Théâtre n Le drame du peuple palestinien est évoqué dans une fresque, une malhama, regorgeant d'émotion. La question palestinienne a été abordée dans Nous reviendrons à notre patrie, une pièce théâtrale présentée au Théâtre national par la coopérative oranaise Rifak el-masrah oua el-fen. Coécrite par Bouziane Ben Achour et Bachir Mensouri, mise en scène par Medjehri Lahbib, la pièce raconte les souffrances du peuple palestinien que le public ressent à travers une famille qui rêve d'avenir, donc de liberté. Alors que cette famille connaît des jours pénibles et de désarroi, les notables de la ville El-Zoudjadj, incarnés par des marionnettes, mènent une vie somptueuse et sont indifférents au sort de cette pauvre famille. Ils ne se soucient à aucun moment de ses souffrances. Ici, dans ce contexte, les marionnettes représentent les gouvernants de la nation arabe qui, face à la réalité palestinienne, demeurent insensibles à son sort. La pièce prend alors des allures de satire, voire de caricature : les dirigeants politiques sont comme des pantins que l'Occident manipule et influence. C'est une critique caustique – même si elle est, par moments, traversée par quelques soupçons d'humour – dirigée à leur encontre. «Nous avons voulu interpeller le monde arabe sur la cause palestinienne», a expliqué Saïd Bouaâbdallah, l'assistant du metteur en scène, ajoutant que «la libération de la Palestine est une mission sacrée et non un slogan creux. C'est une pièce qui nous rappelle au devoir de solidarité.» Le drame du peuple palestinien est évoqué dans une fresque, une malhama, qui, elle, fonctionne à la manière d'un schéma classique : y sont représentées trois générations, à savoir une grand-mère et tout ce qu'elle symbolise comme mémoire collective. Il y a aussi un instituteur pris dans une tourmente. Il y a enfin un jeune cireur qui campe la nouvelle génération, au présent incertain et sans avenir, une génération en ébullition et assoiffée de liberté. C'est toute la réalité palestinienne qui, depuis près de soixante ans, depuis son expropriation, se résume dans cette pièce. Une pièce qui se révèle frappante dans une mise en scène, regorge d'intensité émotionnelle et de référents symboliques ; celle-ci est rendue telle grâce à la trame scénique que le jeu des comédiens parvient à illustrer avec des expressions scéniques privilégiant la dramaturgie.