Travelling n Le festival s'est donné pour ambition de faire connaître les documentaires réalisés par 11 Palestiniennes et promouvoir un art peu accessible d'habitude dans ce pays. Un festival du cinéma dédié aux réalisatrices palestiniennes brave les violences, les bouclages israéliens et le manque de fonds pour promouvoir le septième art en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. «Il est difficile de faire des films ici», explique Alia Arasoughly, qui dirige l'association Shashat, organisatrice de ce festival, dont les activités s'étendent sur l'ensemble des territoires palestiniens jusqu'à décembre. Le festival, qui en est à sa deuxième édition, s'est donc donné pour ambition de faire connaître les documentaires réalisés par 11 Palestiniennes et promouvoir un art qui leur est peu accessible. Alia Arasoughly, une jeune diplômée en cinéma, estime que les films doivent être vus par tout le monde et pas seulement les élites, précisant toutefois que les obstacles sont immenses avec une économie palestinienne anémiée, des violences quotidiennes et une liberté de mouvement réduite. Le cinéma est une distraction rare, en dehors de Jérusalem et Ramallah. A Gaza notamment, les salles ont été brûlées au début de la deuxième Intifadha, il y a six ans, et n'ont depuis pas rouvert. Les réalisateurs palestiniens sont ainsi plus connus à l'étranger en raison des difficultés qu'ils éprouvent chez eux à lever des fonds, à tourner et trouver des producteurs et des diffuseurs. Le festival fait face à de nombreuses difficultés. Une projection a été annulée à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, en raison d'une grève générale et d'affrontements armés entre factions palestiniennes. «Pour chaque chose, vous devez réfléchir à deux fois. Tout nécessite deux fois plus d'efforts», poursuit Alia. Malgré tout, les spectateurs sont au rendez-vous. Un public nombreux a assisté aux séances, assure-elle, ajoutant qu'un film a été projeté dans le sud de la bande de Gaza grâce à un générateur en raison des pannes électriques. «Rafah a été bombardé le matin même (dans une opération israélienne) mais ils ont quand même diffusé le film l'après-midi. Pourquoi ? Parce que nous ne sommes pas des animaux», martèle Mme Arasoughly. Youssef Chayeb, un critique de cinéma, explique que certains succès récents du cinéma palestinien, comme le film Paradise Now nominé aux Oscars, ont ouvert la voie aux autres réalisateurs sur la scène mondiale. «Il existe un besoin de dire l'histoire des Palestiniens dans une langue qui peut être comprise par le monde et pas en criant», indique M. Chayeb.