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Ainsi va la vie
L?impossible pardon (10e partie)
Publié dans Info Soir le 28 - 09 - 2005

Résumé de la 9e partie n Tahar est revenu chez lui, dans un état quasi comateux, pour mourir, mais sa famille l?accueille avec froideur ; sa femme refuse même de lui parler.
C?est le silence dans la grande pièce, silence entrecoupé seulement par les halètements de Tahar. Les femmes censées veiller le mourant se sont endormies, à l?exception de son épouse, Fatima, assise sur sa chaise, imperturbable, plongée dans ses pensées.
Tahar se met à geindre. Elle sursaute et se lève pour le regarder.
Tahar ouvre les yeux et leurs regards se rencontrent. Il ouvre la bouche comme pour parler, mais il ne parvient pas à articuler un seul mot. Fatima, elle non plus, n?arrive pas à parler. Alors, une sorte d?échange muet, par les yeux, se fait entre eux.
? Pourquoi ne veux-tu pas me pardonner ? disent les yeux de Tahar. Tu es donc sans pitié ? Tu n?as pas de c?ur ?
? Et toi, disent les yeux de Fatima, tu as eu pitié de moi, quand tu m?as abandonnée ? Tu as pensé à tes enfants ? A nos souffrances ? J?ai travaillé comme une esclave, j?ai subi toutes les humiliations, toutes les avanies? Et toi, tu menais la belle vie avec les Européennes !
? Tu te trompes, disent les yeux de Tahar, j?étais malheureux, moi aussi? Et puis, j?avais honte de vous avoir abandonnés !
? Tu pouvais écrire, disent les yeux de Fatima, donner signe de vie, me donner de l?espoir ! Mais rien !
? J?ai voulu revenir, disent les yeux de Tahar, mais je n?avais rien à apporter ! J?avais honte de n?avoir rien à donner à mes proches ! Pardonne-moi, pardonne-moi, supplient les yeux de Tahar, laisse-moi mourir en paix ! Je ne pourrais tenir plus longtemps !
? J?ai trop souffert, disent les yeux de Fatima.
? Aie pitié de moi, supplient encore les yeux de Tahar.
Mais Fatima s?éloigne, rejoignant sa chaise. Tahar a fermé les yeux et s?est remis à geindre doucement.
La nuit s?achève, le jour se lève. Les femmes se réveillent et s?étirent, puis jettent un coup d??il sur Tahar.
? Il est toujours vivant !
? Je vous l?ai dit, s?exclame Dahbia, il ne mourra pas, tant qu?il n?aura pas obtenu le pardon des siens !
Elle regarde du côté de Fatima, pensant la faire réagir, mais la vieille femme reste indifférente.
Peu après, les premiers visiteurs arrivent. Il y a parmi eux Mohammed, qui vient demander des nouvelles. C?est Salah qui lui ouvre.
? Alors, demande-t-il, comment va le vieux ?
? Toujours dans le même état : il reste inerte longtemps puis il ouvre les yeux et appelle sa femme et ses enfants.
? J?ai vu l?accueil qu?on lui a réservé, quand il est arrivé?
? Sa femme et ses enfants sont là à assister à son agonie, sans rien dire. Le vieux leur demande pardon, mais ils continuent à garder le silence. (à suivre...)


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