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Histoires vraies
Album de famille (4e partie et fin)
Publié dans Info Soir le 21 - 04 - 2005

Résumé de la 3e partie La mère, vêtue en noir comme ses deux filles, est assise sur le banc de bois. Elle écoute attentivement les témoignages, au procès de ses deux fils.
Il y aurait donc une version des faits mise au point avant et après la mort du père, afin que chacun dise la même chose aux gendarmes. Mais Christophe a acheté le pistolet quelques jours avant le 14 juillet, il y a donc aussi, et surtout, préméditation. Le reste est difficile à prouver. Pour que la vérité se fasse jour, il faudrait que les deux meurtriers disent clairement si leur mère leur a demandé d'exécuter leur père.
Accusé par son frère d'être l'enfant chéri, Adrien, alors, se lève. Il avait dix-neuf ans quand il a tué son père, il en a vingt-quatre maintenant. Il est si pâle, on dirait qu'il va dire quelque chose... Tout le monde attend. Son avocat s'écrie qu'il faudrait suspendre l'audience. Un ange passe, emportant avec lui, peut-être, la vérité. Ce n'est qu'un malaise d'Adrien, au bord de l'évanouissement, puis le jeune homme se rassied. Rien ne sortira de sa bouche qui ne soit la version du début, celle donnée aux gendarmes : il a aidé son frère à «achever» le père pour «sauver» la mère.
La nouvelle version de Christophe, qui semble maintenant se désolidariser le plus possible du complot, est que ses s?urs l'ont travaillé toute la journée du 16 juillet pour en finir avec leur père, qu'il est allé chercher l'arme, que son frère est venu avec lui et qu'ils ont tiré ensemble. Les deux balles ? En tenant l'arme à deux mains ?
Ça ne tient pas, pour un expert. La seule chose qui tienne, c'est l'autopsie de la victime et les faits. Pas de foie d'alcoolique, 0,72 gramme dans le sang, une première balle dans le cou, reçue en position assise, une autre dans le ventre. Le revolver a été acheté trois jours avant le drame. Il faut le recharger après chaque coup... Dans cet ensemble de contrevérités, d'accusations entre s?urs, complices ou non, d'invectives de la mère contre la brebis galeuse qui a osé prendre le parti du père, ou contre la plus jeune, qui ment alors qu'on lui a offert une voiture pour ses dix-huit ans, face à celui qui clame qu'on ne l'aime pas, et à celui qui s'évanouit presque, les jurés doivent s?en tenir aux faits. Même aux petits faits incertains, même celui-ci : la compagne de Christophe dit que, lorsque les deux frères meurtriers sont revenus au camping chercher leur mère et leurs s?urs, toute la famille se serait congratulée... Ou celui-ci : la mère est allée arracher les fleurs sur la fosse commune où est enterré son mari... Lorsqu'on lui demande pourquoi, on n'obtient jamais la même réponse : «Parce que c'est la fille, la brebis galeuse, celle qui ose représenter la partie civile, qui les y a déposées» ; «parce qu'il ne méritait pas de fleurs» ; «parce qu'elles étaient fanées»... Et l'assurance-vie que la mère attend de toucher ? Et la maison dont elle a l'usufruit ? Deux fils meurtriers, et deux balles, c'est une exécution. Commandée par la mère depuis des années ? Qui pourrait prouver cela ? Ses fils ? Ses filles ? Elle. Si seulement elle voulait répondre autre chose au président que : «Il me battait, il était toujours saoul.»
24 mars 1992, jour du verdict. L'avocat général a fait tout son possible pour charger la mère, en l'affublant du surnom d'Agrippine rurale... Mais si elle n'a convaincu personne de son prétendu malheur conjugal, elle n'a pas tué. Jumeaux dans leur parricide, Christophe et Adrien auront des condamnations jumelles. Quatorze ans de réclusion criminelle pour chacun des fils. Pas de circonstances atténuantes, même pour le mal-aimé. Pas d'aggravantes, même pour le plus aimé. Quant à la mère, elle peut rentrer chez elle. Dans son pavillon, son emblème, sa puissance. Au nom de la mère, les deux fils ont tué, c'est à eux de payer. Au nom de la mère, six enfants se sont déchirés, haïs, dénoncés, monté la tête contre leur père. Un s'en est lavé les mains, en affirmant que ce n'était «pas son affaire», l'autre n'a pas témoigné. Au nom de la mère, un routier, peut-être sympa, peut-être pas, est sorti de la route, a laissé sur terre ses rêves, son compte en banque et la maison. Un seul témoin, issu de la famille, n'a pas suffi, semble-t-il, à prouver la complicité de la mère. La justice ne peut rien contre elle, sauf la trouver monstrueuse, mais en privé, dans les couloirs du palais, entre avocats, entre journalistes judiciaires, pas devant la loi. Il n'y a pas de loi contre ce pouvoir maternel, contre cette insidieuse imprégnation qu'elle a réussi à glisser dans la tête de ses enfants.
Maintenant, la mère est dans sa maison. Probablement seule, car la tribu a éclaté et les photos de famille seront difficiles à rassembler dans un même album. Chacun a le sien, différent, pour la vie. Dans l'un, papa était toujours saoul et battait maman... Dans l'autre, maman a fait tuer papa pour avoir la maison... Dans le dernier, il y a Christophe, en prison, et Adrien, en prison.


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