 20 vont forcément sortir comme ils sont sortis à vingt ans de différence, un même 3 septembre 1890 et un 3 septembre 1910.
Et le 16 sort, enfin, après quarante minutes d'attente. Le colonel, qui avait tué le temps en jouant des petites plaques sur les couleurs, échange un regard avec ses trois zouaves figés derrière lui. C'est le moment tant attendu. Après trois ans d'efforts, la récompense est à portée de la main. D'un geste un peu théâtral, Montgothier pose une plaque de 1 000 francs sur le 3, le chiffre qui, dans la série, vient immédiatement après le 16. La roulette tourne, la bille est lancée.
«Les jeux sont faits, rien ne va plus !»
La bille s'arrête, les quatre hommes retiennent leur souffle. Ça marche ! Le 3 est sorti. 36 000 francs de gagnés. Pour un peu, les trois zouaves embrasseraient le colonel sur son crâne dénudé tant leur joie est grande ! Le chef de table échange un regard inquiet avec le croupier. Le vieil hurluberlu aurait-il découvert malgré tout une martingale ? Tandis que s'empilent devant lui les plaques multicolores, le colonel, avec un flegme très britannique, glisse négligemment 1 000 francs vers le croupier : «Personnel, merci.»
Il peut se montrer généreux, il reste encore cinq numéros à sortir. Un petit coup d'?il au bristol. Après le 3, c'est le 10. 1 000 francs sur le 10.
«50 louis au 10 en plein», lance en écho le croupier.
Roulette. Bille. Autour de la table, les conversations se sont arrêtées. Les trois Marin sourient. Le colonel calcule déjà dans sa tête 35 + 35 = 70. Le ronron de la bille s'est arrêté. La voix du croupier s'élève : «34 !»
Un sabre serait passé au travers du c?ur du colonel sans lui faire autant d'effet. Derrière lui, les trois zouaves regardent sans comprendre cette bille stupide arrêtée devant le 34. Espérant une erreur de numérotage, le colonel regarde son bristoI. Pas de doute, c'est bien le 10 qui aurait dû sortir. Après le 10, c'est le 25. Essayons le 25, se dit Montgothier. Mais c'est le 14 qui sort. Un peu plus tard, dans la soirée, le 16 refait son apparition, et le colonel reprend espoir. La vraie série, c'est peut-être celle-là. Après le 16, c'est le 3, il joue sur le 3, et c'est le zéro qui sort. Le retour à l'hôtel se fait dans un silence de mort. Perdu dans ses pensées, le colonel précède ses trois zouaves de quelques mètres lorsque soudain il s'arrête, se frappe le front et explose dans une formidable colère. Mais voyons, c'est évident, la roulette est truquée ! Comment pourrait-il en être autrement ? Fou de rage, le colonel hurle sa déconvenue. Ah ! Les scélérats !
Ah ! Les salopards ! lIs vont voir de quel bois se chauffe le colonel Montgothier ? quarante ans de zouaves, quatre médailles et trois citations ! Au pas de charge, il reprend le chemin du Casino, suivi par ses fidèles troupiers.
Porté par les ailes de la colère, une haine aveugle le propulse en avant. Le Casino est déjà en vue lorsque, au carrefour, une voiture surgit. Coup de frein, embardée, choc ! Transporté à l'hôpital dans le coma, tel un héros de légende, le colonel Montgothier va mourir au petit matin. Tombé au champ d'honneur, à deux cents mètres du Casino ennemi.
Aujourd'hui encore, dans un village du Périgord, existe une famille qui raconte sérieusement que le colonel avait raison. Dans le grenier du château voisin pourrissent quelques tonnes de papier noirci de chiffres et de dates. La martingale infaillible du colonel Montgothier, mort, innocente victime de la circulation, alors que, tel saint Georges, il s'apprêtait à vaincre le démon de la roulette ou à être dévoré par lui. S'il n'y avait pas le doute en ce sujet, il n'y aurait pas de jeu !


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